Musique, maestro.

Avec Batro’, on est habitué aux concepts chelous depuis longtemps. Cela dit, quand on voit qu’une de ses futures productions consiste à envoyer les PJ batifoler dans les vertes et plaisantes contrées de l’univers de Rotting Christ, un groupe de métal grec (si, ça existe)… on… euh… bah, on n’a pas les mots, en fait. Du coup : interview. De groupe.

 

1. Aha, un JdR pour les biclassés métalleux et rôlistes. Je vois. T’es un génie du marketing, en fait, c’est ça ?

Batro : Le metal est très présent dans la culture rôliste, mêler les deux est tout à fait logique, à la fois du point de vue artistique et commercial. Après, j’ai choisi un groupe de metal extrême, ce qui n’est pas si commercial que ça, mais j’édite ce que j’aime avant tout.

Pour la suite je laisse répondre mes deux équipiers, Artho (règles) et Henri (scénarios et background).

2. Moi, perso, ce que je kiffe, c’est André Rieux ou à la rigueur Richard Clayderman. Du coup, si je veux jouer à Rotting Christ, je suis obligé de supporter ce… ce… « bruit » en fond sonore ?

Artho : En jeu de rôle, il ne faut jamais se forcer à jouer. Pour nous l’important c’est que tout le monde prenne son pied. Si tu kiffes Clayderman, attends un peu. Nous composons le système Maestro qui est un système générique pour jouer avec tous les styles de musique. Tu pourras même jouer du maloya si ça te branche !

3. Les métalleux de Rotting Christ, ce sont aussi des rôlistes ou bien ils s’en battent les steaks ?

Sakis Tolis (chant, guitare, claviers, Rotting Christ) : J’adore ce genre de jeux d’esprit et j’espère que je trouverai le temps pour me réunir avec mes amis et interpréter nos propres rôles !

4. Un groupe de métal avec un « background », c’est plutôt rare, non ? Ça leur sert à quoi, en fait ?

Batro : Énormément de groupes développent des univers à travers des albums. Avec un peu d’imagination, la lecture des lyrics et les artworks, il est facile d’extrapoler un monde de jeu de rôle. Le nom du groupe lui-même évoque la lutte contre des faux prophètes. Nous développons donc un syncrétisme qui mêle christianisme pourri et mythologie antique vengeresse.

Rotting Christ est heureux de développer son univers musical à travers d’autres médias. On a rencontré le groupe à Barcelone pour en parler de vive voix. Il existe déjà un comics inspiré du groupe (Storming the gates of Heaven https://www.creamyrat.com/shop/rotting-christ-storming-the-gates-of-heaven), une nouvelle (The Metal Chapters https://themetalchapters.weebly.com/) et une biographie va paraître avant la fin de l’année (Non Serviam https://cultneverdies.myshopify.com/collections/all/products/new-preorder-30-nov-2018-non-serviam-the-official-story-of-rotting-christ). Season of Mist, le label, nous soutient également depuis le départ dans ce projet hors normes.

5. Rotting Christ est un groupe grec. Ça a un impact sur le background ou bien ils pourraient tout aussi bien être brésiliens ou suédois ?

Henri : Les origines de Rotting Christ ont un réel impact sur le background. Si le groupe avait été Nile (death metal égyptien) on aurait eu recours à une mythologie montrant Osiris, Anubis, pour représenter un culte polythéiste. Idem si les groupes avaient été nordiques, indiens, ou des Amériques, on aurait adapté la mythologie, scandinave, hindoue, aztèque ou maya. Ça influe beaucoup sur le choix des espaces jouables et le bestiaire ; dans notre cas : temple, Enfers antiques, Cerbère et divinités grecques qu’on mêle à des lieux de culte monothéiste.

Pour reprendre l’exemple plus haut avec un groupe égyptien on aurait créé un mix de nécromancie, de pyramides et de désert avec des éléments de scénarios différents comme les dix plaies, les dix châtiments qui servent à convaincre Pharaon dans le livre de l’Exode. Ici on se focalise sur Athènes, les Enfers, Constantinople et Byzance pour concevoir un syncrétisme de mythologie grecque et du Nouveau Testament. D’ailleurs ce sont certains albums de Rotting Christ qu’on a choisi pour construire l’arc narratif du scénario qui comptent (Aealo, Kata… et Rituals, plus le prochain à paraître en 2019, The Heretics), on se repose sur ce que véhiculent les lyrics et l’orchestration conçus par le groupe. Pour finir et parler d’invariant, si on avait construit l’aventure avec un autre groupe ce qui n’aurait pas changé, c’est la volonté de faire ressortir l’anti dogmatisme qui se dégage du black metal pagan et sataniste. Une lutte contre de faux prophètes, une exhortation à choisir le chemin qui nous semble juste ; avec un penchant pour l’utilisation de divinités qui représente l’énergie, les décors qui nous entourent et les éléments, une vision animiste ou ésotérique du monde.




6. Et niveau système, ça donne quoi ? On jette une poignée de mediators ?

Artho : Ahahah on y a vraiment pensé à la conception ! Peut-être, chut. Rotting Christ repose sur le système Maestro qui simule des duels musicaux. Chaque joueur incarne un musicien et tous font partis du même groupe. Ils doivent jouer des notes, maintenir le rythme et insuffler des émotions. Dans Rotting Christ, ils doivent aussi affronter des hordes de cultistes à grand coup de riffs de metal. Le système de résolution, à base de D6, est rapide et nerveux. Fini les combats qui durent des heures, là t’as juste le temps de la musique pour faire ton duel.

Batro : Il y a un solfège alternatif et y’a même une note “Satan”. Tu prends ta guitare et tu composes Satan+Haine et le batteur enchaîne avec une des techniques spéciales comme Fracassement de la terre, tu vois le genre. Pas besoin d’être musicien pour jouer. Rock’n roll !

7. Eh, j’espère que tu vas faire un foulancement pour ce jeu. Y a moyen d’imaginer des goodies sympa là, non ?

Batro : déjà, c’est la première fois dans l’Histoire du jeu qu’un groupe de musique est officiellement associé à un tel projet. On est vraiment fiers et on espère que le public répondra présent. Le groupe devrait offrir des ziques pour le jeu, on doit en discuter. Le foulancement est prévu en fin d’année 2019.

http://batrogames.blogspot.com/

8 pensées sur “Musique, maestro.

  • 18 décembre 2018 à 13:52
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    J’ai l’œil sur ce… « Truc » depuis son annonce. ça à l’air complètement barré, un défi de dingue à réaliser en tant que jeu de rôle musical… J’adore déjà !
    Après je pourrai ergoter des heures sur le/les groupes de métal -extrêmes ou non^^- que j’aurais préféré voir associé à ce type de projet à la place de Rotting Christ, mais le fait est que ce groupe n’est pas un mauvais choix, loin de là même. Voivod, S.U.P., King Diamond, Morbid Angel, ça l’aurait fait aussi pourtant^^

    • 8 février 2019 à 01:29
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      Ce « truc », aïe, comme tu y vas =)
      Alors oui c’est barré et c’est effectivement un gros défi au point de vu des règles pour sortir du côté résolution par le combat mortel… de toi à moi, j’adore aussi.

      On pourrait ergoter effectivement mais avec les règles de Rotting, tu peux déjà adapter pas mal de truc … comme IRON fucking MAIDEN ! Un jeu générique viendra après, Maestro , pour compléter la fusion de tes univers de jeu et de ta discothèque.

    • 8 février 2019 à 01:34
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      J’ai jamais joué au jeu (en fait je suis pas du tout jeu vidéo). Le vrai jeu qui m’a inspiré pour composé les règles c’est plutôt l’excellent « Crypt of the NecroDancer », mais pour le coup, nous nous en sommes pas mal éloigné au fur et à mesure.

      Mais ça sera Brutal ! Et la légende viendra après (vous comprendrez ce commentaire en 2021 …)

  • 18 décembre 2018 à 16:55
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    Ça c’est un projet qui me parle et qui m’intéresse. Qui sait? Peut-être qu’un. jour j’achèterai un jeu de Batro… 😉

    • 8 février 2019 à 01:37
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      Ahahah j’espère. J’ai bon espoir que ce jeu devienne assez vite le jeu de rôle français de Metal le plus vendu de tout les temps. Et si t’aimes pas trop les CradoGames, dis-toi qu’on est plusieurs sur le coup et qu’on arrive à canaliser les pulsions du Bat’ xD

  • 21 décembre 2018 à 05:50
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    Merci pour la référence au Maloya. 😉

    • 8 février 2019 à 01:49
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      De rien 😉

      C’est plus vrai pour le système Maestro mais les voyages inspirent beaucoup. Notamment 10 jours en Irlande et 4 semaines à la Réunion, forcément niveau musical ça détint. Et le FIMU de Belfort tous les ans depuis que je suis gamin. Et les Eurocks !

      Pour Rotting Christ, l’équipe du jeu a fait un périple, une épopée (!), à Barcelone pour aller rencontrer le groupe et les voir en concert. Pour se préparer à affronter une soirée de Black … on s’est mit du Alain Péters dans la voiture.
      \m/ \m/

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