Malins comme XII Singes (1)

C’est rien de le dire : le marché du jdr francophone bouge. Financement participatif, communication innovante, associations entre éditeurs et/ou organes de presse, etc. Chez Di6dent, toutes ces questions là nous passionnent. Mais, on est comme vous : des fois, ça va vite et le sens de pas mal de trucs nous échappe. Alors, dans ces cas là, on n’hésite pas à aller frapper à la porte d’un vieux singe qui peut nous en apprendre beaucoup. Et pas que sur les grimaces.

Première partie d’un entretien avec Sébastien Célerin, directeur éditorial des XII Singes.

Aha, alors, avec Venzia puis Man in the Maze, les derniers résistants au crowdfunding rendent les armes, pas vrai ?

Sébastien : Tu vas dire que je fais de la langue de bois, mais… Ces deux projets sont des précommandes participatives. Il y a une petite différence. Chaque click est un achat (débité immédiatement) que nous nous engageons à produire même si le premier palier n’est pas atteint, à moins d’annuler dans les premiers jours l’aventure.

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer d’avis sur le financement participatif ?

Sébastien : En fait, nous n’étions pas opposés aux financements participatifs. Nous n’en avions pas besoin. Notre modèle économique est bien rôdé. En revanche, il est vrai que nous nous interdisions certains projets car il représentaient un risque financier, comme une première édition tout en couleurs ou une boîte pour la première édition d’une campagne.

Est-ce que cela veut dire que vous passerez systématiquement par le crowdfunding désormais ?

Sébastien : Pas du tout. Les sorties récentes, entre Venzia et Man in the Maze, en attestent. Les XII Singes proposeront en début d’année Paris pour Terra Incognita, La Confrérie des Hippogriffes pour Venzia et les prochains suppléments Dieux Ennemis et Trinités en boutique. Et il y aura bien d’autres publications par la suite.

Pour commander Man in the Maze, il faut que je clique sur un lien comme ça : http://www.black-book-editions.fr/crowdfunding-46.html. Est-ce à vos yeux un problème de passer par une plate-forme de financement gérée par un éditeur concurrent ?

Sébastien : Si c’était le cas, nous n’aurions pas sollicité ce service.

À mon avis, le seul élément qui pourrait peut-être faire hésiter un éditeur d’avoir recours à Casus Belli, c’est le fait que ses clients s’ajoutent à la base de données de son concurrent. En effet, chaque nouveau client communique ses coordonnées. Cela dit, notre législation donne des garanties aux consommateurs comme aux acteurs économiques sur l’usage qui peut-être fait de ces données.

Ou bien, il est possible de considérer qu’une autre plate-forme procure une meilleure audience.

La question s’est posée pour Man in the Maze. Une campagne fantastique et contemporaine a en effet plus de chance d’intéresser les souscripteurs de la V7 de l’Appel de Cthulhu que ceux de Héros & Dragons. Cela dit, nous ne regrettons pas notre choix. Nous sommes heureux d’avoir pu avoir une relation privilégiée avec les habitués de Casus Belli.

Man in the maze a été financé au bout de 48 h. Vampire : L’Âge des Ténèbres (chez Arkhane Asylum) en vingt minutes. Alors, la lose ?

Sébastien : C’est un peu une habitude du Fix de voir le verre à moitié vide, voire au trois-quarts vide, non? On ne peut pas comparer le résultat commercial d’une création française au premier jour et la traduction d’une édition compilée d’un best-seller anglo-saxon vieux d’une décennie, tu ne crois pas ?

Pour Venzia hier et Mindjammer demain, il s’agit de partenariats avec Le Manoir du Crime. Je m’y perds un peu : que font les XII Singes dans ces projets à part apposer leur joli logo sur la couverture ?

Sébastien : Nous apportons notre regard éditorial, nous participons à bon nombre de tâches opérationnelles (comme la maquette, la relecture, le contrôle des fichiers d’impression), nous suivons la production, notamment en donnant des garanties aux fournisseurs que ni une association ni un particulier ne peuvent donner à une entreprise, comme un fabriquant.

OK mais pourquoi un accord avec cette association-là en particulier alors ?

Sébastien : Eh bien, ils sont venus à nous. Nous avons discuté. Assez rapidement, un accord a été possible car nous nous apportions mutuellement des compétences. Et surtout, nous n’étions pas d’accord sur tout mais immédiatement un dialogue très constructif a été possible.

En fait, ce n’est pas très différent des autres collaborations que nous entretenons. Dans le cas présent, l’équipe est en partie réunie au sein d’une association. Nous sommes ouverts à d’autres collaborations avec des associations. C’est d’ailleurs le cas sur d’autres des publications des XII Singes.

(à suivre…)