La 404e règle du Bushido ?

Pas de tables, pas de cartes, pas de jets, pas de fiche de perso, mais de La Légende des Cinq Anneaux quand même, comment est-ce possible ? Tout simplement en se penchant sur le roman publié chez 404 Éditions : La malédiction de l’honneur, de David Annandale, sorti en fin d’année 2021.

Tous les fans de Rokugan vont pouvoir se plonger (si ce n’est pas encore le cas) dans cette première traduction française de 395 pages se déroulant à la frontière de l’Outremonde.

Et pour celles et ceux qui craignent ne pas retrouver leur univers JdR préféré avec ce roman, vous pouvez être rassurés, car c’est Pauline Marcel, la responsable de la gamme L5A pour Edge Studio, qui s’est occupée de cette traduction pour 404 Éditions.

C’est bien beau, mais il y a quoi dedans ? Avant de l’ouvrir on peut tout de même souligner que la couverture donne envie.

Et pour enfoncer le katana, hop petit coup d’œil rapide à la quatrième de couverture :

À Rokugan, terre de samouraïs, le bushido dicte sa loi d’airain. Pour laver son honneur, Haru Hida, héritier du château de l’Aube radieuse, se lance imprudemment à l’assaut de la mystérieuse cité de la Nuit affamée. L’attaque qui devait le couvrir de gloire tourne à la catastrophe, et la capitaine Ochiba et la lieutenante Barako doivent se porter à son secours. Elles ignorent alors qu’elles vont devoir affronter des forces maléfiques de l’Outremonde, qui ont réussi à franchir la Grande Muraille Kaiu qui protège l’Empire d’Émeraude.

À leur retour à la citadelle, alors que les intrigues politiques pour la succession de la daimyō s’intensifient, le soupçon s’instille dans tous les esprits : en plus d’avoir ruiné l’honneur de sa famille, Haru a-t-il introduit les démons au cœur même du château ?

Tous les ingrédients L5A sont ici rassemblés : les intrigues politiques, les dilemmes moraux, le respect aveugle (ou pas?) du code du Bushido, le sens du devoir, l’abnégation, sans oublier de quoi croiser le fer avec des créatures venant de l’Outremonde. Tout ceci s’équilibre plutôt bien et se lit tout seul. Trop rapidement peut-être car on aimerait poursuivre la lecture. Il est évident que si vous êtes allergique au clan du Crabe ou à l’Outremonde, ce roman ne sera peut-être pas votre tasse de thé. Cependant afin d’apporter un peu d’action (musclée) et de fantastique à ce type de roman venir se frotter au surnaturel de façon aussi frontale permet de taper large plutôt que de se cantonner au feutre des courtisans et courtisanes et à l’infusion des feuilles de thé des cours d’hiver. Ces dernières se prêtent peut-être un peu mieux au format des web-fictions proposées en ligne par FFG (même si le contenu est tout aussi assez varié) et que vous pouvez retrouver en traduction VF communautaire sur le discord de Edge Studio.

La seule réelle critique que l’on pourrait faire à La malédiction de l’honneur, est la présence d’un gros spoil au début du bouquin qui peut gâcher le plaisir de la lecture, ou au moins de voir venir le twist (quasi) final. Bien sûr les fans de l’inspecteur Columbo seront en terrain connu… mais non rassurez-vous le spoil n’est pas aussi énormissime. Il est vrai qu’il n’est jamais évident de vouloir planter cette petite graine qui fera qu’à la fin le lecteur se dira : « ah mais oui bon sang mais c’est bien sûr » (référence pour les dinosaures). Malheureusement même si le doute peut éventuellement planer jusque la fin, ici la petite graine est balancée dans la tempête de neige, ou plutôt la bataille, de façon tellement grosse qu’il est difficile de ne pas tout de suite comprendre et de ne pas griller la ficelle qui pour le coup s’apparente plus à une corde. Les plus tatillons pourraient avancer que la fin est un peu expédiée, il fallait boucler le roman. Mais nous ne sommes pas comme cela au Fix.

Est-ce que ce roman est destiné aux fans du JdR (ou JCE), à celles et ceux qui hésitent à se lancer dans La Légende des Cinq Anneaux, ou alors qui s’intéressent à un univers médiéval-fantastique sino-japonisant ? Et bien 404 Éditions permet à tout ce petit monde d’y trouver son compte, il permet de prolonger « l’aventure » L5A pour ceux qui sont en manque de cet univers et qui seront en terrain connu et pourra même donner aux meneuses ou meneurs en mal d’inspiration de la matière à moudre. Il permet aussi à ceux qui n’ont pas encore plongé dans le jeu de rôle de se faire une petite idée du contexte, des différentes options possibles, des enjeux et de ce qui fait l’âme de Rokugan, sans trop appuyer cependant sur les jeux de cours (les enjeux politiques et de lutte de pouvoir sont bien présents cependant). Enfin celles et ceux qui pensent que Fu-Leng ou Jigoku sont des styles musicaux seront face à un bouquin qui se lit facilement et les plonge dans un univers riche qui leur ouvre les portes de la cité de la Nuit affamée.

Merci à Clélie de chez Edi8

Une pensée sur “La 404e règle du Bushido ?

  • 13 février 2022 à 14:10
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    Alors je viens également de terminer cet ouvrage, et j’ai franchement apprécié ! Moi qui ai BCP de mal avec les titres tirés du JdR en général (étant donné le niveau littéraire ridicule d’une grande partie d’entre eux), j’ai passé un bon moment sur les terres du clan du Crabe. Un bon dosage entre aventures, horreur, bushido, intrigues de cour.
    Effectivement, le twist est ultra-prévisible, mais c’est tant mieux en fait ! Inutile d’en faire des caisses : c’est carré, c’est bien amené, et on se laisse prendre dans l’intrigue. L’auteur ne cherche pas à se la péter avec un ultra-bi-contre-twist-de-la-mort et privilégie les persos et l’intrigue.
    Avec les nouveaux romans SW sur la Haute-République, ce roman L5A est une très agréable surprise !

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