Rôle ‘n Play, Le jeu de rôle en “plug and play” (prêt à l’emploi) [chronique]

Introduction : nouveauté ou simple évolution ?

Lorsqu’on est comme moi un “vieux” rôliste, avec ses 35 ans de pratique de notre très cher loisir, il y a toujours le risque de porter un regard biaisé par son vécu sur les initiatives récentes visant à populariser ou rendre accessible le JdR. Ce risque est encore plus grand lorsque, comme moi, vous avez commencé votre vie de rôliste et de meneur à travers la découverte de la mythique boîte Initiation au Jeu d’Aventure de l’Oeil noir 1ère édition au milieu des années 80. Une boîte réputée pour sa façon remarquable de faire découvrir le JdR à un public totalement nouveau, et qui peut faire courir son ombre de mètre étalon encombrant sur les nouvelles productions si on n’y prend pas garde.

Mais aujourd’hui le jeu de rôle, et la société dans laquelle il s’inscrit, sont très largement différents de ce qu’ils étaient dans les années 80. Notre loisir est bien plus largement connu et populaire, et le genre de la fantasy est devenu un pilier de la culture mainstream. Alors, s’il ne faut évidemment pas s’arcbouter sur les œuvres exceptionnelles du passé glorieux comme la boîte Initiation au Jeu d’Aventure de l’Oeil noir, il y a tout de même un véritable intérêt à mettre cette référence en perspective avec l’œuvre qui va nous occuper aujourd’hui : la boîte Initiation au jeu d’aventures de Rôle ‘n Play.

En effet, si il faut se garder des comparaisons basiques et vides de sens, il y a par contre un intérêt réel à voir (à travers les similitudes et les différences entre ces deux productions distantes de 37 ans) comment le JdR a évolué dans sa façon de se présenter au grand public.

Voilà une approche en tout cas plus intéressante selon moi que la simple analyse isolée de cette “nouvelle” boîte d’initiation, qui est à 95% une réédition de celle de Héros & Dragons publiée il y a à peine 4 ans.

Le cadre étant posé, il est temps de rentrer dans le ventre de la bête. Dans un premier temps nous allons tout de même nous intéresser de près à ce que cette boîte propose, que ce soit dans le fond ou dans la forme, pour ceux et celles qui n’auraient pas eu connaissance de sa première version. Puis nous verrons comment cette proposition ludique s’équilibre entre recettes du passé et adaptation à son époque… et ce qu’elle nous dit de la découverte du JdR de nos jours.

Matériel et mise en forme : Une proposition globalement qualitative et accessible

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, le matériel mis à disposition dégage au premier contact un sentiment très net de qualité. La boîte elle-même, déjà, est tellement solide que l’on peine à l’ouvrir les premières fois… une sensation extrêmement agréable qui écarte toute idée de production au rabais. Voyons élément par élément ce que le contenu de cette boîte nous propose :

4 livrets à couvertures souples, faisant entre 20 et 50 pages sur papier glacé, qui vont avoir la lourde tâche d’amener les lecteurs/lectrices novices à comprendre les rouages élémentaires du JdR. Nous verrons dans la 2ème partie de l’article comment ces livres s’acquittent de leur tâche par leur contenu, mais concernant la mise en forme je ne peux que louer l’aspect visuel et les choix de mise en page qui ont été faits et qui sont communs aux quatre livrets.

  • Une police de caractère classique (noire sur fond blanc) et d’assez grande taille, qui permet de jouer sur des effets simples (gras, italique) pour rythmer visuellement les textes.

  • Une structure de page sur deux colonnes et sans aucune place perdue par des effets de marges, qui permet à l’écriture de s’étendre à loisir et donc de limiter le nombre de pages total.

  • Un usage pondéré mais intelligent de fonds pastels pour identifier la fonction de certains paragraphes (conseils, éléments de règles)

  • Une mise en image qui s’appuie sur de très belles illustrations en couleur, ces dernières venant donner un côté réellement ludique et inspirant à l’ensemble.

Un écran de jeu souple à quatre volets, comportant sur sa face intérieure les habituelles informations de jeu (en grande majorité liées au combat, ce qui n’est pas très étonnant sur du moteur D&D5). Le côté joueur est doté d’une grande illustration, assez belle, nous offrant une scène de bataille à dos de dragons au-dessus d’une grande cité. Visuellement cet écran fait très bien le job, et sa matière est plutôt rassurante sur sa potentielle durée de vie.

Des pions, une surface de jeu et des dés prêts à l’emploi, qui évitent les options coûteuses de production (plastique ou métal) sans pour autant paraître de faible qualité. Le choix de faire des pions détachables en carton à mettre sur socle plastique pourrait donner des objets très chiches et fragiles, mais force est de constater qu’ici ce n’est pas le cas. Les pions sont certes en cartons mais ils sont épais et solides, et ils reprennent la qualité des illustrations se trouvant dans les livrets. Les visuels restent donc cohérents et les pions se révèlent très agréables à l’usage. Petite mention spéciale pour les socles, qui sont de vraies petites pinces très pratiques et résistantes.

A cela s’ajoute donc une surface de jeu effaçable à sec, de grande taille, et qui avec deux aspects recto/verso amènent un bel outil pour l’incontournable battlemap des parties de D&D. Là encore l’objet donne une impression de longue durée de vie, par contre son pliage rendra parfois difficile la bonne mise à plat de cette surface en papier glacé.

Et enfin la boîte propose aussi un lot de dés “classiques” D&D, c’est-à-dire un dé de chaque type pouvant servir avec ce système de jeu (D4, D6, D8, D10, D12, D20). Visuellement ce sont de simples dés blancs à chiffres noirs … des outils qui évitent agréablement la mode des dés superbes mais illisibles.

10 personnages prêts à jouer, les 4 premiers sont désignés pour servir dans les premières étapes de l’initiation et les 6 autres sont les héros de l’actual Play Rôle’n Play pouvant servir dans un deuxième temps (voir plus bas). Les fiches sont recto-verso et prennent le temps de décrire chaque capacité pour éviter toute recherche de référence dans un livre (à part les sorts qui sont couverts par les cartes de sorts décrites juste ci-dessous). Cette caractéristique est très appréciable, car cela n’est que trop rarement le cas sur les feuilles de personnage des JdR complets et se voulant aboutis. Ces feuilles ne sont pas sur papier glacé, leur matière semble faite pour assumer le fait qu’elles vont s’abîmer à l’usage (crayon à papier et coups de gomme) … et elles donnent bien sûr la possibilité d’être photocopiées.

Des cartes de sorts (mage, prêtre etc.), outils devenus très classiques en JdR aujourd’hui. Les cartes sont dans un format carte à jouer classique avec une belle illustration sur tout leur recto accompagnant l’indication de niveau du sort et la catégorie (mage, prêtre etc…). Côté verso, le texte des sorts semble malheureusement subir le format des cartes. Le texte est contraint à être dans une police de caractère assez petite, même quand il y a très peu de texte à placer par rapport à la surface de la carte. Le choix d’une écriture en mode portrait plutôt que paysage semble avoir aggravé cet aspect.

Le contenu : un vieil art de l’initiation nourri aux tendances actuelles

A la lecture des livrets de cette boîte d’initiation, il transparaît très vite une sensation de présentation “pas à pas” du JdR calibrée pour un lectorat totalement étranger à ce loisir. Dès l’introduction du livret 1 le principe est posé : le lecteur est invité à regarder les émissions de Rôle’n Play pour visualiser rapidement à quoi correspond cet étrange loisir, et l’importance des réseaux sociaux (comme le forum BBE) est elle aussi mise en avant pour aider à prendre en main le contenu de cette boîte.

A partir de là nous sommes guidés, à travers les livrets, dans un voyage initiatique qui nous fera aller d’une courte histoire que l’on nous raconte et dans lequel nous sommes simple lecteur (dans le livret 1) jusqu’au rôle de meneur des scénarios proposés dans le livret 4 (et quelques petites pistes pour créer ses propres histoires).

Livret 1 Un jeu dont on est les héros : efficacité de vieilles recettes mises à jour

Le point de départ de ce voyage, l’histoire nommée “Beric et le repaire des brigands” est l’endroit où votre serviteur a découvert avec nostalgie la référence directe et évidente que cette boîte fait à l’antique boîte de l’Oeil noir des années 80.

En effet dans ce livret 1 on vous raconte l’histoire de Beric qui veut aller secourir Siveriane, mais qui se fait assommer bêtement car il n’a pas été très prudent dans son approche. Et c’est là que l’on vous fait intervenir en temps de lecteur, protestant contre ce bête échec du héros, et que l’on vous invite à revivre la scène en prenant les décisions pour Beric.

Une approche très intelligente pour faire passer le lecteur dans une logique de livre dont vous êtes le héros, et qui est exactement identique à celle proposée à l’époque par celle de l’Oeil noir où le héros nommé Alric (Beric ?) se faisait assommer bêtement en tentant d’aller porter secours à Silvana (Siveriane ?). Difficile de faire une référence plus évidente à la boîte Initiation au Jeu d’Aventure de l’Oeil noir.

Mais, si dans le texte brut la boîte Initiation au jeu d’aventures de Rôle ‘n Play frôle la simple copie par rapport à cette ancienne référence, elle propose tout de même une mise en forme qualitative très éloignée du noir et blanc et des illustrations crayonnées de son ancêtre. De plus, il ne faut pas oublier ce que j’indiquais plus haut : contrairement au lecteur des années 80, le lecteur de cette boîte récente est guidé vers des vidéos et des réseaux sociaux qui lui assurent un accès à de nombreuses ressources extérieures pour l’aider à la prise en main de cette initiation.

A partir de la fin de cette première étape, qui sous la forme d’un livre dont vous êtes les héros utilise une courte aventure pour faire comprendre le fonctionnement basique des règles de jeu, la boîte Initiation au jeu d’aventures de Rôle‘n Play prend ensuite ses distances avec la boîte Initiation au Jeu d’Aventure de l’Oeil noir … voyons de quelle manière.

Livret 2 Le livre des héros : une méthode progressive spécifiquement moderne

A l’époque, la vieille boîte de l’Oeil noir vous faisait passer directement du rôle de lecteur d’un livre dont vous êtes le héros au rôle de meneur animant un scénario classique de JDR pour quelques amis. Une transition soudaine et peu évidente bien que certainement formatrice par elle-même. La boîte Rôle’n Play nous propose une approche nettement plus progressive avec une excellente idée : jouer une deuxième aventure en format livre dont vous êtes le héros… mais cette fois-ci en groupe !.

Cette étape, qui occupe tout le livret 2 de la boîte, est un outil remarquable d’accessibilité car elle va accompagner le lecteur dans son chemin vers le rôle de meneur. Le principe est ici clair et pertinent : Le récit fourni par le livret continue à tenir le rôle de meneur de jeu, narrant l’histoire qui va être jouée, mais notre lecteur d’origine peut alors inviter des amis à participer avec lui à l’aventure … sans avoir tout de suite à sa charge le rôle pesant de meneur. Cela permet d’expérimenter en commun l’expérience d’aventure en groupe, et de glisser des notions très D&D de vie de groupe dans un donjon comme l’ordre de marche. Notion simple rappelant les racines lointaines du premier du JdR, mais qui projette très bien les joueurs dans une ambiance d’interaction et de collaboration.

Ce livret 2 offre donc un apprentissage à la notion d’aventure partagée et en profite pour continuer la présentation progressive des mécaniques de jeu (combat en équipe, règles de repos ) … et le faire dans un cadre de récit très guidé est en fait fort judicieux, évitant que les nouveaux joueurs partent un peu dans “tous les sens” (ceux qui ont déjà animés des parties d’initiation au JdR savent ce que je veux dire par là).

Note : L’importance du choix des héros, les compagnons de Beric

Le livret 2 ajoute donc des personnages à jouer qui devront accompagner Beric dans cette aventure. Sur les 10 personnages disponibles, l’équipe de 4 formée pour cette aventure n’est pas le fruit du hasard. Beric (Guerrier Humain) est en effet rejoint par Rhingann (Clerc Naine), Siam (Roublard Félys) et Selmays (Magicienne Elfe).

Au delà de la parfaite parité entre héros masculins et féminins, cette équipe présente surtout l’intérêt de mettre en jeu les 4 catégories majeures de personnages de D&D (magie profane, magie divine, combattant et roublard) ainsi que les peuples marquants de la fantasy classique (nain et elfe). Il est à noter que le peuple Félys, moins commun, est mise en avant à la place du plus habituel gnome du pur classicisme D&D. Personnellement j’y vois la marque d’une volonté de caractériser encore plus chaque classe avec un peuple incarnant ses spécificités… une plutôt bonne idée selon moi.

Tout cela signifie que ce premier groupe va amener nos joueurs à apprendre le maniement des magies, des talents de roublard, mais aussi des capacités innées des peuples non humains. Ce groupe invite donc les nouveaux arrivants à embrasser tranquillement les tropes les plus évidents de D&D.

Livret 3 Le livre des règles et Livret 4 Le grimoire de la meneuse : un JdR à part entière

Avec ses deux premiers livrets la boîte vous a amené peu à peu à comprendre la logique fondamentale d’une partie de JdR, seul et en groupe, et elle vous a fait prendre en main les règles et concepts majeurs de son système de jeu … celui de la 5éme édition de D&D pour ceux et celles qui n’auraient pas suivi.

A partir de là, c’est la prise en main réelle de la charge si particulière de meneur qui est prise en charge conjointement par les deux derniers livrets. Et je ne mets pas ces livrets ensembles par hasard dans mon analyse :

Il faut en fait regarder ces 4 livrets comme un diptyque pour saisir leur méthode d’initiation au JdR. Si les livrets 1 et 2 sont totalement focalisés sur l’objectif de faire comprendre la logique du JdR et ses mécaniques fondamentales à des personnes totalement novices, les deux suivants partent par contre du principe qu’ils sont face à un lecteur qui connaît les bases. Ils se présentent donc exactement comme tout JdR classique et forment donc ensemble, à mon avis, un mini JdR à part entière.

Si nous regardons par le menu le contenu de ces deux livrets, nous avons un livret 3 qui est un pur livre de règles. Vous pouvez le lire sans rien connaître du reste de la boîte, il vous présente sa proposition de jeu exactement comme les livres de base de bien des JdR connus. Son introduction nous explique ce qu’est le JdR et ensuite il déroule les mécaniques de jeu nécessaires au meneur pour faire jouer les aventures. Vous y trouverez même les conseils habituels au meneur, sous la forme des même petits paragraphes de conseils “Rôle’n Play” que nous avons déjà vus dans les livrets précédents (d’ailleurs c’est une manière d’intégrer les conseils au meneur au cœur du texte dont pas mal de JdR complets feraient bien de s’inspirer).

En complément de ce livre des règles, le livret 4 vient lui apporter deux scénarios complets, quelques conseils pour le meneur, ainsi qu’un petit bestiaire et quelques objets magiques. Vous retrouverez donc là une section que l’on trouve souvent dans la deuxième partie du livre de base de pas mal de JdR du commerce.

Avec les livrets 3 et 4 cette boîte d’initiation fournit donc selon moi un petit JdR autonome et complet, que l’on peut lire et utiliser de façon totalement indépendante par rapport aux deux premiers livrets. D’ailleurs, si les deux premiers livrets sont clairement à faire lire et utiliser à tout le monde, ces deux derniers ouvrages sont clairement destinés plus spécifiquement à celui qui prendra la charge d’être meneur.

En termes de contenu, le livret 3 se présente donc comme un livre de règles “light” très classique. Je lui trouve donc le gros intérêt de comporter ces conseils “Rôle’n Play” judicieusement placés dans le texte, mais à part ça c’est un ouvrage qui propose juste de façon synthétique les mécaniques de D&D5 … et de mon point de vue il fait ça plutôt bien.

Le livret 4 lui comporte donc surtout deux scénarios … et bien sûr ces scénarios sont censés être l’aboutissement de l’apprentissage du jeu commencé depuis le livret 1. Mais avec ces histoires le meneur va pouvoir gérer les notions de passage de niveaux des personnages proposés (un élément majeur de D&D) et côté héros à jouer nous arrivons à une proposition nouvelle.

Les joueurs vont pouvoir choisir les 6 personnages encore non utilisés pour vivre la suite des aventures. Ces héros montrent un peu plus l’éventail de ce que D&D5 peut proposer en termes de profils différents (classes et peuples) mais ces 6 archétypes disponibles sont surtout les personnages joués pendant l’actual Play Rôle’n Play qui a été indiqué en référence dès le début de l’initiation. Les joueurs sont donc invités à se mettre dans les chaussures des héros qu’ils ont vu être incarnés sur You Tube.

Les scénarios en eux mêmes restent assez classiques pour du D&D, une caravane dont la vie va être rythmée par les attaques et une suite qui va placer les joueurs face aux conséquences de leurs actes dans un univers de fantasy cohérent. Le tout est bien sûr largement cadencé par des combats, mais une part est laissée à la mise en place d’une ambiance spécifique et à des interactions clefs avec des PNJ. Bref … deux bons scénarios classiques qui viennent clôturer le parcours initiatique des utilisateurs de cette boîte.

Conclusion

Cette boîte d’initiation Rôle’n Play, comme énormément de ses semblables, est avant tout un outil méticuleux et méthodique étudié pour accompagner une découverte du JdR entres novices.

Je dirais donc que cette boîte ne s’adresse pas prioritairement à un meneur ayant un peu d’expérience et voulant animer une table de découverte composée exclusivement de débutants, même si un meneur connaisseur pourra trouver un confort dans le support de ce matériel dédié (le JdR “autonome” que sont pour moi les livrets 3 et 4 en particulier). En effet, comme son légendaire ancêtre des années 80, cette boîte invite son lecteur à découvrir le rôle de meneur en même temps que le jeu de rôle lui-même … Un double apprentissage pas si évident à prodiguer de front … et pour lequel cette production Rôle’n Play a donc décidé d’utiliser les bonnes vieilles recettes du passé en s’appuyant sur l’identité ludique des livres dont vous êtes le héros. Une méthode que cette boîte pousse même plus loin que son aînée, et qu’elle met en forme et en action en s’appuyant sur les recettes de notre époque (réseaux sociaux, Youtube, ergonomie des livres, cartes et pions).

Ce choix, pour moi efficace et assez censé, pourrait cependant sembler plus étrange aujourd’hui qu’à l’époque de la boîte de l’Oeil noir, car les livres dont vous êtes les héros ne sont pas de nos jours le titanesque effet de mode littéraire qu’ils étaient alors. Nous pourrions nous demander pourquoi cette boîte, qui s’appuie totalement par ses visuels/son contenu/son titre sur le puissant phénomène des Actual Play, n’a pas privilégié plus fortement un propos cross média en basant sa pédagogie du JdR bien plus directement sur le visionnage des émissions liées à ce produit.

Pour moi la réponse est dans la recherche d’efficacité et d’accessibilité. La grande évolution que nous dévoile (sans surprise) la comparaison entre les deux boîtes distantes de plus de 35 ans, c’est une attention bien plus forte apportée à la forme du produit et à son ergonomie. Plus sexy visuellement, plus agréable à lire, plus organisé dans la structuration de son propos entre la forme et le fond.

Cependant, le choix de garder cette méthode du passé pour ce moment crucial où l’on pose sous les yeux du lecteur le concept du JdR en lui-même est lourd de sens selon moi (surtout que cette boîte Rôle’n Play augmente très intelligemment l’usage de cet outil “livre dont vous êtes le héros” par rapport à son ancêtre). Quelque part cela nous rappelle peut être que, si l’Actual play est une remarquable vitrine et un produit d’appel, il n’est pas par contre le meilleur outil factuel pour guider la pratique des nouveaux arrivants. Ces derniers seraient en effet bien en peine de se référer aux acteurs et meneurs terriblement rodés à l’exercice pour construire leur propre pratique balbutiante.

Par contre, s’il y a bien un guide efficace pour construire le schéma mental du JdR dans un esprit non initié, c’est bien encore aujourd’hui comme hier le fait de faire vivre par le support écrit le glissement d’un récit subit en spectateur vers une histoire où le lecteur peut intervenir … Tout cela amenant finalement ce même lecteur à devenir lui-même le conteur d’une l’histoire à partager entre amis.

Cette boîte Rôle’nPlay propose donc un procédé de fond incroyablement ancien pour amener le JdR aux novices. Cependant, ce procédé est clairement poussé plus loin que par le passé et il est servi par un support résolument amélioré par toutes les évolutions récentes de notre loisir.

De mon point de vue, au-delà d’être un excellent outil de vulgarisation du JdR, la boîte d’initiation Rôle’n Play est aussi un excellent résumé des progrès et des évolutions que notre loisir a connu depuis ces lointaines années où les plus vieux d’entre nous en avait découvert l’existence. Bonnes recettes du passé et acquis des expériences les plus récentes … c’est peut être le meilleur des deux mondes ?

3 pensées sur “Rôle ‘n Play, Le jeu de rôle en “plug and play” (prêt à l’emploi) [chronique]

  • 1 avril 2022 à 21:34
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    Merci pour cette critique !

    Pour préciser sur l’Oeil Noir : c’était mon mètre-étalon. Je l’ai relue avant de concevoir la boîte et les clins d’œil vont bien jusqu’au nom de Beric (je crois que j’ai enlevé la phrase disant que si Beric meurt il fallait pas hésiter à recommencer la partie et appeler le personnage Cédric, Derrick, Erik… 😉 ).

    • 1 avril 2022 à 21:36
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      Ah et aussi : les règles de combat de masse du scénario 4 sont un remix perso de L5Rv1+Apocalypse World mais personne s’en est aperçu, hihihi

    • 2 avril 2022 à 22:28
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      Merci beaucoup pour ton retour 😉

      En préparant l’article j’ai fouillé un peu les critiques déjà existantes sur cette boîte Rôle N’Play mais je n’ai pas vu trace de cette référence à la boîte Oeil noir qui pourtant m’a parue évidente … et je trouvais bien plus intéressant de partir de la pour explorer les mécaniques de l’initiation et leurs évolutions

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