Coup de BoL : on a pu interviewer Manu Roudier (2)

Manu Roudier est surtout connu pour être à la fois l’auteur du jdr préhistorique Würm et son talentueux illustrateur (Manu a également de nombreuses BD à son actif). Toutefois, c’est surtout pour évoquer sa participation à la nouvelle édition de Barbarians of Lemuria, actuellement en précommande chez Ludospherik, que nous avons voulu lui poser quelques questions. Interview : 2ème partie.

J’ai vu qu’il y avait du suivi prévu (écran, grande carte, recueil de scénarios…) : eh, c’étaient des paliers tout trouvés pour un foulancement, ça, non ?
Oui, et on y a pensé bien sûr, mais on a choisi de ne pas faire comme ça. L’idée d’Arnaud (M. Ludospherik) c’est de proposer un fonctionnement plus simple : une pure souscription, sans colifichets, depuis sa boutique. Concrètement, nous voulons faire savoir que le jeu sera publié, quel que soit le résultat de la souscription (ceci dit elle marche super bien, merci !). Ludospherik préfère avancer prudemment, un pied devant l’autre. Je ne vais pas te mentir, ça me plairait qu’on sorte tout de suite l’écran et la grande carte en couleur, mais je comprends l’envie de l’équipe de faire les choses bien, dans l’ordre, sans précipitation et effets d’annonce intempestifs, sans délais interminables et risques de retards. Il y a aussi le fait, très important, qu’on ne veut pas embrouiller les gens avec des tas de paliers, d’options et de formules. Là, il s’agit d’acheter, avec une belle ristourne, un livre qui sortira deux mois à peine après le début de la précommande. Point. Mais évidemment, on a déjà quelques coups d’avance, et des idées et des envies qui devraient se concrétiser dans les mois à venir, si la souscription continue de marcher comme elle marche.

Bon, aide-moi, je n’y comprends plus rien. Après les auteurs qui s’auto-éditent, les éditeurs qui vendent en ligne sur leur propre boutique, voilà qu’une boutique en ligne (Ludospherik) se met à faire éditeur. C’est un peu le bordel, non ?
Boah, pas tant que ça. De tous côtés, c’est une affaire de passionnés qui essayent d’équilibrer enthousiasme créatif et vitalité financière. L’équipe des éditions Ludospherik est composée de rôlistes vétérans et acharnés, et pour partie de gens qui travaillent dans le monde du jeu depuis un moment, à divers postes. Arnaud tient la boutique d’occasion Ludospherik, Vincent est traducteur depuis un paquet d’années (attendez de lire sa version des nouvelles de Clark Ashton Smith qui va sortir chez Mnémos !), Andrea est un collectionneur-archiviste, moi ça fait un petit bail que je roule ma bosse dans le jdr. Et tout ce petit monde a envie de créer, de publier, de tenter l’aventure. Barbarians of Lémuria, c’est apparu comme une évidence. C’est le jeu parfait pour se jeter dans la mêlée. Il est génial dans le fond et dans la forme, on savait qu’il nous permettrait de donner le meilleur de nous mêmes.

Puisqu’on te tient, on a quelques questions hors BoL à te poser. Würm doit être traduit aux États-Unis : alors, comment on dit rhinocéros laineux en anglais ?
On dit Wooly rhino, ça fait « in ». Je peux te dire que Würm en anglais, ça va être classe. Le livre de base va être superbe et légèrement mis à jour au niveau règles, ça devrait le faire. J’insiste là-dessus, mais la traduction est vraiment excellente. à Octogônes, j’ai eu le plaisir de rencontrer Kathy Calmejane qui a supervisé la traduction du livre de base et a assuré celle des deux livrets des Voix des Ancêtres et c’était super de pouvoir enfin lui dire de vive voix à quel point j’étais enchanté de son travail. A l’heure où j’écris je ne peux pas encore te dire exactement quand les livres seront disponibles en anglais, mais ça ne devrait pas tarder. Tous les éléments sont prêts, mais l’éditeur Nocturnal Media a pas mal de casseroles aux contenus appétissants sur le feu, c’est pour ça que ça a pris un peu de retard.

sardolith

Chez nous, l’éditeur de Würm, Icare, met la clef sous la porte ? C’est toi qui l’a coulé ?
Oh, j’ai bien dû y contribuer oui. Tous ces exemplaires à imprimer sans discontinuer, sous peine de rupture de stock quasi permanente ! Mais bon, je crois que les vraies galères de guerre qui ont bien perforé la coque du navire d’Icare, elles s’appelaient plutôt RSI, TVA, Plantades d’Imprimeurs, des trucs comme ça. Et ceci étant, le navire a quand même bien navigué pendant près de dix ans, ce qui n’est pas une petite prouesse, en ces temps houleux. Et je tiens à dire que Jean-François Morlaës a toujours honoré ses contrats et payé ses auteurs avec ponctualité. Donc il arrête Icare, mais il le fait en version « monsieur propre ». Après, je ne vais parler à la place de Jean-François, mais si l’aventure des éditions Icare se termine bien cette année, ce n’est pas la fin du voyage au pays de l’édition de jeux de rôles pour lui, loin de là.

Je suis le rédacteur du planning du Fix. Il y a une éternité de cela, j’avais écrit une entrée pour annoncer que tu participais à une nouvelle édition de L’Ultime Épreuve. Je peux l’effacer ou bien ?

Jamais de la vie, monsieur Clément ! Je t’accorde que par les temps qui courent, l’éternité a tendance à se contracter pour s’adapter à l’échelle de la fraîcheur 2.0 et ça n’est pas à mon avantage. Mais le projet est toujours sur ses rails et tu en entendras peut-être parler de nouveau prochainement. Malheureusement, les jours, les mois, les années passent à une vitesse ahurissante, et même en ne gardant dans mon emploi du temps que des projets passionnants, je n’ai pas le temps de tous les gérer de front. Du reste, je ne peux pas travailler intensément sur plusieurs ouvrages en même temps. J’ai besoin de m’immerger complètement, donc forcément, il faut que je sorte d’un bain pour plonger dans l’autre. Là c’est parce que j’ai provisoirement mis de côté mon activité BD que j’ai du temps pour d’autres projets, mais du coup comme ils se sont accumulés au fil des années, ça pousse derrière. L’Ultime épreuve Not Dead ! Il est dans mon planning 2017, l’année du coq de feu, une sorte de phénix qui fait cocorico.