Il porte 18 mondes sur ses épaules

Alors, clairement, celui-là, on était parti pour le rater. Il faut dire que cet Atlas des Mondes Fantastiques, actuellement en foulancement, est vraiment magnifique mais semblait boxer dans la catégorie « beau livre pouvant intéresser le rôliste » plus que dans celle qui nous concerne, « livre utile pour faire du JdR ». Et bien on avait tort. Certes, l’atlas présente avant tout 18 mondes cartographiés par 18 illustrateurs différents mais il se présente aussi comme un ouvrage de JdR pour lequel il prétend fournir inspirations, conseils et même un système de jeu simplifié. Tout ceci méritait bien d’aller poser quelques questions à l’homme qui porte tout cela sur ses épaules, PAM Hansel. Pour PIM et POUM, ce sera une prochaine fois.

 

1. Euh… qu’est-ce que tu fais là avec tes cartes ? On ne t’a pas dit que le Fix, c’est un site sur les JdR ?

Eh bien m’en voilà le premier étonné, j’ai seulement vu de la lumière alors je suis rentré, d’ailleurs j’ai mis de la boue sur le tapis, désolé.

2. Mais, rassure-moi, t’es rôliste au moins ? (regard soupçonneux)

Oui bien sûr ! Joueurs et MJ ! Mon personnage favori était un Aarakocra sans plumes, forain de métier, répondant au doux nom de Truite. En temps que MJ, je préfère les campagnes courtes (one shot ou en trois soirs), ça me permet de tester pleins de systèmes, faire mes règles, voir ce qui marche, ce qui foire etc.

3. Bon, admettons. Les cartes de l’atlas, elles vont vraiment servir à faire du JdR ou c’est plus pour faire joli dans la ludothèques à côté des collectors early birds en peau de chagrin ?

Personnellement je préférerais voir l’Atlas dans une vieille bibliothèque au milieu de vieux grimoires. Mais déjà oui, où qu’il soit, ça fera joli.

Par contre je crois vraiment au potentiels des cartes. Bien sûr c’est une approche moins classique que les bons vieux spreadsheets pour générer rencontres et lieux. Il faut faire travailler son imagination face à des images et des détails. Mais j’espère que cela conviendra au plus grand nombre. Le principe est simple, c’est que les MJ puissent associer leurs campagnes à un univers de l’Atlas, pour rajouter du piment, des détails, penser à des événements nouveaux, et que les joueurs puissent être influencés par le style graphique de l’artiste et imaginer leur campagnes différemment.

4. Il y a visiblement une « introduction » au JdR dans l’atlas. Concrètement, c’est quoi ?

Avec cet Atlas, j’ai un peu le cul entre deux chaises, c’est tout aussi bien un livre d’art et d’illustration qu’un outil pour rôliste. Le coté JdR n’est pas obligatoire mais j’ai envie que des gens qui ne connaissent pas le jeu de rôle puissent y voir une porte d’accès facile. Le JdR, ça peut aussi faire un peu peur (des corebooks super gros, des tonnes de règles) donc j’aimerais proposer une approche simple pour jouer sans trop se casser la tête. Et j’espère qu’avec ce livre, certaines personne seront tentées d’aller creuser un peu plus vers des jeux plus complexes.

L’introduction se composerait comme ceci :

_qu’est ce que le JdR ?

_une proposition de règles simples (avec un exemple de plot de départ, un exemple de fiche perso, quelques types de rencontres etc)

_et des conseils pour MJ et joueurs

Cette dernière partie est importante et c’est ce qui fait, à mon sens qu’un joueur aguerri peut y trouver un intérêt. Parce que même en jouant avec des gens qui baignent dans le rôlistique depuis longtemps, j’ai quand même souvent remarqué que tout le monde fait des erreurs, moi le premier. Je ne dis pas que cela va régler tous les problèmes. Mais c’est toujours bon de faire le point sur sa façon de jouer, l’expérience n’en sera que meilleure.

Ah oui et notons tout de même que toute cette partie sera magnifiquement illustrée par Mortis Ghost.

5. Tu peux nous donner une idée du système « simple » utilisé. C’est genre pile ou face ?

Je ne pense pas utiliser pile ou face, non, haha ! Je fais partie des gens qui aiment lancer des dés. Par contre à ce niveau de la création du livre je ne pourrai pas trop déblatérer autour du système qu’on proposera. J’ai des idées, je pense qu’elles sont bien, mais j’aimerais les soumettre à des spécialistes, les corriger et faire des tests avant de pouvoir en parler avec conviction.

6. Pourquoi avoir fait le choix de ne compiler que des cartes dans une ambiance medfan ? Tant qu’à avoir une diversité de styles d’illustration, on n’aurait pas pu avoir une diversité de genre abordés ?

Je dirais que le choix se fait au niveau graphique. Je voulais un bouquin qui fasse grimoire, comme une vieille relique, et je n’imaginais pas trop un OVNI et des pistolets lasers à l’intérieur.

Les possibilités rien qu’en MedFan sont quand même assez infinies, surtout avec la diversités des artistes présents dans l’atlas (tatoueurs, des illustrateurs.trices jeunesse, un architecte, des auteurs.trices de bande dessinée, des animateurs… ).

7. Le projet est bilingue. Pour les cartes, ça ne devrait pas poser de problèmes. Mais pour la partie JdR (notamment les conseils), ça ne bouffe pas une place dingue ?

Et oui tu as raison, ça prend de la place de faire un bouquin bilingue. Mais c’est aussi positif, c’est bête mais ça me fait penser à l’utilisation d’appareils photo argentique. On ne mitraille pas comme avec un portable, on réfléchit à ce qu’on veut photographier. C’est un peu pareil ici, on doit seulement aller à l’essentiel et rester efficace.

8. Le crowdfunding n’a pas encore atteint l’objectif mais, bon, ça devrait se faire. On peut imaginer une collection autour du même concept ou un volume c’est assez ?

Pour la petite histoire, j’ai pensé à ce projet d’Atlas avec un copain, pendant qu’on faisait du bateau stop à la Rochelle. Je suis animateur de métier, pas éditeur. J’ai du partir de zéro et tout apprendre. C’est intéressant, mais c’est un sacré challenge, et surtout chronophage. Donc oui, pour l’instant c’est vraiment une chouette expérience et si c’est possible de remettre le couvert, avec d’autres thèmes, d’autres artistes, etc. : pourquoi pas ?

Mais le plus important pour moi c’est déjà de réussir ce premier Atlas, d’en faire un super objet et voir si les gens sont contents. Je ne m’empêche pas de rêver mais c’est loin d’être du concret pour l’instant.