Bienvenue dans Château Aventure

Créée en septembre 2010, la Boite à Heuhh nous a fait découvrir, à travers son catalogue varié, quelques petites pépites ludiques : Agon, Apocalypse World, Cold City, Dirty Secrets, Monsterhearts, My Life with Master, On Mighty Thews, Perfect – Unrevised, Remember Tomorrow ou encore, celui qui nous intéresse plus particulièrement ici : Parsely Games.

Aujourd’hui, la Boite à Heuhh n’est plus, mais l’homme de bon goût qui était derrière toutes ces trouvailles, Ludovic Papaïs, s’est infiltré chez Iello (Andor, Exit, Throught The Ages, Star Realms, etc.). Après quelques années à travailler pour le jeu de société, il revient à ses premiers amours pour éditer une version amélioré de Parsely Games intitulé : Château Aventure (nom du premier scénario, le plus emblématique, du jeu original).

Sept ans après son édition sous forme de petit jeu indépendant (livret couleur de 16 pages format A5), que vaut ce Château Aventure cuvée 2018 sous la houlette d’un gros éditeur ?

Parsely Games 2.0

Dans cette boite de jeu, en carton souple, qui s’ouvre comme un roman, vous trouverez un livre de 128 pages tout couleur. Les 12 premières pages expliquent le principe du jeu (agrémentées de nombreux exemples) et sa mécanique (peut-on vraiment parler de règles ? Cf. Ci-dessous). Le reste de l’ouvrage se compose de 12 scénarios classés en 3 niveaux de difficultés :

Les doigts dans le nez! (Niveau 1)

  • Château Aventures
  • de Jared A. Sorensen, dans lequel vous devrez délivrer la princesse prisonnière du haut de sa tour

  • Jardin Danger
  • de Corentin Lebrat, une aventure inspiré de « Chérie, j’ai rétrécie les gosses ».

  • Le Donjon de l’éffroi
  • de Ludovix Papaïs, dans lequel le héros convoite un trésor caché au fond d’un donjon (de l’éffroi…)

  • Deep Space Trap
  • de Antoine Bauza, où le personnage devra s’évader d’une station spatiale abandonnée.

  • Fort des Ogres
  • de Anthony « Yno » Combrexelle, dans lequel vous vous etes fait prisonniers dans le fort des Ogres. Miam miam pour eux, mais pas cool pour vous.

ça passe! (Niveau 2)

  • Retour à Château Aventure
  • de Jared A. Sorensen, qui se déroule de nombreuses années après le premier scénario.

  • Nom de Zeus
  • de Théo Rivière, monde parrallèlle ou voyage dans le temps ?

  • L’école des sorciers
  • de Gabriel Durnerin, où l’on peut même jeter des sorts !

  • Le Pays des rêves merveilleux
  • de Ludovic Maublanc, où tout est trop choupinou (enfin, à première vue).

Ouch! (Niveau 3)

  • Z-Ward
  • de Jared A. Sorensen, un scénario avec beaucoup de zombie dedans.

  • Aventure dans la jungle
  • de Jared A. Sorensen, dans lequel, pas de chance, votre avion s’est écrasé en plein milieu de la forêt amazonienne.

  • Alone
  • de Théo Rivière, un escape game façon Saw, ça vous tente ? (le seul scénario de la boite interdit au moins de 18 ans)

En plus du livre, vous trouverez 12 plans recto-verso (un par scénario) et neuf petites cartes utilisables uniquement pour le scénario « Le Pays des rêves merveilleux« . Et c’est tout. Pas de dés, pas de cartes, pas de cubes en bois ou autres accessoires habituellement utilisé pour le jeu de rôle ou le jeu de société.

Mais alors, comment se joue Château Aventure ?

Photo de famille

Le livre dont vous êtes les héros

Château Aventure, comment ça marche ? C’est très simple !

Initialement, Parsely Games était présenté comme un jeu hommage aux Point&Click des années 80 (Day of The Tentacle, Indiana Jones® and the Fate of Atlantis™, etc…). Mais force est de constater que ces jeux ne parlent plus forcément à grand monde.

Image issue d’Indiana Jones (Disponible sur GOG : https://www.gog.com/game/indiana_jones_and_the_fate_of_atlantis)

Mais heureusement, entre Parsely Games et Château Aventure, de l’eau à couler sous les ponts et beaucoup (beaucoup!) de jeux sont sortis. Il m’est donc maintenant beaucoup plus facile de vous expliquer la mécanique de cet OVNI ludique.

Château Aventure n’est pas un jeu de rôle et pourtant il en reprend quelques éléments : un joueur incarne l’équivalent du meneur de jeu (appelé « Ordinateur ») dont le rôle est d’exposer la scène et de répondre aux « commandes » (nous y reviendrons plus bas) des joueurs.

La première particularité de Château Aventure c’est que tous les joueurs (minimum 2 et maximum… non défini) incarnent le même personnage. A tour de rôle, les joueurs devront faire une action sous la forme : [Verbe]+[Complément] (ce dernier peut être un objet, un PNJ ou une direction), à la manière des jeux vidéos d’aventures de l’époque.

Exemple : Prendre caillou, Examiner épée, Utiliser couteau sur corde, etc.

Le coté amusant du jeu, c’est que les joueurs n’ont pas le droit de se concerter. Le joueur actif doit donc enchaîner et assumer la décision prise précédemment (Si, si, je vous assure, à plusieurs, c’est drôle. D’où le nombre illimité de joueurs maximum indiqué sur la boite).

C’est tout ?

Oui, tout le cœur du jeu est là. Mais si cette explication ne vous suffit pas, nous pouvons aller un peu plus loin dans l’explication et dans la comparaison. Je dirais qu’il y a un peu de Unlock dans le jeu. Comme tout bon Point&Click de l’époque, il faudra associer le bon objet de son inventaire au bon élément ou à la bonne action. Il y a aussi un peu de Time Stories dans Château Aventure dans le sens où vous devrez faire plusieurs « run » pour réussir un scénario (durée moyenne : 30 minutes). Et vous aurez même la possibilité d’effectuer des sauvegardes pour ne pas recommencer depuis le début.

Mais contrairement au deux jeux précédemment cités, tout dans Château Aventure passe par la parole et utilise comme simple matériel de jeu l’imaginaire des joueurs.

L’ordinateur (=MJ), quant à lui, est très bien accompagné dans le déroulement de chaque scénario. Iello a fait un gros travail dans la présentation des scénarios. Vous aurez juste besoin de lire le scénario une fois avant de le faire jouer pour bien comprendre les embranchements entre les lieux et l’utilité de chaque objet. Pas besoin d’être meneur de jeu pour se lancer. N’importe qui peut le faire.

Le party game du jeu de rôle

Partie rapide et fun, clé en main, univers et thème variés ; Château Aventure est-il vraiment un excellent jeu apéro ?

La réponse à cette question dépendra surtout des personnes avec lesquelles vous allez y jouer. Pour ma part, j’ai testé le scénario d’introduction avec deux enfant (de 8* et… 28 ans). Le premier s’est beaucoup amusé et voulait aller jusqu’au bout de l’aventure. Tandis que le second se sentait un peu « frustré » par le coté linéaire du scénario. Mais l’envie de refaire une partie était là. Une fois la « logique » du jeu acquise, la seconde partie s’est beaucoup mieux déroulée (conseil : autoriser les joueurs à faire un plan améliore le confort de jeu). Mieux : l’un des joueurs a voulu tenter le rôle de l’ordinateur pour la 3ème partie qui s’est, elle aussi, très bien déroulée (avec 4 joueurs cette fois-ci). Le crash test de l’ordinateur débutant est donc validé haut la main.

Je vous conseil de faire donc deux parties de Château Aventure. La première, qui donne son nom au jeu et qui est le scénario d’introduction, vous permet de saisir la mécanique et la logique d’une partie. Et c’est à partir de la 2ème que vous profiterez pleinement du potentiel du jeu. Et pour les amateurs de scoring, sachez que chaque scénario propose un système de point (le run parfait étant de 100 pts).

Notons aussi le travail remarquable de Iello, qui a su faire d’un jeu indépendant un jeu grand public, attractif et accessible. L’éditeur se paye même le luxe de faire venir des auteurs connus du jeu de plateau, comme du jeu de rôle : Antoine Bauza, Ludovic Maublanc, Anthony « Yno » Combrexelle et Théo Rivière.

Et vous savez quoi ?

Le temps que vous avez passé à lire cette chronique, on aurait presque eu le temps de faire une partie de Château Aventure ! Ça vous dit ?

 

* remarque importante : sur la boite, l’age minimum indiqué pour jouer à Château aventure est de 10ans. De toute ma vie de joueur, je crois que c’est la première fois que je « regrette » de ne pas avoir suivi cette indication. Car une fois la partie terminée, le petit bonhomme de 8 ans à passer la soirée à parler comme dans Château Aventure : « Prendre fourchette », « utiliser fourchette sur assiette », « aller vers escalier », … croyez moi, la soirée a été longue. Mais fun. 😉