Beaucoup, Beaucoup d’Effets (d’annonce)

Ouf, ça y est. Le plan de communication participative mené à grands renforts de tambours virtuels par Black Book Éditions s’achève. Enfin, diront les mauvaises langues.

Au bilan, après 15 jours de campagne publicitaire (gratuite), BBE aura fait le buzz en annonçant pas moins de 8 nouveaux jeux (et quelques suppléments pour faire bonne mesure). Si vous avez lâché l’affaire après avoir compris que votre porte-feuille n’y survivrait pas, voici ce que vous avez peut-être raté des dernières annonces : Rippers (un setting dark fantasy pour SaWo), Torg Eternity (la v2 du mythique Torg), No, thank you, Evil ! (un jeu pour enfants tout choupi), la VF de Shadow of the demon lord (un jeu évoquant, paraît-il, l’ambiance des tous premiers Warhammer époque Campagne Impériale), celle de Trudvang (un jeu s’inspirant des mythologies scandinaves) et enfin la v2 de Raoûl, le cultissime jeu parodique signé des frères Larcenet. Tout cela (et bien d’autres choses, comme Starfinder, par exemple) vous attend classé et parfois daté (soyons fou) dans notre célèbre planning à la balise BBE.

Une telle campagne de com’ est clairement inédite pour notre milieu et soulève pas mal de questions. Le procédé en lui-même n’est pas en cause. Certes, il a fait grincer quelques dents d’internautes fatigués de voir leur flux d’infos saturé de partages de cette campagne mais qui jetterait la pierre à un éditeur qui utilise de façon audacieuse un canal de communication aussi efficace que gratuit ? Pas la majorité des rôlistes en tout cas qui, en outre, s’est fait plaisir en supputant sur la teneur des prochaines annonces de l’éditeur en noir. Bien joué.

Non, la question repose plutôt sur le risque pris par BBE. Si on compte, à la louche, fin 2017, BBE devrait donc, à les en croire, maintenir actives pas moins de 20 gammes dans leur catalogue. Cela semble beaucoup. Beaucoup trop. Comme les autres, BBE n’est pas immunisé aux retards. On pense ainsi à Pavillon Noir 2 ou encore aux délais d’attente pour voir arriver le suivi, par exemple, de Eclipse Phase. De ce fait, on ne jurerait pas que les retards ne vont pas s’accumuler courant 2017 sur le planning de BBE.

En déterrant des dossiers plus anciens, on peut aussi rappeler que, plannings des anciens Fix faisant foi, il a pu arriver par le passé que des jeux soient très officiellement annoncés par BBE et ne voient pour autant jamais le jour : Battletech, Deadlands Noir, Dragon Kings, d’autres peut-être ?

La question soulevée est donc : pourquoi prendre le risque de faire autant d’annonces à aussi long terme (clairement, certains des jeux annoncés seront, au mieux, financés en 2017 et donc publiés durant toute l’année 2018) alors que certains confrères de BBE (on peut citer Les XII Singes ou Lapin-Marteau par exemple) refusent catégoriquement de donner des dates de sortie afin de ne pas engendrer un risque de dégradation d’image (manque de fiabilité, frustration des consommateurs, etc.) de leur entreprise.

On peut sans doute rapprocher la nouvelle stratégie de communication de BBE de celle de certaines boîtes de jeux vidéo et notamment de ce qu’il convient d’appeler le vaporware (des jeux annoncés des années en avance alors qu’ils ne sont qu’au début de leur développement – comme le Cyberpunk 2077 de CD Projekt, par exemple, annoncé dès 2013 et qui ne sortira pas avant 2017).

Les experts parleraient vraisemblablement ici de stratégie de « distraction du marché ». Il s’agit d’occuper l’espace médiatique en le saturant d’annonces qui, pourtant, ne sont pas prêtes à donner naissance à un produit concret avant des mois voire des années. Cela peut ainsi apporter beaucoup (à condition, évidemment, de ne pas en abuser…) en terme de notoriété en gonflant aux hormones votre catalogue, même si cela reste virtuel. Cela peut aussi avoir pour objectif de couper l’herbe sous le pied de concurrents en suggérant aux consommateurs de réserver son budget pour de futurs achats auprès de cette entreprise.

Comme on le voit, la parade logique à cette stratégie est de surenchérir et d’annoncer à son tour toute une flopée de projets alléchants. Allez, on se donne rendez-vous sur le Fix pour évoquer les futurs plannings 2017-18 de Sans Détour, de Edge et des autres.

4 pensées sur “Beaucoup, Beaucoup d’Effets (d’annonce)

  • 11 octobre 2016 à 17:01
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    Enfin ! j’ai l’impression que les CF en général, et notamment la politique de BBE dans les annonces est accueillie comme des louanges de partout.
    Merci le Fix de fournir un point de vue alternatif comme ca l’était pour les Ludopathes dans l’ancien Fix. Continuez comme ca !!

    • 11 octobre 2016 à 18:18
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      Oui, on va continuer comme cela. Cela dit, cher lecteur, permettons-nous une précision : nous tressons aussi quelques louanges sur la tête de BBE en soulignant l’habileté et l’audace de ce plan de com’ inédit. 😉

      • 12 octobre 2016 à 09:24
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        Oui, il faut savoir féliciter ce qui doit l’être, et il faut savoir pointer du doigt les questions quand il y en a 🙂 c’est le travail du journaliste ! Et je suis ravi que vous le fassiez correctement !

  • 14 octobre 2016 à 18:02
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    Et il y a encore des annonces qui tombent… D’un côté je trouve ça très enthousiasmant, ça laisse penser que la marché va bien et se développe réellement, d’un autre coté je suis inquiet… J’ai connu ce que certains appellent « l’age d’or » et il y avait rarement autant d’annonces en VF et j’ai aussi connu le crash dans l’univers de la BD au début des années 90 où les éditeurs se sont emballés et que le marché n’a pas suivi… Ceci dit, je souhaite réellement que ça marche hein ! Mais après les années de disettes, j’ai l’impression d’être un gamin dans un magasin de jouets avec 3 francs 6 sous en poche (ça c’est pour le coté pré-euro et l’ancienneté 😉 )

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