[l’été des éditeurs] Interview de Lapin Marteau

Cette année, avant de partir en vacances, nous avons eu l’idée d’interviewer tous les éditeurs de jeu de rôle en France. Les professionnels, comme les auto-éditeurs. Cette rubrique estivale, intitulée « L’été des éditeurs », proposera 3 interviews par jour.

Cette idée n’aurait jamais pu se concrétiser sans la participation de chacun, c’est pourquoi toute la rédaction du Fix remercie Lapin Marteau pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Bonne lecture, bonne rentrée et surtout : bon jeu !

1. On a loupé le rendez-vous du début des vacances mais la question reste la même : estimez-vous qu’elles soient arrivées à point pour vous au regard de votre actualité des mois passées ?

Pour être tout à fait honnête, on attendait avec impatience que l’été arrive. En fait, on a passé l’essentiel du premier semestre à écrire notre prochain recueil pour Sortir de l’auberge : La Boîte à outils du meneur de jeu. Contrairement aux précédents, on était les seuls auteurs sur ce recueil. En plus, on a pas mal fait évoluer son format et sa taille, toujours avec l’idée qu’il puisse accompagner longtemps les meneurs, à tel point que l’on ne serait pas surpris qu’il fasse une fois et demie Mener des parties de jeu de rôle. Ce tome nous a demandé pas mal d’énergie, mais on était content de voir que nos efforts portaient leurs fruits. Bref, au début de l’été, on était en pleine phase éditoriale (réécriture) et on s’activait pour sortir ce projet pour OctoGônes.

2. Du coup, vous avez mis la clef sous la porte pendant deux mois ou vous avez profité de la torpeur estivale pour mettre un bon coup de collier ?

Ni l’un, ni l’autre. On s’est pris un petit coup de réalité dans la figure et pour faire simple, on a passé un mois de juillet effroyable. Jérôme a chopé une infection un peu compliquée qui l’a mis K. O. pendant plusieurs semaines et Coralie était occupée par des perspectives tout aussi difficiles. Les choses sont revenues à la normale maintenant, ou peu s’en faut, mais disons simplement que ce n’était pas notre mois. Du coup, comme notre projet de sortie pour OctoGônes tombait à l’eau, on a décidé de s’accorder le mois d’août pour se remettre en selle et finaliser un certain nombre d’autres projets qui étaient « presque finis mais pas finis » depuis pas mal de temps, et que l’on s’interdisait de faire passer avant La Boîte à outils du meneur de jeu. Mine de rien, cela commençait à faire beaucoup de choses et se donner la limite d’un mois était un bon moyen de mettre de l’ordre dans tout ça pour ensuite rapidement revenir à notre recueil.

3. Tout ça fait que vous avez quelle actualité pour cette rentrée ?

Si on voulait faire les bravaches, on dirait 8 jeux. Mais, dans les faits, cela nous a surtout permis de finaliser trois projets pour cette rentrée. Pour ne pas le dire, pour le week-end dernier.

Le premier, c’est l’édition anniversaire de Ryuutama. Vous en avez déjà parlé sur le Fix. Cela faisait deux ans que le jeu était épuisé, assez introuvable en fait, et qu’on voulait le réimprimer. On ne trouvait jamais le temps de le faire. Cela nous embêtait d’autant plus que c’est une gamme qui nous tient particulièrement à cœur et que l’on avait envie de marquer le coup pour ses cinq ans. Finalement, on a décidé de ne pas se contenter d’une simple réimpression, mais de retravailler les textes, d’intégrer l’ensemble des erratas parus depuis la sortie du jeu, des précisions ou des petits ajouts ici et là (comme la classe de cuisinier), de proposer une couverture dure plus solide, etc. Bref, cela reste proche de l’édition précédente, mais on a essayé que tout soit un peu mieux. On en a profité pour ressortir l’écran, lui aussi épuisé depuis longtemps, et pour l’adapter aux changements de l’édition anniversaire. Au final, le jeu est parti chez l’imprimeur depuis deux semaines, devrait sortir la dernière semaine de septembre en boutique, et on organise une précommande non participative sur notre site pour ceux que cela intéresse. Mais attention, pour ne pas retarder la sortie, elle ne dure qu’un peu plus de deux semaines. Il va falloir être rapide !

Le second projet, c’est d’ouvrir notre boutique en ligne. Cela peut sembler anodin, mais c’est important pour nous. Tout d’abord parce que cela nous libère d’un certain nombre de tâches qui pouvaient vite être chronophages. Par exemple, cela nous permet justement de gérer la précommande non participative de l’édition de Ryuutama sans nous arracher les cheveux. Ensuite, cela nous offre pas mal de possibilités. Grâce à cet outil, nous pouvons facilement mettre à disposition des jeux et des formats que l’on aimerait faire découvrir, sans forcément que leurs auteurs ne soient contraints de le faire gracieusement, et qui sont difficilement proposables autrement ; pour ne pas dire qu’on voulait les sortir avant, mais qu’on se rendait bien compte que le faire de façon classique avait de grande chance de revenir à se tirer une balle dans le pied.

Le meilleur exemple de cela, c’est justement l’objet de notre troisième projet. Il s’agit d’une nouvelle gamme : Partir à l’aventure. Elle regroupe des jeux de niche – et pour certains même pas des jeux de rôle à proprement parler – dont on pense qu’ils apportent quelque chose d’intéressant, mais dont on croit qu’ils auront du mal à trouver leur public de façon traditionnelle. On les sort en PDF, à petit prix (pour l’instant 0 €, 6 € ou 10 €). Comme ça, ils existent et auront tout le temps dont ils ont besoin pour convaincre ou inspirer d’autres créateurs. Aujourd’hui, l’essentiel de cette gamme est composée de jeux anciennement publiés par La Boîte à Heuhh, comme Agôn, On Mighty Thews, Perfect Unrevised, Remember Tomorrow ou Sweet Agatha. On a eu maintes fois l’occasion d’en dire, écrire ou crier tout le bien qu’on en pensait. Il y a aussi un petit storygame norvégien : J’y suis pour rien ! Tous sont disponibles sur notre boutique. Il y a même Superclique en bonus, d’ailleurs. D’autres viendront, en fonction de nos coups de cœur et à condition que cela ne nous détourne pas de nos projets principaux. On a déjà quelques candidats en tête, du freeform barré au jeu japonais sur la boulange, mais on a du s’arrêter-là : le mois d’août touchait à sa fin.

4. Même si les vacances sont terminées, auriez-vous un jeu à conseiller à nos lecteurs pour prolonger ces dernières ?

Ce serait sans doute un peu cruel de proposer un jeu de pirates, ou une campagne du Trône de fer sous le soleil de Dorne. Un Fiasco dans l’univers de The Office ? Un Unknown Armies sur vos nouveaux camarades de promo ou vos collègues ?