Plein phare sur FAAR

Pour ceux qui ont comme résolution pour cette rentrée de se mettre aux langues, le Fix a pensé à vous. Non on ne va pas vous parler d’un jeu ou d’un setting sur la Grande-Bretagne suite au décès de la Reine. Même s’il s’agit bien d’un jeu qui nous vient d’ « outre- », (mais ni d’outre-Manche ni d’outre-tombe) c’est ici plutôt outre-Rhin : FAAR, enfin plus exactement Das versinkende Königreich – Rollenspiel in der Welt von FAAR.

Les fans de fantasy dans la langue de Goethe auront reconnu avec FAAR le monde développé par Christian Günther dans ses trois romans (et une nouvelle) qui s’inscrivent dans la mouvance Sword & Sorcery oldschool. Pour les autres, le titre renvoie plutôt à une inspiration calorique bretonne. L’auteur s’amuse souvent à présenter FAAR comme du « Lovecraft avec des haches ».

Pour être un peu plus précis il nous propose donc un monde fantastique, sombre et sordide dont le royaume principal a très longtemps souffert des forces de la nature (non ce n’est pas du post-apo… quoique) et est désormais dirigé par une confrérie plutôt secrète qui a la main-mise sur LA ressource vitale : l’eau. C’est dans ce décor que Christian Günther a planté ses romans et qu’il a, sous la pression des fans, décidé de développer un setting pour un jeu de rôle.

Pour l’instant ce jeu de rôle n’est pas encore totalement finalisé, mais l’auteur a déjà partagé un PDF de 50 pages (version alpha0.2) afin d’avoir les retours de ceux qui se seront penchés dessus et ainsi enrichir son travail de leurs commentaires. Les illustrations, ainsi que les textes, ne sont donc pas définitifs bien sûr. L’univers qui y est décrit, vous vous en doutez, ne respire pas la joie de vivre. Il reste aussi assez humano-centré, donc pas d’elfes, d’orcs, de nains, pas de bêtes sauvages ou de dragons. Cependant les monstres sont bien présents, mais viennent plutôt des rangs des morts-vivants, des esprits et des (Lovecraft oblige) créatures marines. L’eau corrompt tout ce qu’elle touche à moins qu’elle ne soit bénie par la fameuse confrérie.

Seule l’eau bénie apporte la vie et apaise la soif. L’eau ordinaire des rivières apporte la corruption, permet aux germes de la mer de se développer chez les habitants. Celui qui porte la marque de l’océan se transforme lentement en une créature des profondeurs.

Ainsi les habitants de Faar doivent faire face aux créatures surgies des océans, à des animaux ayant subi d’horribles transformations (on vient de vous dire qu’il ne fallait pas boire l’eau de la rivière) ou une forêt entière sous l’emprise d’une malédiction démoniaque. Mais comme l’auteur le précise si c’est trop sombre pour vous, il suffit de virer ce qui ne vous plaît pas, après tout comme il le souligne Faar et les événements qui s’y déroulent ne sont que des légendes, rien n’est vrai ou n’a vraiment eu lieu, n’est-ce pas ?

Dans cette version alpha du JdR, une mécanique simplifiée est proposée afin de pouvoir y jouer rapidement. Mais en fait l’objectif est surtout de fournir un univers qui pourrait être motorisé avec n’importe quel système.

Dans cette première mouture vous trouverez donc tout ce qu’il vous faut pour plonger (euh non pas plonger faut éviter à moins de vouloir tâter le fer des paladins de la confrérie) dans Faar. Après l’introduction, le chapitre suivant nous plonge dans les règles avec la présentation des 6 attributs (Force, Constitution, Dextérité, Intelligence, Intuition, Charisme) et de 14 compétences qui vont de la diplomatie au lancer, bah oui en allemand c’est dans l’ordre alphabétique mais là… Les jets se font au d20 sous la compétence ou l’attribut si pas de compétence particulière concernée. Pareil pour les combats l’attaque est réussie si le lancer est inférieur à la valeur de la compétence (ou la force en cas de combat rapproché, la dextérité pour les combats à distance). La différence entre le lancer et la valeur d’attaque va venir se soustraire au jet de défense constitué de la somme de la constitution, la dextérité et l’intuition divisée par 2. Ensuite les éventuelles armures et autres protections viennent minimiser les dégâts qui vont différer selon l’arme utilisée. Du basique mais si cela ne vous convient pas, libre à vous de remplacer tout ceci pour y greffer votre système préféré.

Par contre comme tout jeu qui intègre une composante un peu horrifique à la Lovecraft, Faar le JdR intègre une jauge d’horreur qui, en fonction des épreuves que les joueurs vont traverser, peut entraîner un effet nul, jusqu’à un délire de persécution (selon le résultat obtenu au jet d’horreur). La partie règle se termine avec un chapitre qui présente quelques classes de personnages (15) et les bonus de compétences et autres particularités qu’elles octroient.

Le quatrième chapitre, intitulé Histoire, est de loin le plus intéressant. On y découvre comme son nom l’indique (comme quoi c’est bien fait) l’histoire du monde, son opulente richesse fondée sur l’exploitation de l’or, suivit du premier effondrement avec la rébellion des esclaves. Sur ces cendres une deuxième civilisation a vu le jour qui a dû faire face à un acharnement des éléments et un enchaînement de catastrophes naturelles avant de voir surgir des océans d’étranges créatures. Le monde de Faar est ensuite décrit, ses cultures, régions, géographie, croyances, etc. Une fois le décor planté, il faut le peupler et c’est ce qui est présenté dans la partie suivante, en n’oubliant pas les créatures étranges et les effets de la marque de l’océan ainsi que les esprits. Après les us et coutumes de la région c’est au tour de la confrérie d’être présentée, ceux qui ont la main sur le robinet.

Alors je dois me mettre à l’Allemand ou pas ?

Bah à vous de voir mais la proposition est très intéressante. À moins de se plonger dans les romans, un francophone pourra peut-être regretter le manque de matière afin de complètement s’immerger (non pas dans l’océan) dans le monde de Faar. Attention cependant, car il s’agit ici encore d’une version alpha seulement donc le contenu a encore largement le temps de s’étoffer. À noter qu’un scénario sera bientôt disponible pour se lancer dans Faar. Et puis un petit combo romans + jeu de rôle reste une motivation suffisante pour se plonger dans l’apprentissage de l’Allemand.

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