Tout-va-bien-se-pas-ser !

C’est vrai, se lancer sur un nouveau marché, cela peut entraîner un peu de panique. Mais pas pour ces vieux routiers du jeu de société que sont Don’t Panic Games. Pourtant, c’est plus qu’une incursion que l’éditeur généraliste va tenter sur les plates-bandes de notre beau loisir puisque non seulement ce sont de « vrais » jeux de rôles (pas de vagues hybrides, quoi) qu’il va lancer mais en plus ce sont d’emblée deux beaux projets qu’il s’apprête à faire financer. En effet, d’ici quelques semaines pour le premier et quelques mois pour le second, DPG initiera les foulancements des VF de Fabula Ultima puis de Cow Boy Bebop RPG. Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ?! Le mieux, c’est d’aller directement le demander à Nicolas de chez DPG.

 

1. Don’t Panic Games est, pour l’instant, surtout connu dans le milieu du jeu de société grand public. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Don’t Panic Games est une maison d’édition fondée en 2013, qui s’appuie sur une poignée d’irréductibles passionnés du jeu de société et des cultures de l’imaginaire en général pour œuvrer autant sur des localisations de jeux en français que sur ses propres créations, avec ou sans licence. Nous voulons proposer des expériences de jeu originales pour tous les publics, tout en revendiquant une esthétique soignée..

C’est difficile de parler de DPG sans mentionner aussi son fondateur, Cedric Littardi, souvent considéré comme étant le 1er geek entrepreneur français. Passionné par la culture japonaise, il a largement contribué à sa diffusion en France dans les années 1990, notamment en créant le label spécialisé dans l’animation japonaise Kazé (1994) et la référence en termes de magazine consacré à l’animation japonaise AnimeLand (1991). Cedric a ensuite développé de multiples autres projets rattachés aux univers de la culture de l’Imaginaire : Don’t Panic Games, donc, mais aussi Ynnis Éditions pour les livres (de l’animation en passant par la B.D.) ou encore Le Dernier Bar avant la Fin du Monde pour que la geek generation puisse se retrouver dans un espace dédié.

2. On trouve dans votre catalogue le livre de Julien Pirou sur l’histoire du JdR, un escape book Achtung Cthulhu ! ou encore le jeu de plateau de Vampire la mascarade. Ça va finir par se voir que vous faîtes du pied aux rôlistes !

Je ne crois pas qu’on veuille s’en cacher, au contraire ! Ce n’est pas le fruit du hasard, nous sommes assez nombreux dans l’équipe éditoriale, à commencer par Cedric lui-même, à être (de vieux) rôlistes. Il explique très bien dans la préface du livre de Julien Pirou d’où ça lui vient, et nous sommes plusieurs à avoir des expériences très similaires (moi c’était la boîte rouge et Le Sorcier de la Montagne de Feu). Le jeu de rôle est une part intégrale, centrale, des cultures de l’imaginaire, et ça nous fait énormément plaisir de voir qu’une de nos activités favorites est loin d’avoir disparu, bien au contraire, alors qu’une nouvelle génération semble reprendre avec ardeur le flambeau.

3. Aha, parli italiano, pas vrai ? On voit que vous allez donc publier la VF du JdR Cowboy Bebop en partenariat avec l’éditeur Italien Mana Project Studio. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’origine du projet et sur ce partenariat ?

Il faut en revenir à Cedric, qui est d’origine italienne et se déplace très souvent chez nos voisins ultramontains. C’est lors d’un salon à Milan qu’a eu lieu la rencontre avec Michele Paroli, le très sympathique responsable de Mana Project. Le courant est tout de suite passé : ils ont très vite compris que la combinaison de leurs expériences présentait une opportunité qu’il ne fallait surtout pas ignorer.

4. On connaît des éditeurs qui ont galéré avec d’autres licences d’anime. Quelle sera l’implication des ayants droits japonais ?

C’est justement l’un des gros plus qu’apporte Don’t Panic dans le projet. C’est l’expérience de Cedric dans ce domaine, ainsi que celle de Sébastien Rost, notre directeur éditorial qui a travaillé de nombreuses années dans le secteur de l’anime, qui nous a permis de créer des jeux dans l’univers de Cowboy Bebop, de Naruto, de Tokyo Ghoul, d’Attack on Titan. Les ayants droit japonais ont effectivement la réputation de veiller de très très près sur leurs licences, et c’est la chance de Don’t Panic d’avoir les bons contacts et une grande habitude du processus de validation.

5. On suppose que ce sera un jeu « à missions ». Mais, moi, je suis un rebelle. Pourra-t-on y jouer autre chose que des chasseurs de prime ?

Alors, moi, j’adore les rebelles. Mais c’est vrai que le jeu dans sa forme de base est conçu pour évoquer en particulier les histoires de chasseurs de primes et les choix moraux qui s’offrent à eux, en restant très proche du ton et des thèmes de la série animée. Les criminels que les joueurs pourchassent ne sont pas que des visages et une récompense. Ils sont avant tout une raison de raconter une histoire, de présenter des choix aux joueurs qui leur feront remettre en question leur perception de qui a tort et qui a raison.

En revanche, qui sait… C’est vrai que l’univers se prête bien à des suppléments permettant de jouer d’autres types de personnages : des flics, des membres d’organisations criminelles, des rebelles ?

6. J’ai vu tous les épisodes. L’univers décrit dans le livre de base se cantonnera-t-il à celui de l’anime ou bien on pourra aller au-delà ?

Une des choses intéressantes dans l’anime est que les différentes planètes, villes, stations spatiales que l’on voit restent somme toute assez vaguement décrites, elles laissent une grande part à l’imagination. Dans le jeu de rôle, nous allons bien sûr décrire avec autant de détails que possible les endroits que visite l’équipage du Bebop, mais aussi et surtout nous voulons donner toute une série d’outils au Big Shot, le meneur de jeu, afin de créer ses propres lieux à découvrir pour s’approprier l’univers et raconter ses propres histoires.

7. Ah mince, ce ne sera pas de la 5E !? Vous pouvez nous en dire plus sur le système de jeu ?

Nous avons la chance de travailler avec une partie de l’équipe à l’origine de l’excellent Not The End, publié également chez Mana Project, et Cowboy Bebop reprend certains des principes et concepts du jeu, en particulier le «HexSys». Ce système utilise une série d’hexagones contenant chacun un trait décrivant le personnage. Lors d’une action nécessitant un test, le joueur pourra choisir une approche, ou un style de musique, en fonction de la manière dont il souhaite affronter un problème. On choisira par exemple «Tango» pour la séduction, «Jazz» pour l’improvisation… Le joueur pourra alors obtenir des dés en fonction des traits de son personnage qui correspondent à l’approche choisie. En constituant ainsi un pool de dés, le résultat du lancer déterminera des «cartons» qui rajouteront des conséquences positives et des «fausses notes» qui représenteront des dangers potentiels. Chaque session de jeu est aussi organisée, rythmée en crescendo, avec différentes phases de jeu qui vont aller augmentant les risques et les opportunités spectaculaires. 3, 2, 1, Let’s Jam!

8. Il paraît que vous avez déjà programmé également la VF de Fabula Ultima (…) Enfin, ça, c’est ce que mon patron m’a dit parce que, moi, je n’en ai jamais entendu parler. Euh… c’est quoi ??

Fabula Ultima est notre autre projet d’entrée dans le monde des JdR. En fait il sera disponible en VF avant Cowboy Bebop, la campagne sur Game on Tabletop ne commençant que dans quelques semaines, courant novembre ! Il s’agit de la première véritable création de l’équipe de Need Games, qui est un des plus gros importateurs/traducteurs de jeux de rôle en Italie. Traduit en français par l’excellentissime Sandy Julien, Fabula Ultima est un jeu qui va vous permettre de revivre les sensations et de parcourir les univers de vos JRPG favoris, les jeux japonais sur console qui ont bercé pour beaucoup notre jeunesse. Superbement illustré, le jeu est rempli à foison de classes de personnage, d’équipements, de PNJ, de conseils et d’outils pour créer vos propres univers inspirés des JRPG.

9. Han, han, auteur italien, univers inspiré des anime… il y a comme une ligne éditoriale qui se dégage là, non ?

Oui, ça aussi c’est loin d’être un hasard, ça correspond tout à fait à l’ADN de Don’t Panic Games. Non seulement par le parcours de Cedric et du reste de l’équipe, mais aussi parce que ces univers qui continuent de nous fasciner sont très sous-représentés parmi les offres de jeux de rôle, et parce qu’il se déroule chez nos amis Italiens une sorte de boum jeuderôlesque, avec une multiplicité d’auteurs de talent et de nouveaux jeux d’excellente qualité (Lex Arcana, Historia, Brancalonia et j’en passe plein, il y a un bon article là-dessus dans Le Fix d’ailleurs!).

10. Bon, tout ceci semble indiquer un vrai investissement dans notre beau loisir : ce sera quoi la suite ?

J’espère avant tout qu’elle sera longue, belle et fructueuse ! Nous allons tout d’abord nous concentrer sur les jeux que nous avons en cours bien sûr, et sur leurs éventuels suppléments (j’ai déjà quelques infos alléchantes sur Fabula Ultima), en renforçant l’équipe pour être certains que tout se passe bien. Mais nous resterons à l’affût de nouvelles rencontres comme celles de Michele de Mana Project et Nicola de Need Games qui nous ont permis de nous lancer dans cette belle aventure !

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Si tout cela, réservez déjà les dates des futurs foulancements :

Fabula Ultima : novembre 2022  https://www.gameontabletop.com/cf848/fabula-ultima-version-francaise.html

Cowboy Bebop : mars 2023 https://www.gameontabletop.com/cf865/cowboy-bebop-le-jeu-de-role.html

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