Rôle over the World : La folie des chiffres et des adaptations
Bien le bonjour et bienvenue à vous qui lisez ces lignes en attendant que la messe se termine, ou que la citrate de bétaïne sensée calmer votre gueule de bois se dissolve. Comme chaque dimanche je vous invite à ma messe personnelle : les news rôlistiques des pays lointains ! Au programme aujourd’hui : Ankh Morpork arrive sur nos tables, WotC a encore fait pipi sur la moquette, et les animateurs de Vox Machina lancent leur premier jeu.
Xoxo les gossip girls
Les news
Discworld arrive chez Modiphius
Ça fait maintenant plusieurs semaines que Modiphius nous tease comme des dingues à propos de son nouveau projet : un nouveau JdR basé sur l’univers du Disque Monde de Terry Pratchett. Ce qui change par contre, c’est qu’ils nous parlent enfin un peu plus du système de jeu, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça a le mérite d’être original.
Loin de leur habituel 2d20, Modiphius nous promet un système simple à base de jeux de mots et de calembours, et… c’est presque ça ? Le jeu utilisera des traits à la place des statistiques, à la manière d’un Technoir, d’un City of Mist, ou du très attendu Babel de chez les XII singes. Plus le trait que vous proposez est juge adapté, plus on vous donnera un gros dé pour le test. Le résultat de ce dé sera comparé à un autre jet de dé devant être inférieur au premier. Le calembour là-dedans c’est que le joueur peut s’amuser avec le sens et la structure des mots pour justifier l’usage de n’importe quel trait pour n’importe quel test. Pour la simplicité… Eh bien apparemment vous venez de lire 90% des règles du jeu.
Mis à part le fait que « compact » ne veut pas forcément dire « simple », je souhaite bonne chance aux futurs traducteurs et relecteurs du jeu si Modiphius décide d’insister sur l’idée des jeux de mots.
D&D 2024 et le mystère des chiffres de vente
Dans un communiqué de presse optimiste au point d’en être suspect, Wizard of The Coast annonce que leur nouveau livre de base sorti la semaine dernière est « l’ouvrage le plus rapidement écoulé de l’histoire de la licence ». L’honneur revenait jusque-là au supplément Le chaudron de Tasha ayant écoulé 133 000 exemplaires en une semaine. Ils affirment devoir imprimer trois fois plus d’exemplaires du livre que prévu pour coller à la demande.
Vous aurez remarqué que je n’ai donné aucun chiffre pour ce record, et c’est parce qu’ils n’en donnent pas eux-mêmes, ce qui a rendu certains acteurs du secteur un peu méfiants. En effet d’après Steven Glicker et TGN, D&D 2024 ne se serait vendu qu’à 3 773 exemplaires physiques. WotC nous mentirait pour cacher sa honte ? Pas forcément.
Dans une vidéo postée sur la chaine Youtube de l’éditeur Roll For Combat, Steven Glicker insiste sur l’absence du livre dans les magasins, notamment les librairies grand public, un des principaux moteurs du succès de DD5, et ce n’est probablement pas un hasard. D’après lui, l’annonce de WotC additionne les ventes physiques et numériques du livre, notamment via la plateforme D&D Beyond. Le but est de préparer le public du jeu à l’inévitable passage de D&D au tout numérique en amont de la sortie de Sigil, le rival maison de WotC pour ne plus dépendre de Roll20 et Foundry.
Pour ma part, ce signe avant-coureur de la numérisation de D&D m’indique un projet de plus grande envergure : faire de D&D son propre marché hermétique au reste du hobby en concentrant tout sur sa plateforme. Pas de magasin, pas de concurrence, pas d’intermédiaire, juste un unique Golgoth virtuel visant à maximiser la rétention des joueurs pendant que les JdR classiques se disputent les miettes en librairie.
D,D&D : Drunkards, Druggies & Delinquents
Si vous ne connaissez pas le studio Titmouse de nom, vous êtes presque certainement familiers de leurs œuvres. Titmouse n’est pas un éditeur de JdR, mais un studio d’animation responsable d’excellentes séries comme Vox Machina, l’adaptation de la première campagne de Critical Rôle, et l’hilarant Star Trek : Lower Decks.
Bref, apparemment trainer chez les nerds leur a donné de l’inspiration car ils ont annoncé cette semaine un futur foulancement pour leur propre JdR : Drunkards, Druggies & Delinquents (ou D&D pour les intimes). Le jeu se présente comme une expérience très accessible, mélangeant le party game et le jdR, une manière de « réunir des gens de la meilleure manière possible, via le partage du chaos, de la boisson et des rires […] On vous invite à ouvrir votre esprit, boire un coup, et laisser les dés vous guider dans un monde d’absurdités ! »
Si l’arrivée d’un nouvel acteur dans le hobby a tendance à me faire lever un sourcil dubitatif, ça ne coûte rien de leur laisser le bénéfice du doute.
Le kickstarter de la semaine : Ember
Décidément tout devient numérique ! Foundry, l’une des logiciels de table virtuels les plus utilisés dans le monde a ouvert le foulancement de son propre JdR entièrement designé pour le jeu en ligne.
D’après la page du Kickstarter, Ember s’adresse directement aux fans de jeu vidéo, citant Baldur’s Gate 3, Pillars of Eternity et Pathfinder Kingmaker d’entrée de jeu. En plus du jeu propre, le projet promet entre autres une campagne épique pour 3-5 joueurs, 80 cartes interactives, une banque de son, et un monde ouvert de 25,000 cases (?!!?). Cette dernière annonce réveille mes traumas de Elder Scrolls 2 : Daggerfall, mais chacun son truc. Enfin, histoire de pas être trop clivant, le projet promet également une compatibilité totale avec D&D5.
Pour vous faire une idée du jeu en action, la chaine Glass Cannon Network propose une courte aventure. Le projet semble plaire si on s’en tient aux chiffres du financement avoisinant les 420 000$ pour un but initial de 8952$.
L’autre kickstarter de la semaine : Mork Borg : Heresy Supreme
Comment ça, un autre Kickstarter ? Pas de sortie cette semaine ? Pas quand on peut vous parler d’un crowdfunding la veille de son ouverture !
Mörk Börg : Heresy Supreme est l’adaptation en jeu vidéo du l’œuvre éponyme des talentueux membres du Stockholm Kartel, collaborateurs fréquents de Free League, et amateurs de mise en page rock’n’roll. La bande annonce du projet fait miroiter un jeu d’action/plateforme rappelant Blasphemous, ou Dead Cell, développé par les illustres inconnus de Morbidware, dans le style inimitable du Kartel. Vous pourrez admirer le tout par vous-même le 1e octobre sur Kickstarter.
Pour rappel Mörk Börg est un des plus gros succès du JdR indépendant de ces dernières années. Le jeu initial, un OSR (pour Old School Renaissance) aux règles simplissimes et avec une esthétique métal-médiévale unique a enfanté une foule d’œuvres dérivées, toutes connectées par le suffixe Börg (Pirate Börg, Cy-Börg, SLA Börg etc). Tous ces jeux ont en communs une esthétique punk et morbide, et un intérêt pour les aventures courtes, violentes et épiques.