Il est temps de rôler de ses propres ailes

Oui, c’est ce que se sont dits Laura et Jérémy, les deux têtes pensantes d’un nouvel acteur du marché des JdR francophones, Collective Adventures. Du coup, ils ont mis leurs idées en ordre pour créer ensemble Roletime, un étrange OVNI ludique qui ressemble à un jeu pour enfants sans en être un et qui a un look de jeu de plateau tout en étant un authentique JdR. Le tout est actuellement en foulancement. Ce dernier vient tout juste de franchir la barre des 100 % mais il reste encore beaucoup de temps pour faire gonfler la cagnotte. C’est en tout cas ce que Laura et Jérémy vont tenter de vous convaincre de faire en répondant à nos redoutables questions.

  1. Des cartes à jouer, des petits plateaux… on est d’accord que c’est quand même plus un jeu de plateau qu’un vrai JdR, pas vrai ?

Laura : Tu n’es pas très loin de la réalité, on a pensé ROLETIME comme un kit d’initiation pour les rôliste en devenir tout en proposant une expérience riche pour les plus vétérans. Les cartes permettent une prise en main beaucoup plus simple, évitant aux joueurs et joueuses de mémoriser leurs actions, pouvoirs et autres équipements. On a également fait des fiches de personnages épurées et simple avec juste le nécessaire pour incarner facilement son personnage.

Jérémy : On a conservé le principe de Meneur ou Meneuse de jeu, on a d’ailleurs souhaité faciliter ce rôle au maximum, en proposant des épisodes prêts-à-jouer, découpés en scènes et qui ne nécessitent que très peu de temps de préparation : environ 10-15min. Il est même possible de changer de MJ entre chaque épisode, il suffit juste de ne pas se spoiler l’épisode suivant !

  1. Aaaah, d’ailleurs, ouf, je viens de voir qu’il y a des D20, des niveaux et des objets magiques. En fait, vous êtes des joueurs de D&D comme les autres, hein ?

Jérémy : Coupable… Je fais du D&D depuis plus de 20 ans maintenant, j’ai commencé sur une version altérée de la première édition de D&D où on jouait principalement avec 3D6. On y passait tous nos week-ends avec mon groupe de copains. Depuis j’ai testé pas mal d’autres système et settings par curiosité, et je dois dire que ma préférence est sur le système de Warhammer Fantasy 4e pour le moment.

Laura : J’ai de mon côté découvert le JdR avec Jérémy il y a 10 ans maintenant, et évidemment notre première campagne était du D&D. Pour nous c’était sentimental de conserver le D20 pour cette première boite de jeu. C’est aussi le système qui nous a semblé être le plus accessible pour le plus grand nombre. Le D20 est aussi hyper emblématique dans la pop culture, on trouvait dommage de passer à côté.

  1. Dans les paliers à atteindre, je vois qu’il y a un scénario spécial enfants (…) ah mais, en fait, ce n’est pas déjà un jeu pour les enfants ?!

Laura : C’est un jeu qui se veut pour toute la famille je dirais, mais en dessous de 10 ans je pense que le système et la durée des épisodes n’est pas adaptée. On joue, certes dans un univers onirique et fantastique, mais il faudra faire preuve de pas mal de réflexion et de tactique pour parvenir à déjouer tous les dangers d’Aristée !

Jérémy : On a voulu quand même proposer une expérience pour les plus jeunes, parce qu’il nous semblait important de les impliquer, d’autant qu’ils sont une génération particulièrement touchée par les conséquences du changement climatique. C’est pour ces raisons, qu’en exclusivité pour notre lancement sur Ulule, on propose un épisode pour les 6-10 ans, qui se joue comme un « Livre dont vous êtes le héros », raconté par un adulte qui fera office de MJ, pour quatre enfants prêts à sauver « La Reine des Ruines Oubliées ».

Laura : L’écriture jeunesse n’étant pas notre spécialité, on a préféré s’entourer des meilleurs pour nous aider ! Jérôme Attal a écrit plusieurs ouvrages récompensés, dont des « Livres dont vous êtes le héros » destinés aux plus jeunes. C’est lui qui a écrit cette aventure spéciale autour des fourmis d’Aristée, en partenariat avec l’école d’écriture Les Mots.

  1. C’est mignon les ch’tites abeilles et tout mais, à la maison, mes affreux préfèrent les orques et les nains avec des haches à deux mains. Je leur dis quoi pour les convaincre de jouer ?

Jérémy : Alors rassure toi, on a beau jouer des insectes qu’on peut trouver dans le jardin, l’univers que l’on propose suit les principaux codes des aventures d’héroïque fantasy. Tu peux aussi bien y jouer un Guerrier muni d’un bouclier et d’une masse de combat qu’une Sorcière lançant des projectiles magiques ou des boules de feu ! La liste des équipements aurait également de quoi rendre jaloux un collectionneur Gobelin, avec Arc long, Rapière et autre Cape de Furtivité…

Certains des prédateurs les plus dangereux d’Aristée n’ont rien à envier aux Dragons et autres créatures légendaires d’univers plus classiques. En seulement 5 épisodes, on propose un bestiaire aussi varié que dangereux et avec son lot de créatures attendues, mais aussi son lot de surprises. Il faudra faire preuves de courage et d’habileté au combat pour venir à bout des plus coriaces d’entre elles.

  1. Quand vous dîtes « pour impacter le monde », c’est juste un argumentaire commercial ou bien les joueurs vont pouvoir vraiment changer le monde du jeu ? En 5 épisodes de 60 à 90 mn, cela risque de leur faire court, non ?

Laura : En jeu, les actions des joueurs et joueuses vont avoir un réel impact sur l’évolution des épisodes et le dénouement de ceux-ci. Difficile d’en dire d’avantage s’en trop en révéler ! Ce qu’on peut déjà vous dire c’est qu’il faudra faire des choix qui entraineront des conséquences directes sur la suite des épisodes et la stabilité de la région.

L’autre impact dont on parle via cette boîte de jeu, c’est un impact réel sur le monde qui nous entoure. Nous avons conçu le contenu du jeu avec l’aide du Laboratoire d’Eco-Entomologie –l’étude des insectes avec un objectif écologique– afin d’aborder les problématiques concrètes auxquelles font face les populations d’insectes en France. Le laboratoire a conçu un guide pédagogique en complément du jeu, dans lequel les joueurs et joueurs peuvent aller plus loin et découvrir la réalité derrière la fiction.

Pour nous l’objectif est simple : créer de l’empathie envers ces petites bêtes souvent traitées comme des nuisibles. Si lors du prochain barbecue de famille un joueur, ou une joueuse, ayant incarné une guêpe ou une mouche sur plusieurs soirées, se pose la question à deux fois avant d’utiliser sa tapette électrique, alors on aura gagné !

  1. En ce qui concerne les règles, on voit donc qu’il y a un D20 mais aussi des cartes à jouer pour se constituer un deck. Comment arrivez-vous à concilier les deux ?

Jérémy : Le D20 permet de réaliser des Tests de compétence de façon assez classique. On lance le dé, on ajoute son score dans la compétence testée, et en fonction du résultats total le Test est réussi, ou non. C’est un système facile à comprendre et assez rapide pour ne pas perturber la narration.

Concernant les cartes, il en existe de 3 sortes. Les cartes Équipements sont limitées à deux par personnage, et ce sont elles qui déterminent, avec un système de mots-clés, les actions possibles. Les cartes Objets, sont des objets à usage limité, partagés par le groupe, telle une Potion de vie. Enfin les cartes Actions représentent les pouvoirs et capacités d’un personnage et sont directement définies à partir des Compétence et des Équipements d’un personnage.

La plupart des actions nécessite un jet de D20 pour être résolues, et utilisent une jauge qui permet de définir les effets selon le score obtenu. Par exemple, une action Frappe avec une Arme de mêlée, fera entre 3 et 8 dégâts selon le résultat total obtenu avec le D20 et les éventuels bonus du personnage.

  1. Votre structure éditoriale s’appelle Collective Adventures mais vous vous définissez, je cite, comme « studio d’édition de jeux d’aventure à impact ». Vous trouvez que « éditeur de jeu de rôle » ça sonne mal ou quelque chose m’a échappé ?

Laura : Même si nous sommes convaincus que le jeu de rôle est le jeu ultime de part ses valeurs et son développement de l’imaginaire collectif, on n’est pas fermé à l’idée de proposer demain d’autres types de jeux qui reprennent l’essence du message porté par notre studio : narration, collaboration, créativité et apprentissage !

  1. Vous vous revendiquez en tant qu’acteur de l’Economie Sociale et Solidaire mais, concrètement, cela se traduit comment pour vous ?

Laura : Cela n’avait pas de sens pour nous de se lancer dans cette aventure sans prendre par aux enjeux qui nous entourent et nous tiennent à cœur, que ce soit sociales, sociétales ou environnementales. Être acteur de l’économie social et solidaire c’est se fixer une mission sociale, inscrite dans les statuts de l’entreprise que nous créons.

Parmi nos obligations en tant que structures de l’ESS, nous devons créer un comité pluridisciplinaire dont l’une des missions est notamment de veiller à ce que les décisions stratégiques liées à la vie de la société soient en adéquation avec notre mission sociale.

De plus la mention ESS implique des règles de gestion d’éthiques comme des salaires plafonnés pour les dirigeants ou des limitations sur les dividendes versés aux actionnaires, s’il devait en avoir un jour.

  1. L’anglais dans le nom du studio, c’est pour faire genre ou bien vous avez des ambitions internationales ?

Jérémy : Franchement ça claque plus quand même non ? Plus sérieusement nous avons déjà des ambitions internationales si tout ce passe bien sur cette première boite de jeu, avec des traductions et déclinaisons possibles. L’anglais est aussi une langue très utilisée dans l’univers du jeu et qui nous permet de reprendre des codes connus par les joueurs et joueuses.

  1. Et donc, justement, vous travaillez sur un futur projet actuellement ?

Laura : On a plein d’idées et encore plus d’envie, mais pour le moment nous voulons rester concentrés sur cette première boite ROLETIME. On envisage des déclinaisons autour de l’univers de La Plaine des Bourdonnements, et pourquoi pas une prochaine thématique sociétale dans le futur…

https://fr.ulule.com/roletime/

https://www.collective-adventure.com/

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