Mon nom est Légion, car nous serons nombreux
Il en sort de partout !
Non, pas encore des rôlistes en culottes courtes, certes. Mais, déjà, des jeux spécialement conçus pour l’initiation et la découverte. Et ça, c’est bien.
Cette fois-ci, c’est un nouvel acteur nommé Stat Games qui lance un nouveau projet de ce type. Derrière cet éditeur encore inconnu se cache le romancier Sullivan Lord, déjà auteur de la première adaptation de Cobra en JdR parue en 2013 chez Pulp Fever.
Cette fois-ci, c’est un de ses propres romans que l’auteur se propose d’adapter en JdR : Utopia, penser nuit gravement à la santé.
Bon, penser, OK mais, heureusement, les pitchs, ça c’est autorisé, ouf !
Bienvenue à Utopia, fleuron technologique moderne, verte patrie de l’espoir. Ici le chômage n’existe pas. Ici la criminalité s’apparente davantage à un concept abstrait qu’à une réalité. Tous les Citoyens naissent libres et égaux en droit. Tous ont la possibilité de vivre harmonieusement auprès de leurs semblables en vénérant les stars du tout puissant Médiastère, le ministère des Médias. Dans cet univers ô combien parfait, les joueurs incarnent des Agents du Sécu-Réseau, prêts à pourchasser ces rebelles impies qui se surnomment les Éveillés ! Voire ils incarnent ces mêmes Eveillés à leurs risques et périls !
Bref, comme on le voit, on est ici dans le domaine désormais bien connu de la dystopie qui plaît tant à nos adolescents. Pour un jeu d’initiation, cela semble cohérent.
Évidemment moins adapté est le modèle économique du jeune éditeur. A la différence d’un D-Start, le jeu est actuellement en foulancement chez Ulule. Et un plutôt velu avec des foultitudes de trucs à financer, de paliers sociaux, etc. Pas idéal pour s’adresser à un public de Béotiens.
Pour l’essentiel, si on met de côté les dédicaces de l’auteur ou la boîte collector, il s’agit de financer deux ouvrages.
Tout d’abord, Le Guide de survie d’Utopia est le livre destiné aux débutants. Pensé pour permettre une prise en main rapide, il comporte le background et le système de jeu complet. Conçu sur un mode évolutif, ce système s’adresse également aux vétérans puisqu’il comporte de nombreuses règles avancées. Ainsi, la fiche de personnage peut s’utiliser en mode débutant (recto) ou en mode expert (recto-verso). Le livre contient également des personnages pré-tirés et le scénario d’introduction, « Baptême du feu ».
Par la suite, Le Manuel d’oppression du Haut Dignitaire est le livre destiné au MJ. Il présente des conseils et surtout 6 scénarios qui forment une saison complète d’épisodes (en référence aux séries TV). Cette « saison » appelée « Utopia Blues » est conçue pour donner à jouer pendant plusieurs mois.
Comme on le voit, tout cela est plutôt classique.
Et c’est là où on se fait chagrin. En effet, malgré toute la sympathie que nous inspirent ces projets d’initiation, celui-ci s’accompagne de rodomontades surprenantes compte tenu des choix opérés. On lit en effet sur la page du CF : « Chez Stat, nous pensons qu’il est temps que le jeu de rôle évolue avec des formats plus légers, des illustrations plus immersives, mais surtout avec des mécaniques de jeu plus souples. » Ce même passage dévoile LE modèle en matière d’édition de JdR innovants de Stat Games : le TSR de l’époque D&D et Marvel Super Heroes.
Quand on prétend révolutionner le jeu de rôle, il serait peut-être bien de prendre en compte le fait que *quelques* expérimentations ont été menées avec succès en matière de formats et d’ergonomie des règles depuis les années 1980. Non ?
Bon y’a pas que ,moi qui suis méchante.
Mais moi c’est sur le fait de râler sur l’échec apparent du CF d’un produit qui n’a eu aucune comm’ avant de se lancer… et s’étonner que ca marche pas !
Sans être méchant, c’est le coût de l’objet qui me paraît prohibitif pour un JDR d’initiation : 125€ pour la boite, les manuels et le paravent… hum… ça pique !
Je crois que tout le monde se fera une idée de ce projet qui porte excellemment bien son nom.
Sans revenir sur les détails de « l’affaire Cobra 2013 » qui a miné cette édition, je préciserai simplement que la participation de Sullivan Lord se limite à quelques textes non relus pour la partie encyclopédique, livrés en catastrophe au bouclage alors qu’ils étaient sensés être bouclés depuis 1997. Il faut donc rendre justice aux autres collaborateurs de l’époque qui ont donné leur maximum en un temps minimum : Alexandre Durand, Elise Lemai, Laurent Devernay, Willy Dupont et Mahyar Shakeri pour les textes du reste du livre, moi-même pour la section règles (sans oublier Raphaël Hamimi qui géra du mieux possible les tests) afin justement d’éviter le plagiat des règles de Marvel Super Heroes de chez TSR.
La Redac6on précise qu’elle n’est en aucun cas en mesure d’apporter son éclairage sur ce que dit Laurent ci-dessus dans un commentaire qui n’engage que lui. Nos commentaires sont bien évidemment ouverts également à Sullivan Lord s’il désire répondre à Laurent sur cette expérience commune.
Tout à fait. Mon commentaire était simplement une précision qui me semblait nécessaire à l’affirmation : « …déjà auteur de la première adaptation de Cobra en JdR parue en 2013 chez Pulp Fever » afin qu’il n’y ait pas d’amalgame (en espérant que cela ne pose pas de gêne à la Redac6on). Cdlt.
En tout cas, au delà de ces polémiques, la qualité graphique de l’ensemble fait clairement envie ! Ce genre de paravent c’est ce qu’attendent les joueurs : un regard vers le MJ et on est dans l’ambiance ! Faites de la pub sur les forums intéressés !