Et ainsi Vaelran

Bye, bye 2021. Bonjour 2022. Du coup, il est temps pour le Fix de se pencher sur les projets qui devraient voir le jour durant cette nouvelle année. Ainsi, si vous suivez bien votre Fix préféré, vous savez forcément que les éditions Odonata ont entrepris de se diversifier en marge de leur jeu fétiche, Insectopia. Parmi les nouveaux jeux qu’ils s’apprêtent à sortir, l’un nous a particulièrement intrigué aussi bien par son univers historique-mais-en-fait-non que sa proposition de jeu qui tourne autour de l’écriture de chroniques, il s’agit du bien nommé les Chroniques de Vaelran. Le jeu n’étant pas encore sorti, le mieux est d’aller à la source et d’en apprendre plus grâce aux bons soins de son auteur, Téo Chailloux.

1) Alors comme ça, ton jeu, ce serait un, je cite, de la Modern Hard Fantasy. Tout à fait. (…) Euh, tu sais que personne ne sait de quoi il s’agit, en fait ?

Effectivement, personne ne sait de quoi il s’agit, mais ça finira par arriver !

La vérité derrière cette appellation atypique, c’est qu’à l’époque où j’ai commencé à présenter publiquement mon univers, je n’ai trouvé aucun genre permettant de le définir. Quand on parle de Fantasy, les gens voient toujours le classique Méd-Fan, avec le célèbre « Ta Gueule c’est Magique ». Mais l’univers de Vaelran se voulait une Fantasy rationnelle et détaillée, à une autre époque que le Moyen-Age, en l’occurrence l’époque Moderne (XVème – XVIIIème). Du coup, j’ai fait de longues recherches sur les genres de l’imaginaire pour au final faire ma petite tambouille et pondre ce néologisme. Je compte pas réinventer l’eau chaude, mais au moins avec cette appellation, on peut définir les Chroniques de Vaelran de manière juste.

2 )Bon, d’accord pour le « modern ». Mais, si le jeu est très inspiré de nos 18 et 19e siècles, pourquoi ne pas avoir fait plus simplement une uchronie ?

Je le ferai peut-être un jour, si l’idée me vient ! Mais j’ai grandi en étant bercé par la fantasy, le fantastique et la sci-fi. Les films du Seigneur des Anneaux sont, et restent encore, mes films de chevet (en version longue s’il vous plaît). C’est donc tout naturellement que mes premières créations furent de la Fantasy, et j’y suis restée. C’était ça ou de la SF en vrai ! Faire une uchronie, c’est tout autre chose. Ça demande un minimum de travail de recherche historique, et on aurait été dans du Fantastique, un genre que j’aime beaucoup, mais qui m’excite moins.

Pour ce qui est du reste, j’ai voulu sortir de l’éternelle médiéval-fantasy. Après tout, pourquoi la Fantasy devrait toujours prendre place à l’époque du Moyen-Âge ? C’est presque toujours le cas, à tel point qu’on à l’impression qu’il n’existe que ça, ce qui est terriblement dommage. Du coup, j’ai choisi de faire autre chose : de la Modern Fantasy. À quand les auteurs qui feront de la Fantasy à l’époque antique ou contemporaine ? Ils existent sûrement, mais on en voit trop peu.

3) Et pour ce qui est d’un côté « hard fantasy » ? J’ai cru voir avec les illustrations du jeu qu’on pouvait jouer un nain, un homme-serpent, etc. C’est qui tous ces gens-là ?

On reste fondamentalement dans un univers de Fantasy, avec de la magie et d’autres peuples que les Humains. Mais la différence est justement qu’il s’agit de « Hard Fantasy » ! J’ai donc mis un point d’honneur à tout expliquer, en étant le plus juste, le plus rationnel et le plus crédible scientifiquement parlant. Je dis pas qu’il existe pas deux ou trois erreurs ou libertés prises, je suis loin d’être un expert, mais j’ai fait le maximum.

Comme tu l’as souligné, il existe plusieurs races au sein de l’univers, dont les classiques du genre ! J’ai pris le temps de les refaire à ma façon, en m’écartant un peu des poncifs tout en gardant l’inspiration. Les plus visibles sont celles dites « souveraine », au nombre de cinq : Humain, Nain, Elfes (divisés en trois branches), Reptilien et Draconien. Mais en il en existe bien d’autres, notamment des propres à Vaelran.

Pour aller un peu plus loin sur l’aspect Hard Fantasy, la magie dans l’univers de Vaelran est une des facettes d’une discipline scientifique plus large et très évoluée. Après, on reste dans de la Fantasy !

4) Oulah, cela m’a l’air bien compliqué tout cela. Tu as des sources d’inspiration vers lesquelles tu pourrais me renvoyer ?

Compliqué seulement si tu es comme le Barbare de Naheulbeuk.

Niveau inspiration, je me suis nourri de beaucoup de choses, donc c’est assez difficile à dire franchement. D’ailleurs assez peu de Fantasy quand j’y pense. J’ai déjà cité le Seigneur des Anneaux, mais ça qui ne l’a pas été ?

J’ai très envie de citer quelques inspirations venues du jeu vidéo, comme la licence Assassin’s Creed ou encore Deus Ex, Dragon Age et Mass Effect. Une autre inspiration plus récente serait la trilogie des Lames du Cardinal de Pierre Pevel, essentiellement pour l’ambiance, les intrigues et puis l’époque !

5) Une des originalités de la proposition de jeu, c’est qu’à la fin de chaque scénario, les personnages devront écrire l’histoire qu’ils ont vécue et ainsi raconter LEUR vérité. Peux-tu nous en dire plus sur cette mécanique de jeu ? C’est pour faire genre « je suis original » ou cela va avoir une vraie influence sur l’univers du jeu ?

Pour être précis, les personnages rédigeront la chronique de ce qu’ils ont vécu en vue de sa publication. Vous êtes des journalistes après tout, il faut bien faire des articles !

C’est donc une mécanique de fin de scénario, le petit moment de débrief de l’aventure d’une certaine manière. Les joueurs vont donc devoir se mettre d’accord sur ce que leur chronique va raconter, de qui et quoi ils vont parler, de quelle manière, comment ils vont expliquer leur présence, etc. C’est le moment où ils pourront mettre en valeur ou ternir certaines personnes, au prix d’alliés ou d’ennemis. Mécaniquement, selon le récit qui sera fait, le maître des chroniques (MJ) va leur attribuer un certain nombre de points de Chroniques, une forme d’expérience.

Pour l’influence, celle-ci sera davantage narrative et aura évidemment un impact au cours des campagnes. Après, ça dépendra des MJ, en prenant en compte les paroles des joueurs et leurs conséquences. Mais ça pourrait effectivement avoir de vraies conséquences ! Je compte raconter une histoire « canonique » de l’univers de Vaelran, mais je suis extrêmement curieux et impatient que le jeu sorte pour découvrir les uchronies, les versions alternatives que les joueurs pourront créer.

6) Mais, euh, cela veut dire que toutes les PJ sont des scribouillards ? Moi, quel que soit le jeu, je joue un Barbare avec 3 en INT alors…

Ah… Tu es le Barbare de Naheulbeuk alors… Désolé. Cela dit, tous les Chroniqueurs sont lettrés, profession oblige, et au pire, quelqu’un écrira pour toi.

En vérité non, aucune obligation à réellement écrire, la plupart du temps je demande un simple résumé oral à mes joueurs. J’avais eu l’idée de créer cette mécanique en lisant l’article d’un Casus Belli, qui parlait justement d’avoir un joueur « scribe » pour avoir des souvenirs. Séduit par l’idée, je me suis demandé « comment rendre ce concept ludique ». De manière un peu méta, ça donne l’occasion de créer de beaux souvenirs des parties, avec un journal regroupant l’ensemble des chroniques, du début à la fin.

7) Et pour le reste des règles, cela donne quoi, en fait ?

Le jeu utilise un système de réussites employant un à cinq D12. Grossièrement, un personnage est défini par 9 caractéristiques et 18 compétences. Lors d’un test, la MC décidera d’une compétence et le joueur devra définir la caractéristique qu’il utilisera avec, le choix devant refléter sa manière de faire l’action et bien sûr, être cohérent. À partir de là, la caractéristique définira le nombre de D12 lancé, et la compétence le seuil égal ou inférieur pour qu’un dé soit une réussite.

À ce système de base vient également s’ajouter un système de pari, où les joueurs pourront miser sur la réussite de leur test, sans pour autant connaître la difficulté. Cela leur permettra notamment d’engranger davantage d’expérience, mais aussi d’obtenir des bonus qui vous rendront « Flamboyant » en dépensant leur gain. Cela dit, l’échec d’un pari permettra en contrepartie à la MC de vous rendre « Misérable ».

8) Le jeu sera édité chez Odonata. Il s’agit d’un jeune éditeur qui annonce beaucoup, beaucoup de projets, en ce moment. Cela ne te fait pas un peu peur ?

Au contraire ! C’est vrai qu’au début, j’avais plutôt peur de l’approcher, car il en avait peu ; seulement Insectopia à l’époque et Oméga à peine annoncé. C’est vrai qu’on pense toujours aux éditeurs bien connus quand on cherche, mais c’est pas forcément la meilleure chose à faire. Par ailleurs, bien que ce soit un jeune éditeur, la qualité d’Insectopia n’a rien à envier à d’autres. Florent a envie de se développer et il sait bien s’entourer je trouve. C’est motivant, on a l’impression de participé à la construction de quelque chose plus grand. C’est un état d’esprit différent des gros éditeurs, plus proche peut-être de ce côté niche qu’on a dans le JdR.

Pour ce qui est des nombreux projets, ça fait ressentir cette volonté de grandir. Je sais pas tout, mais je pense que c’est suffisamment réfléchi. Ce ne sont que des projets originaux, avec beaucoup d’idées et je suis sûre que les rôlistes aimeront ça.

9) Tu peux nous faire l’article un peu ? Il y aura quoi dans ce foulancement ?

Un livre de base ! Comment ça, c’est évident ? Plus sérieusement, déjà le LdB contiendra toutes les informations de base nécessaires à la compréhension de l’univers, ainsi qu’une campagne pour mettre les pieds dans vos premières chroniques.

Pour ce qui sera des à-côtés, on réfléchira pour proposer un recueil de scénarios écrit par la communauté comme Odonata l’a déjà fait. J’aimerai aussi beaucoup quelques accessoires et aides, notamment des jetons pour les points de Chroniques qui servent lors des paris. Une grande carte du monde serait géniale aussi. À voir pour des accessoires un peu plus guidés, j’aime beaucoup ce genre de choses et j’aimerais bien qu’il y en ait.

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