N.YX tes dés !

Ah, ça faisait longtemps ! Le petit Chibi qui vous prend par surprise, pas annoncé, rien et paf, il est dispo là tout de suite maintenant. Le summum de l’indépendance, je présume.

Petit en effet car ce nouveau titre, N.YX est un jeu de fantasy urbaine, certes, mais qui se vend tout particulièrement comme un jeu sans dé (et même sans hasard), ce qui est plutôt inhabituel dans les productions signées du Grümph (qui ne veut habituellement même pas entendre parler des systèmes où le MJ ne lance pas les dés alors…). Du coup, forcément, la partie règles s’en trouve tout de même bien allégé. Cela nous prive même de listes aléatoires de trucs et de machins, c’est dire…

Au niveau du pitch, voilà ce que cela donne :

L’Île de Manhattan, de nos jours, dissimule toute une société magique et surnaturelle qui se nomme elle-même le Monde invisible. Les personnages en sont les justiciers, les protecteurs et les gardiens. Ils parcourent l’île en tous sens, du sommet de ses gratte-ciel aux profondeurs insondables de ses tunnels et de ses souterrains. Ils règlent les différends entre les clans, pourchassent les criminels et les monstres et enquêtent sur les secrets de l’Érèbe, se mêlant bien trop souvent des affaires des puissants Arcanes de la ville.

On retrouve un peu de super-héros, un peu de Monde des Ténèbres mais aussi du Ambre (une influence revendiquée pour le jeu, aussi bien au niveau du contexte que du système – on y revient), du Highlander ou encore une pincée d’ambiance cape & d’épée. Au final un mash-up de toutes sortes d’influence mais qui finit par faire un mélange… eh bien dont on peinera à citer un équivalent ou une référence approchante. Bref : une proposition de jeu des plus légitimes.

Cela dit, dans un Chibi d’une cinquantaine de pages, l’intérêt se trouve tout de même ailleurs que dans le background, expédié à grands traits et se concentre sur le dispositif ludique qui fait la part belle à la narration et même à l’autorité partagée. N.YX est un jeu en campagne et cela passe par une création collective du cadre de jeu. Les PJ, les clans auxquels sils appartiennent, la façon dont ceux-ci interagissent dans Manhattan, les PNJ importants qui tissent des intrigues dans les recoins obscurs de la ville… tout ceci sera customisé par les joueurs dans une série de tours de table durant lesquels ils vont manipuler des fiches comprenant des propositions dans lesquelles choisir, des questions à se poser mutuellement ou encore des portraits à annoter. A l’issue de ces tours de table, à condition d’avoir des joueurs motivés et imaginatifs, vous vous retrouverez non seulement avec une équipe de PJ mais aussi un environnement d’aventure qui leur sera déjà familier et des idées d’intrigues à foison. Gagnant-gagnant.

Le système de jeu lui-même s’inspire des classiques sans hasard que sont Ambre et le jeu indé Dream Askew. Il part du principe que les PJ ne sont pas des branquignols et qu’ils réussiront l’essentiel de ce qu’ils entreprennent. En très, très gros, le MJ définit des niveaux de difficulté en fonction de la situation et chaque joueur doit puiser dans les différents atouts de son PJ pour, au moins, les égaler. S’il en manque, il faut accepter des compromis qui feront que le succès arrivera, certes, mais se paiera ensuite à un prix plus ou moins élevé (blessure, être repéré par des adversaires, devoir perdre un truc important, etc.). Quelques éléments pour gérer, notamment, cette accumulation de compromis (à propos de la santé des PJ, notamment) suivent, ainsi que des conseils pour s’approprier ce système de jeu inhabituel.

Le livret se termine par des conseils pour créer des intrigues permettant aux PJ se d’épanouir dans une optique de jeu « PJ orientée » dans laquelle il faudra, à nouveau, compter sur des PJ imaginatifs et participatifs. (…) Ouais, des MJ, quoi. ^^

Le jeu se termine par une série de portraits permettant d’alimenter la création partagée de l’environnement de jeu. A noter à ce titre que, même si c’est parfois rangé de façon un peu foutraque, l’auteur/éditeur/illustrateur fait comme d’habitude le SAV avec la chouette carte ci-jointe ou encore la version colorisée de ces portraits de PNJ (par la fille de l’auteur herself) : https://mereillustration.myportfolio.com/colorisation-de-personnages

Si on prend en compte le fait que c’est vendu à vil prix en POD et à très vil prix en PDF, ce serait dommage de passer à côté d’un opus aussi rafraîchissant que stimulant. Comme souvent avec les jeux de LG, même si vous n’y jouez pas tel quel (faute de joueurs adaptés ?), il vous en restera toujours quelque chose. La boutique est là : https://www.lulu.com/spotlight/ChibiLG