Tarobiscoté

Pfff, avec les foulancements qui se croisent dans tous les sens, on en vient à perdre des vues des projets qui, pourtant, nous tiennent à cœur de bien des façons. Sont-ils sortis ? Sont-ils en retard ? Etc.

Prenons par exemple des nouvelles de la réédition de Maléfices par Arkhane Asylum. Après le succès indéniable de son foulancement en octobre 2018, l’éditeur a été discret autour de son nouveau bébé. Eh, c’est que, pour une fois, ce ne sont les gens de Fria Ligan (ou autre…) qui étaient chargés de rendre textes et illustrations ! Presque tout était à créer. Et ce n’est pas un grand secret trahi que de confirmer que, au moment du CF, il n’y avait pas encore grand chose d’écrit ou de dessiné…

Il faut dire que c’est une v4, certes, mais qui entend renouveler le jeu sur bien des points. En tout cas bien plus que la v3 de l’époque Editions du Club Pythagore qui avait cru bon de se montrer conservatrice au point de conserver la même fiche de perso (et le tirage de l’âge du PJ aux dés mais bon…).

Là, AAP a visiblement du solide à communiquer et, le moins que l’on puisse dire, c’est que, en effet, on ne cherche pas à faire du CTRL+C/CTRL+V !

Pour rappel, voici ce que donnait le matos originel :

Voici par exemple le prototype de la fiche de PJ.

Il y a de l’upgrade quand même là, non ?

(…) ah, je vous rassure : oui, il y aura des trucs d’écrit dessus dans les versions finales. ^^

Cela dit, en l’état de nos connaissances, les trucs écrits dessus, eux, ne devraient pas autant que les graphismes être différents de l’original. Cela reste, a priori, plutôt une option de réécriture light qui a été choisie par les auteurs et l’éditeur.

Mais c’est surtout au niveau de l’iconique Tarot que la proposition se fait radicale :

C’est… euh… en couleurs. Voilà, en couleurs. En beaucoup de couleurs. Quand même.

Alors, OK, OK, je suis d’accord : quand on y vit, la Belle Époque n’est PAS en noir et blanc, il ne faut avoir d’image fausse.

Cela dit, ce n’est pas tant le fait que ce tarot soit en couleurs qui étonne (pourquoi pas ?) c’est le décalage entre son usage en jeu et le côté guilleret de sa forme. Le Tarot de Maléfices sert notamment à un rituel de création de PJ avec ambiance tamisée, bougies, tirage de la main gauche et tout (si Mireille ne nous surveillait pas, c’est limite si on ne rajouterais pas un pentacle pour la forme…). Pas sûr de l’adéquation du truc, quoi.

Après, les goûts, les couleurs, toussa…

Fort heureusement, d’autres dessins comme ce magnifique « archétype » (à Maléfices, ce sont plutôt des propositions de création de PJ, au mieux) : là, l’inspiration revendiquée Art Nouveau/Sécession (le courant auquel appartenait Mucha) semble beaucoup mieux maîtrisé.

Si vous voulez voir d’autres images, y compris les autres lames du Tarot (pensez à vos lunettes de soleil !), vous pouvez suivre la page Ulule du foulancement du jeu : https://fr.ulule.com/malefices/

6 pensées sur “Tarobiscoté

  • 4 juin 2019 à 10:41
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    Et dans les commentaires du foulancement les avis sont plutôt négatifs envers ce tarot « chatoyant ». Et AAP devrait lire quelques livres sur cette « belle-époque » qui était loin d’être « belle » pour la grande majorité des personnes (ouvriers, journaliers, domestiques et autres). Alors dire que le côté coloré représente cette époque c’est limite réducteur même si évidemment il y a peu de chance de jouer des personnages ouvriers ou de faire des aventures à la Zola. Mais il ne faut pas oublier que maléfices est un jeu où le surnaturel est présent est souvent par son côté le plus sombre. Et si on fait un scénario relatant une joyeuse colonie de vacances c’est qu’elle tourne au désastre !
    Pour l’instant je reste très mitigé sur la tournure que prend cette nouvelle édition de maléfices.

    • 4 juin 2019 à 16:41
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      Comme indiquée dans les commentaires du foulancement ce n’est pas la qualité du travail de l’artiste qui est remis en cause mais la pertinence du choix des illustrations notamment dans le choix de couleurs très vives. Je pense que AAP a passé une commande et donc peut indiquer ce qu’il veut obtenir au moins dans les grandes lignes à moins d’avoir laissé toute latitude à l’artiste.
      Il faut bien se souvenir que Maléfices est un ancêtre du jeu de rôle et cette 4ème édition a donc un passé qu’on peut surement bousculé mais surement pas totalement oblitéré. Le risque est de voir les « vieux » monter au créneau pour défendre leur point de vue notamment avec leur relation spécifique à ce jeu.
      Je participe aussi au foulancement des Chants de Loss mais où mon avis sur la pertinence de telle ou telle illustration serait, pour moi, malvenue vu qu’il faut aussi connaître le jeu et son atmosphère pour en causer en connaissance de cause. Pour l’instant les illustrations montrées sont superbes.

  • 5 juin 2019 à 02:28
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    L’art est beau, réussi, mais totalement à côté de la plaque, que ce soit pour le côté tirage de carte immersif de la création de perso (cela fait trop jeu de société) que du côté Belle époque (suffit de trouver certains tarots de « spirites » de la Belle époque sur certaines ventes, c’est pas ça non plus). Succès critique pour les illustrations, Epic Fail pour l’utilisation avec Maléfices (Une inspiration à la Augustin Lesage aurait été de bien meilleur aloi par exemple)

  • 7 juin 2019 à 20:34
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    Il ne s’agit pas ici de remettre en question le talent du professionnel concerné, mais je n’adhère pas du tout au style trop enfantin/mignon/coloré (oui, il existe des tarot colorés ; mais pas que) adopté pour le tarot. A mon sens, le jeu original – que je possède – convient bien mieux à l’esprit. Mais là aussi, et en étant tout à fait objectif, celui-ci est bien loin de rendre hommage au jdr sentant le soufre (il faut toutefois recontextualiser sur ce dernier point en admettant que pour l’époque, etc… nous avions eu du très bon). Pour cette nouvelle édition, j’imaginais des illustrations au style clairement matures, très tranchées, quasi gothique mais mêlant des éléments d’iconographie 1900, en noir et blanc. Je suis convaincu que ce tarot présenté dans cet article n’inspirera ni le mystère, ni la part d’angoisse, ni le soufre que les séances de tirages préalable à la création de pj devraient susciter, de préférence dans la pénombre et à la lueur des bougies. Un aspect fort regrettable pour une aide de jeu aussi primordiale que celle-ci. Une question naïve : compte tenu que cette réédition de Maléfices aura été plébiscitée via crowdfunding et qu’une majorité de backers ne souscrit pas au nouveau set de cartes proposé, ne serait-il pas envisageable qu’Arkhan revoie la copie pour demander un nouveau cahier des charges – certainement plus adapté – à la même illustratrice ?

    • 8 juin 2019 à 13:53
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      La réponse de l’éditeur sur Ulule : « Les tests sont très intéressants, mais nous savions que ce choix artistique serait clivant. Il nous semble néanmoins intéressant de marquer le côté coloré et un peu fou de la Belle Époque et de prendre le contre-pied de la « noirceur » qui, à notre avis, ne sied pas vraiment à Maléfices, même si nous avons cédé à la facilité avec quelques illustrations plus « sombres » pour représenter la diversité des univers fantastiques ».

      Voilà, c’est clos ^^

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