La souscription de l’étrange

A-t-on encore besoin de présenter Romain d’Huissier ?

Auteur prolifique et touche-à-tout dans le milieu du jeu de rôle, il a co-écrit de nombreux projets (Qin, Devâstra, Luchadores…) mais a également adapté de nombreux univers  : la Brigade Chimérique, Mythic Battle: Pantheon ou encore Hexagon Universe.

Aujourd’hui, l’actualité du monsieur concerne de nouveau une adaptation en jeu de rôle – mais pas n’importe laquelle… Son propre univers, son bébé : les Chroniques de l’Étrange. A l’occasion de notre interview datant de 2017, Romain nous disait qu’il souhaitait pour ce jeu un bel écrin. Et il semble avoir trouvé son bonheur auprès du jeune éditeur Antre Monde, qui nous a déjà prouvé sa rigueur et la qualité de ses éditions avec Knight.

Mais revenons aux Chroniques de l’Étrange. Romain est secondé pour le texte par Cédric Lameire, déjà auteur sur Knight. La couverture est réalisée par le talentueux Xavier Collette (qui avait déjà œuvré sur la couverture des romans aux éditions Critic). Pour les illustrations intérieur, on retrouve une majorité d’artistes ayant déjà travaillé avec l’éditeur sur Knight : William Bonhotal (Knight, NOC, Escape Game – Grand JD…), Xavier Colette (le Soufflevent, le Paris des Merveilles, Abyss, Dixit…), Prospass (Knight, NOC…) et Lionel Prats (Knight…).

Un casting fort alléchant en somme.

Mais les Chroniques de l’Étrange, c’est quoi ?

Ce jeu se déroule à Hong Kong, à notre époque. Les joueurs y incarnent des fat si, terme cantonais qui signifie « exorciste » ( «fu shi » en mandarin) ou « moine bouddhiste » («fo shi » en mandarin). Ils sont les garants de l’équilibre du monde… des mondes.

Que vous soyez exorciste, alchimiste, géomancien ou adepte du cinabre interne, vous incarnez le messager des gardiens célestes, le bras armé du ciel et de la terre, le diplomate qui parlemente avec les esprits-animaux, le guide des spectres errants. Pour vous aider dans votre lourde tâche, vous disposez d’un sanhei : une relique aux formes diverses (une arme, un outil, un instrument de musique, un bijou, un vêtement…) qui vous octroie légitimité et puissance. Il est la preuve physique de votre mandat céleste. Il vous appartient, à vous et à vos compagnons, de veiller sur Hong Kong et de maintenir ainsi l’équilibre du Yin et du Yang.

L’univers appartient au genre dit de l’urban fantasy (ou fantastique contemporain). Il pose comme principe de base que les esprits, fantômes et créatures diverses du folklore chinois existent toujours. C’est l’ensemble de cette mythologie (légendes, magie, objets mystiques, …) qui est réelle et encore d’actualité à notre époque. Ainsi dans cette métropole ultramoderne, des démons servent d’hommes de main aux triades, des femmes-renardes chantent de la cantopop dans les karaokés, des rois-dragons règnent sur des cours secrètes d’esprits, des sorciers pratiquent les arts sombres, des sectes œuvrent au retour d’anciennes entités…

La souscription commence demain

Hong Kong – les Chroniques de l’Étrange fera l’objet d’un financement participatif sur la plateforme Game On Tabletop,  avec un lancement prévu le vendredi 6 novembre à 20 heures (et pour une durée d’un mois). La précommande permettra d’acquérir le livre de base, entièrement en couleur sous une couverture rigide, format A4 – 320pages (ou plus selon certains paliers du financement). Ce dernier sera accompagné d’un écran de jeu 3 volets illustré par Willian Bonhotal. Et diverses surprises sont d’ores et déjà prévues !

La livraison est quant à elle prévue pour le troisième trimestre 2021.

Et pour patienter…

… nous vous proposons en totale exclusivité un texte d’ambiance signé Romain d’Huissier (qui vous présente Gwaan Dai) ainsi que l’illustration – inédite et réalisée par Lionel Prats – qui l’accompagne.

Bonne lecture !

Certaines situations dépassaient de loin les capacités des fat si – les protecteurs de l’ordre céleste à Hong Kong. Malgré leur courage, leur maîtrise de la magie et leur sanhei, ils ne pouvaient parfois tout simplement pas l’emporter. Dans de tels cas, les divinités devaient se résoudre à intervenir – toujours à regret, car la présence d’un dieu dans le monde des mortels pouvait s’avérer lourde de conséquence à terme. Aussi fallait-il qu’elle dure le moins longtemps possible…

Alors qu’ils travaillaient sur la même affaire, neuf fat si avaient péri en moins d’un mois. Un ratio inexplicable, à moins qu’ils n’aient eu à faire à une menace de bien trop grande ampleur pour de simples humains. Et si l’arrivée d’un dieu à Hong Kong bousculait quelque peu les lois cosmiques, l’existence d’une entité à même d’éliminer tant d’agents du Ciel justifiait pleinement ce risque. D’autant plus que la divinité dépêchée par l’Empereur de Jade n’était autre que Gwaan Dai – dieu de la guerre et du commerce, saint patron des artistes martiaux et sans doute la figure héroïque la plus populaire du panthéon chinois. Général glorieux durant l’époque troublée des Trois Royaumes, il fut humain avant de se voir élevé parmi les puissances célestes pour ses exploits – aussi son ingérence sur Terre paraissait-elle sans doute moins grave aux yeux du Tao.

Vêtu d’un costume moderne d’une élégance qu’il se surprit à apprécier, Gwaan Dai gardait cependant son bonnet traditionnel sur la tête et surtout, ses doigts se serraient sur le manche de Dragon ascendant. Arme légendaire, le gwaandou crépitait d’une énergie aussi pure que dense. Sa lame ornée d’un dragon doré reflétait la lumière de la lune et Gwaan Dai adressa un discret salut à Soeng Ngo – la déesse qui y résidait. La pluie venait à peine de cesser et la ruelle se parsemait de flaques souillées. L’odeur de pollution de la ville en était exacerbée et le puissant guerrier fronça le nez. Les lumières criardes des néons l’accompagnaient alors qu’il cheminait vers la source d’énergie néfaste qu’il ressentait depuis qu’il avait posé le pied à Hong Kong.

Parvenu devant la menace, il s’arrêta pour jauger son adversaire d’un regard dédaigneux. Devant lui se tenait Baak Gwat Zing – l’Esprit Os-blanc qu’affronta jadis le turbulent Roi-singe. Gwaan Dai soupira : ce redoutable démon représentait en effet un ennemi trop formidable pour des fat si même particulièrement sages. Grâce à un don de métamorphose sans égal, il trompait et piégeait ses pauvres victimes qui périssaient de sa main sans même comprendre ce qui leur arrivait. Mais Baak Gwat Zing ne pouvait tromper l’œil acéré d’une divinité céleste et aux yeux de Gwaan Dai, il apparaissait pour ce qu’il était : un squelette géant et voûté dont les orbites creuses brillaient d’une lueur maléfique.

Sa longue barbe soulevée par une légère brise, le dieu de la guerre lança un regard de défi à la créature. L’Esprit Os-blanc comprenait bien qu’il ne pouvait remporter cette bataille, aussi cherchait-il une échappatoire – n’importe laquelle. Mais Gwaan Dai tenait les fat si en haute estime et une sourde colère bouillonnait en son cœur d’en avoir tant vu périr des mains griffues de ce démon.

Un terrible combat était sur le point de débuter, avec les lueurs clignotantes des enseignes pour seuls témoins…

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