Copains comme cochons
En ce moment même, Batrogames mène un foulancement (attention, plus que 3 jours pour participer !) pour son nouveau projet : la Trilogie de la Crasse. Pourtant, derrière ce livre-jeu, on trouve deux hommes : l’éditeur et un auteur inhabituel pour le monde du JdR, Christophe Siébert. Hin, hin. Un seul livre, deux hommes, une trilogie ? Mon enquête ne démarrait pas sous les meilleurs auspices. Le mieux, c’était encore d’aller interroger les deux suspects en question.
Batronoban : C’est notre volonté commune de pousser une logique jusqu’au-boutiste et de complexifier cet univers : deux espèces en plus, leurs objectifs croisés ou contraires, leurs dimensions bizarres, tout ça crée naturellement des opportunités ludiques plus funs et… plus extrêmes.
Christophe Siébert : Par ailleurs, c’était aussi un moyen de prolonger, je crois, le plaisir qu’on a eu à travailler ensemble, et de continuer à échanger nos idées tels de vicieux petits pongistes ! (et il y aurait même, peut-être, un quatrième tome en préparation, mais chut !)
B : En réalité la partie JdR est dense et complète : règles pour trois peuples ainsi que les humains et les morts-vivants, index, conseils de jeu et scénarios. Y’a tout, vraiment. Le background est dans les romans, puis est synthétisé et organisé pour le MJ, c’est vraiment un ensemble. Y’a pas de gras, tout est utile.
CS : Quand j’ai commencé à écrire ces bouquins, je ne savais pas encore qu’il y aurait une section purement gameplay (ou alors Batro me l’avait dit mais j’avais oublié). Aussi, au cours de leur rédaction, j’ai porté mes efforts sur le fait que tout devait être exploitable, que chaque anecdote était fondée sur un élément utilisable en cours de partie. C’est-à-dire qu’un MJ prêt à se retrousser les manches doit pouvoir, en lisant ces trois livres un stylo à la main, en extraire tout ce dont il a besoin pour commencer à jouer. Je dis « commencer » parce que, forcément, il doit y avoir des trous, des incohérences, des questions sans réponses. Mais elles ne sont pas importantes – je veux dire que la cohérence de l’univers ne dépend pas d’elles et que chaque MJ peut y répondre comme il veut, c’est aussi une manière de mettre l’univers à sa main. En fait, ce qu’a fait Batro, c’est cette fameuse lecture stylo en main, pour essorer les bouquins et en tirer du gameplay, sauf qu’il l’a faite avec un grand sérieux et un sens du détail poussé, et qu’il avait l’avantage d’avoir l’auteur des romans sous la main en cas de doute.
4. Niveau système, on a du Corpus Mechanica de Yno. C’est un système léger et passe-partout. Vous n’avez pas été tenté par un choix plus affirmé pour un contexte comme celui-ci ?B : Il faut faire attention à la sensation que procurent univers et règles. Le background de la Trilogie est tellement intense que des règles très classiques et simples à comprendre sont bien pour contrebalancer l’ensemble. C’est un peu comme un plat : il faut que les ingrédients soient équilibrés. Trop de piment et le goût s’en va. Deux éléments à fort caractère auraient produit un truc indigeste.
CS : Quand je jouais encore, c’était le grand écart, puisque je pouvais aussi bien maîtriser Hurlements que Rolemaster ! J’ai l’impression, en me repenchant sur ce qui se fait en JdR après vingt ans d’hibernation, que la mode actuelle est aux systèmes très synthétiques et universels, ce qui existait assez peu à mon époque, finalement, où on en était encore à un jeu = un système spécifique. Pour ma part, je pense que si je fais jouer la Trilogie autrement qu’en démo, je me passerai complètement de système de jeu, comptant sur l’arbitraire et pur et le bon sens pour résoudre les situations.
5. Les animaux, c’est bien ça pour les bonus d’un CF, non ? Alors, ils sont où les paliers « groins en plastique » et « blattes en résine », hein ?
B : Nos bonus sont, on l’espère, assez cools et utiles : l’amélioration de la qualité du livre, des cartes de lieux importants, un peuple supplémentaire (les Mantoïdes), et enfin un concours de photos masquées dans divers lieux improbables pour gagner un dessin original de Maddog.
6. Au fil des jeux, Batrogames se fait sa petite réputation sur les jeux hardcore et borderline… du coup, ce qui serait vraiment punk, c’est de nous surprendre en assumant la VF de Tales of Equestria, non ?