L’ Éveil du Maître du Donjon

Ami rôliste, cher lecteur, permettez moi, une fois n’est pas coutume, de quérir votre indulgence, car c’est la première fois que je « critique » une bande dessinée.

Quand il s’agit d’un jeu de rôle, j’ai des attentes et un cahiers des charges simple : règles et explication clair, univers riche ou original, thème bien rendu, visuels qui flattent la rétine, édition soignée, scénario travaillé ou, encore plus simple, pour savoir si un jeu est mauvais ou non, je me pose la question : est-il narrativiste ou pas ? (roooh, blague ^^^)

Dungeons & Dragons revient sur le devant de la scène : une 5ème édition plébiscitée par la critique (et dont le triptyque de base vient de se conclure en français chez Black Book éditions), un livre, sorti fin 2017 et édité par Oh My Game, qui raconte l’histoire de D&D et maintenant cette bande dessinée qui apporte aussi sa pierre à l’édifice. Un édifice historique.

L’éveil du maître du donjon est une bande dessinée éditée aux édition Glénat et dont la sortie est annoncée pour le 14 mars. Elle se compose de 144 pages noir et blanc au format cartonné : 17,5 x 24,8 cm. Voilà pour la partie technique.

Attaquons nous maintenant à l’essentiel, à ce qui nous intéresse ici : l’histoire de Dungeons & Dragons. Jet d’initiative.

La passion du jeu

L’ouvrage est composé de 9 chapitres couvrant une période allant de 1938 (naissance de Gary Gygax) à 2014 (sortie de la 5ème édition au USA). Traiter de 70 ans d’histoire en 144 pages, c’est peu. Vous vous doutez bien que de nombreux sujets sont par conséquent survolés. Mais pour autant, la lecture de la bande dessinée reste passionnante (on est en droit de se poser la questions : a-t-on vraiment besoin d’aller dans le détail ?).

Le premier chapitre est une introduction à l’ouvrage et au jeu de rôle en particulier. Très bien faite, elle permet de rendre cette bande dessinée accessible à tous : aux rôlistes, ayant soif de culture, comme au curieux ludique. Si vous souhaitez vous faire un avis, vous trouverez un aperçu de ce premier chapitre sur le site de bdgest.

Les chapitres 2 et 3 se consacrent respectivement à la vie de Gagy Gygax et de Dave Arneson. Petite particularité dans le style narratif, leur histoire est racontée à la deuxième personne du singulier. Comme si une voix off, celle du maître du jeu, nous racontait notre background.

Le chapitre 4 aborde le début de D&D et le lancement de sa maison d’édition : TSR.

Petite parenthèse dans le monde de D&D, le chapitre 5 parle de l’émergence informatique et de l’influence qu’à eu Dungeons & Dragons sur de nombreuses productions ludiques (Ultima) ou sur des styles de jeu qu’il a inspiré (les MUD).

Le chapitre suivant traite de l’affaire James Dallas Egbert III. Un étudiant qui a disparu en 1979 et qui pratiquait le jeu de rôle. S’ensuivit une stigmatisation du jeu de rôle. Nous avons connu en France à peu prêt la même chose avec l’affaire des profanations des cimetière juifs de Carpentras, appuyé par Mireille Dumas et son émission « Bas les masques ».

Ceci étant, pour en revenir à Dungeons et Dragons, ce fut finalement un excellent coup de pub.

Ce qui nous amène au chapitre 7 dans lequel on constate que l’aspect financier prend le dessus sur le plaisir ludique.

L’avant dernier chapitre parle des descendants de D&D (la prolifération des jeu de rôle et des univers abordés) et de TSR (Steve Jackson Games, White Wolf), le rachat par Wizard of the coast et la concurrence des jeux en ligne (Blizzard).

Le dernier chapitre évoque la mort de Gary Gygax et de Dave Anderson.

L’ouvrage se conclut par une postface très touchante de François Marcela-Froideval.

Une image vaut mille mots

Une fois sa lecture terminée, vous en serez plus sur Gary Gygax, Dave Arneson et sur l’influence qu’a eu D&D sur le monde ludique. Vous aurez une connaissance générale de ces 70 ans d’histoire. Et, à l’instar du livre de Fabrice Sarelli édité chez Oh My Games, l’ouvrage se consacre à la version américaine de l’ancêtre (ce qui est moins surprenant puisque les auteurs sont américains et que Glénat propose ici une traduction de la bd sortie en mai 2017).

Cette bande dessinée-documentaire atteint-elle son objectif ? La réponse est clairement OUI.

Même si elle n’est pas « parfaite » (parfois, la narration va tellement vite dans l’enchaînement des points abordés qu’on a un peu du mal à suivre), sa narration claire et accessible, appuyée par un dessin évocateur font qu’après quelques minutes de lecture on connait l’histoire de Dungeons & Dragons et de Gary Gygax. Mieux, les auteurs arrivent à faire partager, à travers leurs planches, la passion qu’avaient Gary Gygax et Dave Arneson pour le jeu.

Une passion communicative qui donne furieusement envie de se refaire un bon vieux donj’.