Un café et pas l’addition !
Tous les rôlistes du vendredi soir le savent depuis longtemps : le café est ton ami. Surtout vers 2 h 00 du mat’ quand, enfin, après moult péripéties, vient le moment d’élaborer un plan génial pour prendre d’assaut la forteresse inexpugnable du grand Zokploub IV. Du coup, un jeu de rôle qui s’appelle Café Noir, ça fait double bingo. Il fallait qu’on en sache plus. Instantanément. Alors, on a serré son auteur, Doc Dandy, et il a percolé.
1. Tous les amateurs le savent : un bon café, c’est al banco et vite avalé. Cela veut-il dire que Café Noir se joue lui aussi sur le pouce ?
Totalement mais ça se savoure aussi. Café Noir est définitivement un jeu pour jouer sur le pouce. Généralement on va pouvoir y jouer sans préparation pendant 2-3 heures. Et si on a déjà des personnages prêts ça prend 1 à 2h. Des parties fortes, serrées et bien amères. Mais rendons au Surcapitaine ce qui est au Surcapitaine, Café Noir est essentiellement un hack de Macchiatto Monsters et c’est son jeu qui m’a convaincu que l’on pouvait faire des jeux pour jouer autour d’un café.
2. J’ai essayé de lire l’intro de ton jeu mais je me suis arrêté à « concept intra diégétique et méta ». Gnéééé ?
Voilà ce qui arrive quand on ne suit pas les articles théoriques des intellos rôlistes (LOL). La diégèse c’est la fiction. Le titre est donc intradiégétique car les personnages se connaissent en fréquentant le même café/bar/dinner DANS la fiction. C’est méta parce que l’idée du jeu c’est de faire en sorte que ce soit aussi le cas des joueurs. Le format est prévu pour jouer dans des cafés/bars/etc.
3. Bon, OK. Pour résumer, pour faire un jeu Noir, tu as choisi d’adapter un système medfan OSR. Tortueux, non ?
Pas tant que ça! Adapter du donj’ à d’autres univers c’est plutôt courant. Ce n’est pas les années 2000 et la vague des jeux OGL qui vont me contredire. Pour le coup Café Noir est un vrai jeu OSR mais dans un contexte différent. Les personnages sont des individus qui vont travailler ensemble avec leurs ressources limitées, leurs spécialités qui les rendent précieux pour le groupe et explorer la cité pour plonger dans ses secrets. Comme dans un bon jeu à la sauce OSR, le jeu exige que les joueurs s’investissent pour trouver des solutions, le meneur lui doit être capable d’improviser et de récompenser les idées créatives. Et j’ai construit le jeu pour qu’il fournisse l’essentiel des outils pour que le meneur gère sa partie comme il entende mais sans devoir tout inventer par lui même. Même si cette version sera étendue avec une version « allongée » d’ici un an.
4. J’ai déjà Hellywood. C’est pas mal ma tisane pour du Noir (quitte à virer les démons et les succubes). Pourquoi faudrait-il que je me mette au café ?
C’est intéressant de voir qu’on ne poserait pas cette question pour du Space opéra, du donjon ou un JdR sur Lovecraft. Le Noir est très peu présent dans la production rôliste et c’est, à mon sens, un manque à combler. Si tu as déjà Hellywood je te dirais que c’est cool, j’ai moi-même relu le jeu durant la rédaction de Café Noir (idem pour Blacksad). Café Noir se pose à l’exact opposé d’Hellywood en terme de proposition de jeu. C’est un super jeu pour jouer en campagne, avec un système intéressant mais assez lourd et un univers développé et riche. Café Noir se joue vite, sans préparation et dans un monde émergent.
D’ailleurs Café Noir c’est du contemporain, on roule en Ford Grand Torino et on a des smartphones. Pourquoi? Pour des raisons d’accessibilités. Dans Café Noir tu as les repères du genre sans devoir te demander si la télé existait en 1947. Et puis Sin City est une des références premières pour Café Noir. Mais les puristes de l’époque phare du genre (les années 40-50) seront rassasiés avec une extension à venir qui explorera les années 40 avec des durs à cuire encore plus borderline (à la James Ellroy).
5. Tu prévois pas mal de précautions comme l’emploi d’une X-card par exemple. Ce n’est pas un peu antinomique avec l’exploration du genre Noir ?
Au contraire, c’est tout à fait à propos. Café Noir est un jeu qui parle de violences, qu’elles soient physiques, morales ou sociales et il me paraissait prudent de prévenir que le jeu peut amener à des situations difficiles pour certains joueurs. Par exemple l’une de mes parties récentes s’est achevée sur une vente aux enchères de femmes pour des notables. Pas vraiment le genre de situation plaisante. Même si le jeu de rôle impose qu’on créé une distance entre ce que vivent nos personnages et nous, parfois on a du mal avec des situations fictives. Cela me parait responsable de prévenir un éventuel malaise pour les joueurs. Et puis la X-Card n’est ni imposée, ni le seul outil proposé dans l’ouvrage. Juste une proposition qui peut servir, ou pas.
6. OK, tu m’as convaincu. Comment je me fais infuser cette merveille ?
Cela tombe très bien car le jeu, après une avant première très prometteuse à Octogônes, le jeu est disponible immédiatement sur Lulu pour un prix modique. D’ailleurs le PDF est gratuit, lui. Ma volonté est de fournir un outil simple et peu onéreux pour jouer rapidement et accessible à tous. https://www.lulu.com/shop/search.ep?contributorId=1560102