Le retour de Yggdrasil

Aaaah, enfin. C’est vrai que depuis que A.K.A. Games multiplie les foulancements, on n’avait plus trop de nouvelles des gammes du 7ème Cercle (…) Ah mince, on me glisse à l’instant que, en fait, on n’en a toujours pas. Là, il s’agit d’un éditeur francophone que seuls les vétérans identifieront : oui, l’éditeur de l’éphémère Ji-Herp. Cela dit, malgré la mode des reboots, il ne s’agit pas de ressusciter Ji-Herp mais de lancer un tout nouveau jeu, Darkrunes, actuellement en foulancement sur Ulule. Interview.

 

1. Ah tiens, un revenant ! Ça fait plaisir : tu peux te présenter succinctement à nos lecteurs ?

Si je colle ma bio du Grog ici, ça va se voir ?! Oui. Bon, tant pis.

Rapidement.

J’ai passé la quarantaine, je bosse dans une grosse boîte Allemande, ach, et la passion du jeu de rôle m’a volé mon âme il y a presque 30 ans.

A l’âge de 20 ans j’ai fait une incursion rapide dans le milieu professionnel de l’édition avec Yggdrasil et le jeu Ji-herp. Malgré les bons conseils de quelques membres d’Asmodée et de Multisim (encore merci à eux), la boite n’a pas eu le temps de prendre son envol. Donc plutôt que de se mettre à mal nous avons fermé Yggdrasil.

Mais la passion est restée aussi forte et, voilà, 20 ans plus tard j’ai envie de retenter ma chance dans le milieu.

Entre temps j’ai pris en maturité et en compétences.

2. Alors, dans Darkrunes, on a des Gaulois qui deviennent des Francs, l’Empire Minoen, Rome capitale des Étrusques… oh pinaise, toi, tu as séché tes cours d’Histoire au collège, pas vrai ?

On ne peut pas jouer aux jeux de rôle sans prendre quelques risques, comme celui de sécher les cours d’histoire de France au profit de l’histoire des Jeunes Royaumes ! Ou, encore, les cours de géo, pour découvrir la Contrée. Il faut faire des choix.

Alors oui, hein, on a joué avec l’histoire. Si nous étions les premiers à l’avoir fait, ça se saurait.

3. Tu présentes d’ailleurs Darkrunes comme une, je cite, « uchronie anachronique » sur trois périodes successives. OK. Mais en jeu, ça sert à quoi tout ça ?

Le but premier est de donner à chaque table et chaque meneur le choix de son ambiance de jeu. Plutôt « celto-viking » antique dans la première. Façon fin du monde fantastique dans la seconde et plus « héroic-fantasy » dans la dernière.

De nombreux jeux sont jouables à des époques différentes avec des contextes différents. Nous l’avons, peut-être, mis plus en avant en avant.

4. Si j’en crois la fiche de perso de… euh… 4 pages, je pense qu’on peut dire que tu aimes les systèmes de jeu velus, non ?

Oui et non. Je suis plus simulationniste que narrativiste, il est vrai (même si j’ai beaucoup aimé maîtriser Trémulus). J’aime les jeux où le système a un sens et donne du corps au personnage, plus que ceux qui laissent trop de choses entre les mains et le charisme du joueur. Mais, j’ai du mal avec les systèmes qui multiplient les micro-règles (et pourtant j’ai beaucoup joué à DD3.5 et Pathfinder).

J’ai donc cherché un juste milieu.

D’ailleurs un de mes systèmes préféré est celui du D100. On ne peut pas dire qu’il soit « velu ».

5. Je me suis laissé dire que tu avais eu l’occasion de playtester ton jeu avec le Sensei Jérôme Larré. Il t’a donné des bons conseils ou il a juste pourri tes parties en essayant de vendre des exemplaires de Jouer des parties de JdR aux autres joueurs ?

Jérôme est un gars génial (mais il ne faut pas trop le lui dire, hein ^^) et les personnes qui ont « playtester » le jeu avec lui le sont tout autant.

Oui, il a été de très bon conseil sur plein de sujets. Plus que cela, il a influencé des changements importants dans le système. Mais, je ne les ai pas, absolument, tous suivis. Une chose que je trouve très importante dans le jeu de rôle c’est l’âme de (ou des) l’auteur(s). Actuellement trop de jeux sont trop formatés et, à mon humble avis, perdent de leur magie. Voilà pourquoi certaines choses n’ont pas bougé dans le jeu, malgré certains conseils. Après on aime ou on aime pas, c’est à chacun de voir.

6. Tu essayes en ce moment même de foulancer ton jeu sur la plate-forme Ulule. Pas trop dur quand on est un p’tit nouveau ?

Je trouve la question un peu étrange, car justement le financement participatif est, il me semble, le moyen de lancer les « p’tits nouveaux », les startups quoi !

Sinon : rhalala, c’est la croix et la bannière. Tout le monde a un avis sur tout, tout le monde aurait fait mieux…, bref.

Bien entendu tous les retours sont plus qu’appréciés, mais il faut avoir les nerfs solides pour faire le tri. Alors, pour un gars du Sud comme moi, c’est chaud 😉

C’est énormément de travail, mais Jérôme m’avait briefé là-dessus (je vous ai déjà dit qu’il est formidable comme gars ?! :p ), donc pas d’excuse.

Par contre, cela nous permet de faire la connaissance avec plein de gens géniaux. Déjà, tous nos contributeurs (on vous aime) et puis toutes les bonnes âmes qui nous aident et nous soutiennent, aussi bien sur le site de financement que sur les forums et ailleurs (merci à vous).

7. Qui plus est, tu as l’intention de financer toute une gamme avec plusieurs suppléments : pas trop ambitieux, tu crois ?

Il faut de l’ambition si on veut aller au bout des choses. Après, il faut trouver un juste milieu. Aujourd’hui, plus qu’hier, les joueurs veulent du contenu, ils veulent des gammes et pas des jeux isolés.

Et puis, qui dit suppléments dit travail (et donc une rémunération) pour les (des) auteurs, illustrateurs… Tout le monde est gagnant.

8. Eh dis donc, j’y pense : nom d’éditeur « Yggdrasil », jeu avec des celtes ET des vikings… OK, en fait tu cherches à avoir des problèmes avec les gens du 7ème Cercle, c’est ça ?

Ouais ! Baston !

Non, Yggdrasil c’était le nom de la maison il y a 20 ans, on l’a simplement repris. Quand aux celtes et aux vikings ils sont à la base de toute notre heroic-fantasy, alors rendons à César ce qui est à César. De plus, ce sont des « civilisations » qui me fascinent depuis toujours.

9. OK mais le nom anglo-saxon qui claque bien, c’était obligé ? Pourquoi pas un nom bien franchouillard ?

Encore cette ambition démesurée, j’avoue.

Au commencement, il y avait le néant, puis vint le feu et le givre… heu…

Au début de l’aventure, je projetais de (faire) traduire le jeu en Anglais, Espagnol et Portugais (après tout, l’Europe est au centre de notre réalité parallèle). Donc, un nom anglo-saxon devenait logique. Avec le temps, nous nous sommes recentrés sur l’édition française. Le nom est resté. Les sombres runes qui apportent de sombres présages.

10. Et cette structure Yggdrasil, c’est juste pour Darkrunes ou bien tu as déjà d’autres projets dans les cartons ?

Plein !

Le système de jeu fonctionne bien en contemporain et en futuriste, les playtests le démontrent, et nous avons déjà au moins un autre univers qui n’attend que de sortir de sa boite pour être développé.

J’avoue, également, que j’aimerai développer un jeu de d’escarmouches avec figurines, sans livret de système à ingurgiter avant la première partie.

Mais, il va déjà être nécessaire de réussir notre premier pari, avant toute autre chose !

 

https://fr.ulule.com/darkrunes-jdr/