Quand y a Genesys, y a du plaisir !

Sorti en 2017 dans sa version originale, Genesys (pour GENEric SYStem) constitue la mécanique de base ayant servi à motoriser – sous sa forme prototypale – Warhammer 3ème édition puis – sous une forme plus aboutie – les jeux récents basés sur Star Wars.

Mis au point par FFG et prévu de longue date en français, l’ouvrage a hélas connu diverses tribulations qui en ont retardé la sortie, comme la pandémie, le rachat de FFG et Edge par Asmodée, la crise du papier, etc. Comme si le sort s’acharnait…

Mais enfin ! Genesys est sur le point de sortir dans notre beau pays. Ce n’est plus une légende : nos intrépides journalistes ont pu s’emparer du PDF de la traduction – un exploit dont tous ne sont pas sortis vivants… L’occasion de faire une rapide review en attendant une critique complète avec le livre imprimé.

Les dés bizarres

Ce qui caractérise en premier lieu Genesys, ce sont les dés inhabituels qui vont avec et qui ont déjà fait couler tellement d’encre numérique concernant l’itération starwarsienne du système.

En résumé, il s’agit de dés de format divers (du D12 au D6) qui affichent des symboles en lieu et place de valeurs chiffrées. Ces dés se divisent entre les positifs (qui représentent les attributs, compétences et bonus) et les négatifs (qui représentent la difficulté et les malus). Un joueur constitue sa main en prenant les « bons dés » octroyés à son personnage par ses caractéristiques et des circonstances propices puis en ajoutant les « mauvais dés » imposés par la difficulté de l’action et les contingences défavorables. Une fois tout cela lancé, les symboles s’annulent deux à deux (les échecs et les succès, les menaces et les avantages…) et la réussite de l’action dépend de ce qui reste. Twist intéressant, les avantages et menaces peuvent épicer une réussite ou un plantage par un effet de « oui et / mais » ou « non et / mais » : par exemple, accomplir une action avec des menaces indique que le succès est mitigé par divers soucis (j’ai bien réussi à forcer cette serrure mais la trace de mon passage sera visible) tandis qu’échouer avec des avantages limite la gravité du ratage (ce garde m’a repéré mais je suis encore assez loin de lui pour le semer). De plus, avantages et menaces présentent également des effets techniques pour les moments où l’inspiration narrative manque : donner un bonus à un allié, embarrasser un adversaire par une gêne, récupérer ou perdre du stress, activer les effets des armes, etc.

Bref, une mécanique de base qu’un enfant de maternelle parvient à comprendre (j’ai testé !) mais qui – au vu de ce qui se lit sur les réseaux sociaux – met en difficulté des adultes ayant souvent trente ans d’expérience sur Rolemaster. Et pour qui râle qu’il faut acheter les dés spéciaux, pas de panique ! Une application gratuite permet de les lancer virtuellement. Quant à ceux qui possèdent déjà ceux utilisés pour Star Wars, ils peuvent aisément les recycler (le système de symboles est rigoureusement le même).

Squelette

Si l’on met de côté cette originalité, Genesys présente tous les aspects d’un jeu de rôle plutôt classique. Un personnage s’y définit par un ensemble de Caractéristiques (Vigueur, Agilité, Ruse…) et diverses Compétences. Il possède également des Talents – des capacités spéciales bien utiles qui le personnalisent. Sa santé se mesure par deux jauges : les Blessures (des points de vie classique) et le Stress (qui mesure la fatigue et permet d’alimenter certains Talents). Le joueur choisit un Archétype et une Carrière afin de donner un cadre à son personnage, le dote de forces et faiblesses morales et lui octroie son équipement – en route pour l’aventure ensuite !

Mais quelle aventure ? Car Genesys reste un système générique sans univers défini. Cependant, l’ouvrage se présente comme une grosse boîte à outils permettant de greffer cette mécanique sur une foultitude de genres et mondes possibles. Pas moins de six contextes sont ainsi présentés en exemple : fantasy, steampunk, guerre uchronique, période contemporaine, science-fiction et space opera. Ils sont certes développés à minima mais l’objectif de ces chapitres est de montrer au meneur de jeu comment il peut utiliser Genesys pour motoriser son contexte préféré : personnaliser les Compétences, créer des Talents adaptés, inventer un équipement pertinent… Tout cela s’accompagne de nombreux conseils, qui constituent en réalité la plus grosse partie du livre.

On trouve ainsi un décorticage des interactions sociales, des règles de combat détaillés ou de nombreux mécanismes optionnels (la peur pour jouer dans un background horrifique, la gestion de la magie, le piratage informatique en contexte cyberpunk, etc.). Ces chapitres mêlent techniques et notes de création afin d’en faciliter l’appropriation.

Enrobage

La maquette de l’ouvrage se révèle d’une grande lisibilité, en accord avec son objectif de boîte à outils où il est nécessaire de repérer aisément les informations utiles. Tableaux en couleur, schémas détaillés, utilisation d’icônes, encarts clarifiant divers points et nombreux exemples permettent de naviguer au sein d’un livre pourtant dense et riche. Un sommaire clair et un index exhaustif complètent le tout et achèvent de faire de Genesys un modèle de jeu de rôle générique du point de vue de la présentation.

Idée plutôt chouette : les illustrations au premier abord finalisées révèlent leurs éléments de construction quand on les regarde attentivement (lignes de fuite, arrière-plans encore au brouillon, etc.). Une jolie façon d’illustrer l’esprit de l’ouvrage : à vous de construire votre univers avec les briques que Genesys fournit.

Vers l’infini et au-delà !

Il aura fallu s’armer de patience mais cette fois, Genesys est enfin sur le point d’arriver sur le marché français. Il y rejoint nombre de camarades adoptant la même approche (de Fate à Hitos en passant par Chroniques oubliées) mais possède toutefois une identité suffisamment marquée pour revendiquer sa place sans complexe. D’autant qu’il a motorisé avec succès l’un des univers les plus célèbres de la culture populaire !

Espérons à présent que l’imprimeur se hâte de donner une forme concrète à ce PDF pour que nous puissions en tourner les pages avec avidité – rêvant aux multiples mondes que nous allons pouvoir peupler de dés bizarres et colorés.

2 pensées sur “Quand y a Genesys, y a du plaisir !

  • 2 juillet 2022 à 20:26
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    Ouiiii enfin en VF. Je n’ai pas investi dans la vo parce que je l’ai découvert un peux tard et je me reserve pour la VF depuis. Un excellent système de jeu. Un peux déconcertant mais genial

  • 4 juillet 2022 à 13:24
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    « …met en difficulté des adultes ayant souvent trente ans d’expérience sur Rolemaster »…J’adore !

Commentaires fermés.