Face à VersuS

Quand la passion de lire et de jouer aux jeux de rôle ne suffit plus, l’étape suivante, c’est d’écrire son propre jeu. Et c’est ce qu’à fait Magnamagister, que vous connaissez sûrement si vous avez visionné l’une de ses vidéos Youtube, en écrivant VersuS, son propre jeu de Super-Héros. Enfin… de Super-Vilains pour être précis. Actuellement en souscription sur Game on Tabletop, jusqu’au 7 avril, nous avons été poser quelques questions à ce passionné pour en apprendre plus sur lui, mais surtout sur son jeu.

Le Fix : Bonjour MagnaMagister, peux-tu te présenter à nos lecteurs et lectrices ?

Bonjour ! Je suis Magnamagister, passionné de Jeu de rôle (mais pas que…) depuis presque 36 ans ! Je suis surtout maître du jeu (un peu joueur…), mais aussi acteur dans le milieu du jeu de rôle en tant qu’auteur, relecteur (sur les gammes Antika et Imperator) et maintenant “historien” et critique du jeu de rôle par l’intermédiaire de ma chaîne Youtube « Tabula Rasa ». C’est également le nom de mon association destinée à promouvoir notre belle passion, à organiser des parties et aujourd’hui à éditer mon projet nommé VersuS, jeu de rôle de genre super-héros où l’on joue des super-vilains .

Le Fix : Peux-tu nous parler de l’origine du projet et de son développement ?

Le projet remonte à une campagne DC Heroes 2ème édition menée en 2008 où tous les vilains de l’univers furent éliminés par un puissant rituel magique détourné par l’un des personnages-joueurs de ma table (joué par mon épouse…). Les postulats de l’univers de VersuS étaient posés. “Que se passerait-il si tous les méchants disparaissaient d’un jour à l’autre ?” C’est la question à laquelle je voulais répondre en créant VersuS. Les héros sont-ils toujours des héros s’ils n’ont plus d’ennemis à leur mesure à affronter ? Le mal est-il nécessaire pour que le bien triomphe ? Cela et plusieurs inspirations majeures comme les comics Watchmen, Kingdom Come et V pour Vendetta, en plus de la web-série Flander’s Company. J’ai fait un premier test du système de jeu la même année puis j’ai écrit le chapitre des règles les deux années suivantes. J’ai commencé à rédiger le background tout en testant le jeu jusqu’en 2012 ou j’ai fait une pause pour laisser maturer mes idées. J’ai repris le projet en 2020 en testant la campagne “L’Ultime Compromis” et en faisant évoluer l’univers de jeu à l’aune des décisions des joueurs jusqu’à aujourd’hui. En parallèle, j’ai terminé de rédiger le livre de base et la campagne et propose cette première “phase” en financement participatif en ce moment même sur Game On Tabletop.

Le Fix : Qu’est ce qui ne te plaît pas, ou que tu ne retrouves pas, dans les jeux de super-héros actuels ?

Bien qu’il y ait des univers issus ou non des grandes franchises officielles (Marvel ou DC), ils ne proposent pas un système de jeu satisfaisant à mes yeux pour émuler correctement le genre super-héros. De plus, ils proposent toujours de jouer des Héros, alors que l’idée de jouer des super-vilains n’a jamais été proposée dans un jeu en français (un seul en anglais – Necessary Evil).

Le Fix : Dans VersuS, on incarne des supers-vilains censés servir de caution au vrai super-héros. Malgré la montée en puissance qu’offre le jeu, ce n’est pas frustrant de devoir toujours perdre ?

Alors les vilains, qui sont des employés de la société VersuS, ne sont pas obligés de toujours perdre ! Ils doivent occuper les super-héros, les affronter, mais ne pas les tuer, plutôt les ménager et ne pas trop écorner leur image. L’important est de maintenir le statu quo sans que les héros et le commun des mortels ne découvrent le pot-aux-roses.

Le Fix : Est-ce qu’il n’y a que deux factions dans le jeu (les super-vilains et les super-héros), ou y a-t-il d’autres protagonistes. Un peu comme la bande à Butcher dans The Boys, œuvrant à la chute de Vought ?

Oui il y a bien plus que deux “factions”. En plus de VersuS qui propose ses vilains et Golden Age qui gère la carrière médiatique des héros, il y a une quarantaine de factions et organisations qui tempèrent très largement l’aspect apparemment très manichéen. En fait l’univers de VersuS n’est qu’en niveau de gris, et très foncé !

Le Fix : Les références culturelles ne manquent pas pour les univers super-héroïques. L’univers de VersuS s’inspire t’il particulièrement de certaines ? Quelles sont tes références majeures dans ce domaine ?

VersuS s’inspire en effet de nombre de comics, de séries et de films de super-héros, dont ceux que j’ai cité plus haut, mais je pense qu’il y a toujours une bonne idée à prendre dans la majorité d’entre eux, même celui qui paraît le plus raté ou grotesque. En plus des trois qui ont été mes inspirations majeures je citerais : The Boys, Invincible, Superman Red Son, Civil War, Crisis on Infinite Earths… Il y en a trop d’excellents en fait !

Le Fix : Les joueurs incarnent-ils « deux personnages » ? À savoir, le super-vilain médiatique, et son alter-ego civil, moins connu du grand public ?

En fait, le joueur incarne un personnage doté de super-pouvoirs qui joue le rôle d’un vilain. Il n’a que très rarement une vie en dehors de la société VersuS. Il vit donc essentiellement au sein des locaux de la corporation, en vase clos, et dispose de tout ce qui lui est nécessaire pour ne pas avoir à sortir à l’extérieur en dehors de ses heures de travail. Il n’a par conséquent pas d’alter ego civil. Son identité réelle est un secret très bien gardé et il bénéficie d’une protection très efficace garantie par son employeur, tant qu’il respecte les termes de son contrat et ses quotas.

Le Fix : Le jeu est-il un jeu à mission (dictée par la société Versus) ou les PJ sont-ils libres de fomenter leur propre plan machiavélique ?

La proposition ludique de base est le mode dit assignation. Les personnages-joueurs sont affectés dans un ville (au choix du Scénariste – le nom du MJ dans VersuS) et doivent faire leur job de vilains en fomentant de sales coups que les héros s’empresseront de déjouer. La ville est un grand bac à sable où les joueurs seront invités à interagir avec les héros et les vilains, des employés comme eux, afin de sauvegarder les apparences. A cet effet le livre de base propose des tables de “Bavures et Manigances” qui proposent des défis que les personnages joueurs devront réaliser pour justifier leur salaire !

Le Fix : La souscription propose deux campagnes : Ultime compromis et Héros de l’age d’or. Peux-tu nous en dire plus sur le contenu et les enjeux de ces campagnes ?

Sans vouloir trop en dévoiler, les deux campagnes sont en fait les deux points de vue de la même intrigue. D’un côté, “l’Ultime Compromis” permet à des Vilains de VersuS d’être amené à affronter des ennemis et entités de dimension cosmique afin de décider de l’avenir de leur monde, tandis qu’avec “les Héros de l’Âge d’Or”, de vieux “vigilantes” sorti de leur maison de retraite reprendront du service pour sauver l’humanité de l’extinction. Elles proposent de remettre en cause les postulats de l’univers de jeu afin que le groupe de joueurs puisse créer sa version personnelle de VersuS.

Le Fix : On sait, à travers les vidéos de ta chaîne youtube Tabula Rasa, que tu aimes les jeux aux univers velus ou encore les multivers. Est-ce qu’on retrouve un peu de tout ça dans VersuS ?

Oui. J’aime les backgrounds riches et complexes et celui de VersuS, même s’il est déjà bien dessiné dans ses grandes lignes dans le livre de base, fera l’objet d’un développement dans les futurs suppléments de la gamme. Et oui le Multivers est un de mes thèmes de prédilection et il fait partie intégrante de l’univers de jeu !

Le Fix : Sur la page de la souscription, il y a des illustrations qui sont générées par des IA. Est-ce temporaire et exclusif le temps de remplir la page de la souscription ? Ou y en aura-t-il également dans les ouvrages ?

Il y aura à la fois des illustrations réalisées par un illustrateur traditionnel (la couverture du livre de base, l’écran, les personnages prétirés et quelques autres) mais les illustrations des PNJ ont été réalisées par mes soins à l’aide de Mid-journey faute de temps et d’argent. Je sais que cela a généré polémique et débat mais Tabula Rasa est une minuscule structure associative et je n’ai pas eu d’autre choix pour faire aboutir le projet.

Le Fix : Pour parler un peu du système, l’utilisation de multiplications ne risque-t-il pas de pénaliser le côté fluide et héroïque recherché ?

Je ne pense pas, cela reste des calculs simples et la procédure de résolution est très ludique. Et on peut doser le niveau de simulation en fonction de la précision que l’on souhaite amener dans sa manière de jouer à VersuS.

Le Fix : système de jeu toujours … VersuS est il un jeu plutôt axé sur une forte personnalisation des personnages créés ou bien plutôt un système plus libre pour l’expression des pouvoirs des Vilains incarnés par les joueurs ?

Le système de création de personnage est très libre. On choisit un archétype de vilain qui est avant tout un guide pour son roleplay et précise le rôle que l’on jouera dans le jeu. Le reste ne consiste qu’en des répartitions de points entre les aspects, compétences, pouvoirs avantages et désavantages (à équilibrer) à savoir que les intitulés des compétences et pouvoirs sont libres, même si j’ai inclus de nombreux exemples.

Le Fix : VersuS est financé. Quelle sera la suite pour toi et pour Tabula Rasa ?

Et bien après la livraison des livres de cette première “phase”, un suivi de gamme avec plusieurs nouveaux financement seront proposés l’année prochaine : le who’s who des héros et des vilains, un recueil de scénarios à mission thématiques et une deuxième campagne “Les Tisseuses de la Destinée”, qui fera suite à la première et continuera de faire évoluer l’univers de VersuS.