De l’énergie pour Einherjar !
Einherjar, le cadre de campagne compatible 5E inspiré de la mythologie nordique et des légendes scandinaves (nous on se contente de parler de jeu « viking » parce qu’on est des cuistres) est en ce moment et encore pour environ 48 h sur Kickstarter.
Il s’agit de financer un cadre de campagne (l’Atlas des Terres Nordes), un écran du maître et les trois livres d’une campagne, les pierres d’Aegir (15 scénarios jusqu’au niveau 14). Le tout est livré en français ou en anglais.
Ce foulancement vous dit quelque chose ? vous avez une impression de déjà vu ? vous aimez les marmottes ? C’est normal, le foulancement actuel suit en effet une première tentative, faite sur Ulule en novembre 2020. A l’époque, les jarls de Morrigan Studios, Guillaume Surget et ses complices Cyril Pontet, Einar Martinsen, Bernard Bittler aux illustrations et Corentin Polette à la maquette, avaient proposé aux foulanceurs l’atlas des terres, l’écran et la première partie de la campagne. Malheureusement, le jeu n’avait pas trouvé son public.
Revenu sur Kickstarter, le projet est donc encore plus ambitieux : en 2020, 15 000 euros étaient demandés. Actuellement, la somme à réunir a plus que doublé (de 15 000 euros à 40 000).
Actuellement et à quelques jours à peine de la fin du foulancement, on est loin du but. Malheureusement, à moins que la lecture du kit d’initiation (ça tombe bien, on est toujours lundi !) ne vous ait convaincu d’ouvrir un peu vos porte-monnaie, le Studio Morrigan s’achemine vers un nouvel échec. Au Fix, cela nous a interpelé, tout comme l’échec de Poudre Noire et l’annulation-report de la traduction française de Nightfell par Arkhane Asylum.
Concernant Einherjar, le problème pourrait d’abord résider dans les paliers qui paraissent assez mal taillés. Le premier palier (25 euros pour l’Atlas en PDF) paraît déjà très cher. Pour ceux qui veulent du physique, le second pallier offre en physique et PDF l’Atlas et l’écran. Le palier à 75 euros offre l’Atlas et les trois tomes de la campagne en PDF ainsi que d’éventuels bonus, toujours en digital. Enfin, l’ultime palier à 190 euros propose l’atlas, les trois tomes de la campagne et l’écran en physique et en digital. Il nous semble non seulement que les paliers digitaux sont très chers si l’on compare aux autres foulancements et qu’il aurait peut être fallu scinder l’ensemble en deux foulancements pour mieux mettre en lumière les spécificités de l’univers, rassembler une communauté pour ensuite vendre la campagne.
D’autant plus qu’Einherjar arrive dans un contexte où les poches des fans du genre avec boucliers ronds et casques à corne ont déjà été vidées. Qu’ils jactent le jargon des Francs ou des Angles (public manifestement visé par ce foulancement bilingue sur Kicskstarter), ils ont eu largement de quoi étancher leur curiosité. L’année dernière, par exemple, Journey to Ragnarok, une campagne pour D&D 5e, menée par Mana Projet Studios rassemblait plus de 50 000 euros sur Kickstarter. Et sa traduction française agrémentée d’une campagne et d’un grimoire par Black Book Editions avait réuni 84 000 euros l’automne dernier. Svilland, projet du studio turco-britannique Dream Realm Storytellers a rassemblé plus de 100 000 livres sterling pour son livre, sa campagne et un écran en décembre dernier (on notera d’ailleurs que dans cette campagne le guide d’univers et la campagne sont disponibles en digital pour 25 livres). Bref, de même que Poudre Noire qui s’est probablement coincé les doigts dans la porte ouverte entre la vf Zweihander et la v2 de Brigandyne, il nous semble que Morrigan est peut être victime d’un mauvais timing.
Globalement, Poudre Noire et Einherjar nous semblent emblématiques des difficultés que rencontrent certains projets indépendants dans leur foulancement. A priori, par rapport à d’autres formes d’édition (édition, impression à la demande ou marketplace), les plateformes donnent une visibilité commerciale aux projets, permettant aux créateurs de se concentrer sur leurs boulots respectifs (maquette, écriture, illustration) plutôt que d’avoir à gérer les aspects commerciaux. Cependant, on constate aussi que les plateformes acceptent des projets qui sont lancés dans une période embouteillée et saturée. On appelle donc de nos vœux à ce que les plateformes inventent un modèle qui ne se contente pas d’accompagner les auteurs dans la phase de foulancement mais également avant.
Bref, on espère que les Nornes se montreront soudainement favorables à Einherjar et que ce projet puisse trouver son public.
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