JdR éprouvettes

Votre serviteur a beau éplucher le web rôliste et les réseaux sociaux dédiés afin de tenir pour vous notre célèbre planning (à peu près…) à jour… eh bien, parfois, il faut bien constater que les petits mondes (notez le pluriel) du JdR, même francophone, restent si souvent tortueux que certains projets restent encore à l’écart de notre veille. C’est ainsi le cas de la structure JdR Lab qui, pourtant, a déjà deux projets à son actif et est fort justement en train d’essayer d’en foulancer un troisième. En espérant que l’on n’arrive pas trop tard (il ne reste qu’une poignée de jours !), on leur a donc posé quelques questions afin qu’ils nous en disent plus sur leurs activités.

1. Bon, on ne va pas se mentir : jamais entendu parler de JdR Lab alors que c’est votre 3ème foulancement, dîtes donc. C’est votre faute ou la nôtre ?

Alors ça, c’est un grand mystère ! C’est vrai que pour nos deux précédents foulancements, nous ne sommes pas venus frapper aux portes des sites d’informations, surtout pour Légendes des Éléments : c’était notre premier projet, et quelques sites ont spontanément parlé de nous, comme le Grog par exemple. Et ça a marché, puisque nous avons atteint tous les paliers visés ! Pour Magical Fury, nous avons diversifié la communication, en publiant par exemple sur Casus No, sur le forum de Black Book Editions ou encore sur Tric-trac ; nous avons aussi eu droit à des fiches sur le Grog. Là aussi, nous sommes parvenus à atteindre tous les paliers que nous avions envisagés. Pour Epyllion, qui est un projet ambitieux, nous mettons les bouchées doubles !

2. Mouais, mouais, mouais. On reviendra sur cette sombre histoire mais l’actu avant tout : il reste quelques jours à peine pour participer à votre foulancement actuel, dédié à la VF d’un jeu nommé Epyllion. Tu peux nous faire l’article ?

Epyllion, c’est un jeu de rôle dans lequel les joueurs incarnent de jeunes dragons grandissant dans un monde peuplé de dragons. Les jeunes dragons vont devoir affronter la Noirceur, une menace qui a déjà failli engloutir le monde de Dragonia il y a des millénaires et qui commence à refaire surface. Mais ce faisant, ils vont surtout pouvoir explorer ce monde, et même participer à la création de certains détails, comme la faune, qui n’est pas constituée d’animaux normaux mais de créatures hybrides mélangeant les traits de plusieurs animaux : soulibris (des petits rongeurs volants qui butinent le nectar des fleurs), requinges (de dangereux et agiles prédateurs marins, amateurs de banapoulpes) et autres chapillons peuplent ces contrées.

Le thème principal du jeu est l’amitié, qui est représentée par des pierres de couleur que les dragons s’échangent et qui constituent une ressource utilisable en jeu pour faire appel à la magie des cinq Lunes de Dragonia.

3. Jeunes dragons, pierres d’amitié, illustrations toutes choupi…. c’est un jeu pour enfants ou quoi, en fait ?

C’est un jeu tout public : on peut y jouer entre adultes, bien sûr, mais aussi avec des enfants. Déjà, parce qu’il a le thème rêvé : les dinosaures ont déjà une place de choix dans l’imaginaire des petits, alors les dragons, n’en parlons pas ! Mais également parce que, du point de vue des règles, le jeu est conçu de telle manière que le recours à la violence n’est jamais directement proposé : contrairement à beaucoup de jeux de rôle, il n’y a pas dans Epyllion de chapitre dédié au combat, ni d’invitation à choisir une arme sur la fiche de personnage. En revanche, il y a beaucoup d’éléments concernant les interactions sociales entre dragons. Cela ne veut pas dire que le recours à la violence n’est pas possible, ni qu’il est impossible d’aborder des thèmes plus sombres et plus matures en jouant à Epyllion : les scènes de combat sont juste traitées et résolues comme n’importe quelle autre situation dans laquelle les dragons se mettent en danger.

C’est donc un jeu particulièrement adapté pour jouer avec des enfants, oui, mais pas seulement.

4. Quoi qu’il en soit, l’univers a l’air assez accessible et même plutôt catchy pour le grand public. Du coup, le choix de l’autrice d’un système dérivé de l’Apocalypse, ce n’est pas un peu risqué pour un tel jeu ?

Marissa Kelly est la co-fondatrice de Magpie Games, éditeur très connu pour ses PBTA (on pourra citer Masques : une nouvelle génération, Urban Shadows, Cartel parmi ceux qui ont été édités en français). C’est peut-être même l’éditeur le plus prolifique pour ce système, donc ce choix système est presque une question d’ADN pour eux. Le foulancement de leur petit dernier, Root, qui s’appuie sur la licence du jeu de plateau du même nom, a réuni plus d’un demi-million de dollars, 600 000 $ pour être exact. Ça montre bien que, de nos jours, les jeux propulsés par l’apocalypse sortent de l’ombre.

D’ailleurs, les retours sur les parties que nous avons animées pendant des conventions sont très positifs : les néophytes du JDR comme les vétérans des jeux dits traditionnels se sont tous très bien pris au jeu. Il faut dire que parmi les PBTA, la formulation des moves dans Epyllion est particulièrement élégante.

Nous avons aussi fait le choix d’intégrer l’Encyclopaedia Draconica au livre de règles pour le rendre moins aride : en plus des mécanismes liés au genre, il offre ainsi des éléments de contexte concrets et de lore qui, à notre avis, répondront aux attentes de certains joueurs mitigés sur le système Apocalypse.

5. Le CF prévoit pas mal de chouette matos, notamment les « dracocartes ». Or, on ne va pas se mentir, il est peu probable que tous les paliers soient atteints. Du coup, le jeu reste jouable avec juste le livre ou bien quoi ?

Comme pour beaucoup de jeux de rôle, la seule partie totalement indispensable est le livre de règles. Les dracocartes proposent 28 PNJ prêts à jouer ; dans la VO, il s’agit d’une extension au même titre que l’Encyclopaedia Draconica qui sera disponible en PDF du moment que le seuil de financement initial est atteint. Les paliers suivants nous permettraient de proposer les cartes sous forme physique, voire d’étendre le deck par des créations originales. Nous avons donc fait en sorte que le maximum de choses soient disponibles d’entrée de jeu, et que les paliers supplémentaires soient des améliorations de cette base large et solide comme un popotin de dragounet !

6. Bon, donc, il paraît que le JdR Lab infuse depuis un petit moment déjà. C’est quoi cette histoire ?

Effectivement, JDRLab infuse depuis un moment déjà. Son objectif, c’est de faire connaitre au public francophone des jeux indépendants, souvent narratifs, parfois innovants, ou de donner à des créateurs les moyens de diffuser leurs jeux pas uniquement en PDF et pas uniquement à un public d’initiés. C’est début 2019 que les choses ont vraiment commencé à prendre forme, quand Marie a rejoint l’aventure, et c’est comme ça que le projet Légendes des Éléments a pu voir le jour. La petite famille s’est ensuite élargie quand Angela nous a rejoint pour Magical Fury sur les aspects graphiques – allez jeter un œil à l’aperçu de la maquette sur notre site web ou sur itch.io, le résultat est exceptionnel ! Avec les projets à venir, l’équipe va continuer à s’agrandir.

7. Vous avez donc déjà deux foulancements à votre actif mais je n’ai jamais vu aucun de ces deux jeux en boutique. Qu’est-ce qui se passe ?

C’est un des points sur lesquels nous travaillons ! Pour chacune de nos campagnes, nous avons proposé des contreparties réservées aux boutiques : pour Légendes des Éléments, nous avions simplement ouvert la possibilité, sans démarcher activement, et la boutique Gorakou, à Limoges, a répondu à l’appel ; pour Magical Fury, nous avons commencé à contacter des boutiques pour leur parler de nous et du projet, si bien qu’il est actuellement disponible dans cinq boutiques dans toute la France !

Dans le cas d’Epyllion, nous avons étendu ce démarchage actif à d’autres pays francophones, comme la Suisse, la Belgique et le Canada, et cette opération commence à porter ses fruits. Comme nous travaillons directement avec chaque boutique, la diffusion est plus lente, mais elle progresse.

8. Alors, vu que vous avez l’air d’être franchement productifs, vous devez bien avoir déjà un prochain projet en ligne de vue, non ?

Effectivement, on a plusieurs projets dans les cartons ! Nous allons publier sous peu les Aventures en une page de Jan Van Houten, ainsi que la version lite de son jeu Sodalitas, dont la présentation a été reprise par l’excellent Nicolas Folliot. Des aventures system-agnostic super inspirantes et un jeu pensé pour les néophites, très pédagogique. Nous préparons aussi la publication d’un jeu de Scott Malthouse inspiré de l’univers des nouvelles de Lord Dunsany, auteur de nouvelles de fantasy avant l’heure. Enfin, Écrasez toute rébellion va avoir droit à une version playtest en PDF permettant de l’affiner ; il s’agit d’un jeu de rôle compétitif sans MJ qui met en scène les âmes damnées d’un empereur galactique tout-puissant. Ces agents faussement dévoués à leur maître doivent parvenir à achever avant les autres leur plan machiavélique visant à devenir calife à la place du calife.

D’autres projets sont en sommeil et attendent juste que nous ayons fini de mettre en œuvre tout ça avant de déferler sur le monde !

http://www.jdrlab.fr/