Subabysse se la coule douce

Lancée mi-novembre et finie mi-janvier, le foulancement de l’Ancienne Atlantide s’est soldée par un succès qui permet de développer la gamme Subabysse dans le cadre de sa neuvième édition. A l’époque on a voulu en savoir plus sur ce jeu qui est encore vivant près de 30 ans après sa création et aussi, il faut bien le dire, rendre hommage à son auteur Yan « Phéjal » Bourget dont la ténacité et l’énergie sont remarquables. Du coup, il nous a parlé du passé, du présent et aussi de l’avenir !

Le Fix : Salut Yan, on te félicite pour le bouclage du foulancement de l’Ancienne Atlantide. 163 % du palier initial, tu considères que c’est un succès ?

Yan « Phéjal » Bourget (YB) : Salut Orlov, oui c’est une véritable réussite. J’en profite pour remercier tous les fans et les pledgers de Subabysse ainsi que mes amis. Ce foulancement va permettre d’envisager la suite avec plus de sérénité.

Le Fix : Pourquoi, tu as choisi l’Atlantide comme supplément pour cette nouvelle édition ? C’est une proposition radicalement nouvelle ou c’est juste une adaptation ?

YB : L’Ancienne Atlantide est historiquement le premier supplément que j’avais sorti pour Subabysse lors de sa précédente vie « amatrice ». Il va bouleverser l’environnement du jeu et proposer un nouveau contexte passionnant, reprenant les grands codes de la SF.

Le Fix : Subabysse est un jeu atypique dans la production jdr française, déjà je connais peu de jeux qui ont eu neuf éditions, est-ce que tu peux résumer un peu le parcours de ce jeu ?

YB : L’histoire de Subabysse s’étale à présent sur plus de 30 ans. Elle a vu passer 7 éditions/révisions que je qualifierais d’amatrices et 2 plus professionnelles. Il faut dire qu’en 30 ans, les moyens informatiques, les illustrateurs, les imprimeurs, tout est devenu plus facile et plus proche. Non pas que ce fut une promenade de santé, mais la technologie aide grandement. Au final, toutes les expériences que j’ai vécues au fil de ses éditions furent toutes profitables, les bonnes et surtout les moins bonnes.

Le Fix : En près de trente ans et cinq éditions commercialisées, tu as dû rencontrer bien des éditeurs, qu’as-tu appris d’eux ? Préfères-tu ton modèle actuel ou bosser avec des éditeurs ?

YB : Alors en ce qui concerne les éditeurs, je ne vais pas généraliser, mais l’expérience que j’ai eu avec l’ancien responsable de la première édition pro fut catastrophique. En encore, on est loin de ce que fut la réalité. Je préfère ne pas m’étaler sur ce sujet. Donc oui, je plébiscite largement mon modèle actuel même si, bien entendu, l’expérience d’éditeurs est toujours une grande plus value pour un jeu.

Le Fix : On veut pas faire de toi un vieillard cacochyme, mais, en tant qu’acteur du jdr (bénévole organisant des salons et investi dans ton club à Colomiers) tu as connu les années 90. C’était vraiment l’Age d’Or du milieu ou c’est un peu un mythe ?

YB : Il est vrai qu’avant « l’affaire Dumas », bien connue des rôlistes de ma génération, les années 80-90 étaient un véritable el Dorado du JdR. C’était l’abondance de créations françaises, d’auteurs talentueux, de conventions, d’innovations… C’était l’insouciance de ma jeunesse. Une madeleine de Proust que j’ai du mal à retrouver aujourd’hui. Cela dit, et d’après les chiffres, la production de JdR se porte bien en ce moment grâce à des jeux de qualité et aux foulancements.

Le Fix : Tu continues à motoriser tes itérations du jeu avec des règles originales ? tu n’as jamais été tenté par le fait de prendre une légende ou un système existant ? pourquoi ?

YB : Oui, les règles de Subabysse utilisent un système D100 taillé sur mesure. Il a le mérite d’être simple mais pas simpliste, rapide même si on peut le qualifier de simulationniste. Une légende, tu fais sans doute référence à la 5E du jeu le plus connu au monde. J’y ai pensé, mais je crois qu’un système à niveau ne se marie pas bien avec un univers SF. Et puis j’ai horreur du D20.

Le Fix : Est-ce que Subabysse est ce dont j’ai l’impression qu’il est; c’est-à-dire une œuvre d’amour collective, née en club et polie en famille ou avec des amis, ou tu te coltines tout le travail tout seul ?

YB : Oui et non. Pour cette dernière édition, j’ai eu de l’aide de plusieurs personnes : Olivier qui s’est occupé des arts martiaux et qui signe le troisième scénario, Nicolas qui s’est occupé d’augmenter le background du jeu, Christel (ma femme et mon éditrice) qui s’est occupé de la relecture et de l’édition du jeu, Hervé qui s’est occupé de la relecture et Gaël (mon fils) qui a signé l’aide de jeu sur les drones. Pour les autres éditions, j’ai été bien moins aidé. Le club « Les Gardiens du jeu de Colomiers », section de Léo Lagrange, m’a toujours soutenu et je l’en remercie.

Le Fix : J’imagine que tu as encore d’autres choses à proposer pour Subabysse ? dans quelles eaux vas-tu nous faire plonger pour la suite ?

YB : J’ai plusieurs projets. Une campagne, en cours d’écriture, Toulga, perle de l’océan qui proposera aux joueurs d’incarner des princes et des princesses puissants mais jeunes en charge de la gestion de leur royaume, suite au décès brutal de leurs parents. Il s’agira autant d’une campagne que d’un nouveau contexte de jeu pour le MJ et ses joueurs.

Ensuite, j’aimerai sortir une boîte de jeu permettant de simuler les batailles navales entre aquajets. J’ai déjà le système de jeu, mais je ne sais pas encore quelle forme donner aux figurines. L’idée est de proposer un outil aux MJ de Subabysse pour simuler leurs combats navals, mais également de permettre à d’autres de jouer, sans le jdr, à un wargame. Du coup, je voudrais m’aventurer dans l’univers du jeu de plateau que je connais assez mal. Je suis preneur de conseils.

J’ai pour ambition de sortir l’énorme campagne Les Maîtres du monde qui se déroulera dans le contexte de l’Ancienne Atlantide. Il s’agit d’une histoire assez longue qui confrontera les joueurs au retour des Anciens sur Terre. Quelque chose me dit que cela ne va pas bien se passer… Voilà pour le moment.

J’en profite pour faire une annonce : Napalm éditions envisage de développer d’autres projets, d’autres jeux que Subabysse. J’ai commencé à étudier certaines pistes, dont l’adaptation d’une BD à succès en JdR, un recueil de nouvelles (dans l’univers de Subabysse), et un livre dont on est le héros. L’avenir nous dira quel chemin emprunter pour peu que les dieux des abysses soient avec nous.