Interview d’Odonata, un éditeur Sapa

En ce moment, on ne va pas se mentir, c’est un peu la folie des souscriptions. C’est bien pour la dynamique de notre loisir, mais un peu moins pour notre porte-monnaie. Alors aujourd’hui, on tenait à mettre en avant un JdR original, de création Française et édité par un éditeur en qui on peut avoir confiance : Odonata Editions. C’est bien simple, ils ont réussi à transformer un pitch pas accrocheur – où l’on joue des… insectes, en jeu génial. Alors imaginez ce qu’ils peuvent faire avec un thème aussi intéressant et riche que l’empira Inca ! Actuellement en souscription sur Game on TableTop, ce jeu est développé par Eric Dubourg (Byzance an 800, Appel de Chtulhu 7ed, Imperator), Zediac le Rôliste (scénariste – Bitume, Insectopia, Torg Eternity, Casus Belli) et Nurthor le Noir (Scifi universe, Laelith, Bitume, Casus Belli), depuis deux ans et demi. Pour en savoir plus, nous sommes allés poser quelques questions aux intéressés.

Le Fix : Rentrons tout de suite dans le vif du sujet : Sapa Inca, c’est quoi ?

Odonata Editions : Sapa Inca est un jeu de rôle entraînant meneurs et joueurs au cœur de l’empire inca du XVIe siècle. Les joueurs y incarnent en priorité des indigènes – ceux notamment présentés dans le livret de découverte et d’autres peuples. Il est tout à fait possible d’incarner un étranger (comme un Espagnol) mais cela présuppose une allégeance de fait aux Dieux Incas et à l’empire des Incas.

Le Fix : Mais ça tu l’as déjà expliqué partout. Qu’est-ce que tu n’as pas encore eu l’occasion de dire sur le jeu ?

Odonata Editions : Sapa Inca est le premier jeu du label Terres d’Uchronies développé par Odonata Editions. Du fait de l’abondance des sources archéologiques, nous avons matière à proposer du suivi pour enrichir la gamme de Sapa Inca, à commencer par une campagne centrée autour des dieux Incas et des animaux totem sur une dizaine ou douzaine de scénarios, un recueil de scénarios qui serait appelé l’Ordre des Amachaq, et la description des territoires extérieurs à l’empire, avec des scénarios s’y déroulant spécifiquement.

À sa suite, nous réfléchissons à d’autres périodes historiques, en reprenant et en adaptant le système de jeu de Sapa Inca pour qu’il corresponde à la civilisation traitée. Pour donner quelques exemples, nous réfléchissons à reprendre l’univers si particulier de l’empire byzantin (cette fois-ci sans Mythe de Cthulhu), dans un nouveau jeu qui s’appellerait probablement Basileus, pour faire le pendant d’Imperator pour la période romaine en orient. Nous pensons au sein d’Odonata à d’autres thématiques intéressantes : l’Espagne de l’Inquisition avec ses démons et ses sorcières, les indiens d’Amérique du Nord ayant mis fin à la conquête européenne grâce aux Dieux Amérindiens, les templiers en Terre Sainte avec leurs pouvoirs mystiques et divins luttant pour sauver le monde en terrassant les horreurs qu’ils ont réveillé et libéré dans les souterrains et les ossuaires sous Jérusalem, l’Antique Égypte avec ses pyramides et ses savoirs mystérieux et terribles, et pourquoi pas l’Atlantide et Mû.

Le Fix : Dans le jeu, on incarne des agents du Sapa Inca. Mais concrètement, quel type d’aventure (on me parle d’épique) joue-t-on ?

Odonata Editions : Les quêtes et missions des Amachaq, ces agents spéciaux du Sapa Inca, sont très diverses. De la “simple” enquête dans le petit village de Piro où les récoltes sont mauvaises (cf le livret découverte: Missions Initiales disponible gratuitement en téléchargement), à des malédictions infâmes à lever pour sauver le Sapa Inca en visitant des civilisations oubliées, ou en combattant des Dieux occultes tapis dans les ombres de l’Empire dans des rencontres apocalyptiques et donc épiques, il y a effectivement de quoi faire pour nos Amachaq qui bénéficient, s’ils le méritent, de pouvoirs divins et de capacités animistes octroyés par les Dieux et la Nature.

Le Fix : Quelles ont été les sources d’inspirations pour le jeu ?

Odonata Editions : La principale source d’inspiration est l’Histoire, avec les différents récits effectués après la conquête (dont ceux d’Inca Garcilaso de la Vega), les dossiers d’archéologie sur tel ou tel aspect de l’empire inca (le Machu Picchu et Qosqo bien évidemment, mais aussi les mines, les sept cités édifiées comme Qosqo et bien d’autres choses). Il y a aussi dans ce registre les romans. Je citerais volontiers les deux romans de Joachim Sebastiano Valdez : lorsque l’on lit les romans, on se prend à imaginer que Tupac Hualpa (“celui qui voit tout”) fut probablement l’un des premiers Amachaq institués par l’empereur Pachacutec. Et je n’oublie pas l’œuvre qui fut à l’origine de notre émerveillement pour le Nouveau Monde, les Mystérieuses Cités d’Or !

Le Fix : Quelle est la part d’historique par rapport au fantastique ?

Odonata Editions : Sapa Inca est un jeu de low fantasy. On y lance pas des boules de feu mais la magie et les Dieux sont bien présents sur le Nouveau Monde. Les Amachaq sont des élus dotés de pouvoirs animistes et divins qui les aideront dans leurs différentes quêtes et missions. Des Dieux occultes sont dans l’ombre peuvent réveiller des abominations et certaines légendes aux héros parfois anthropomorphes font partie du “quotidien” de nos héros. En fonction des goûts de l’Apu-Inti (MJ) et de ses Amachaq la jauge de fantastique pourra varier mais nous, auteurs, avons mis une dose importante mais souvent discrète dans Sapa Inca. Cette part de surnaturel est à tenir loin des habitants et il est demandé en fin de mission de composer un rapport précis, qui peut-être un quipu, véritable PV narrant les détails réels de la mission remis au supérieur des Amachaq. Mais ils doivent aussi composer ou “arranger” l’histoire vécue, lors de leur aventure, en une fable morale qui met en avant les bienfaits de l’Empire et/ou du Sapa Inca lui-même, que les Amachaq exposeront à la population.

Le Fix : Je ne suis pas très calé en Histoire. Est-ce que le livre de base sera auto-suffisant ou dois-je déjà me procurer des ouvrages sur cette civilisation ?

Odonata Editions : Le livre de base sera auto-suffisant pour avoir bien en main les spécificités de cette civilisation. La bibliographie présentera toutes les œuvres qui nous ont servi pour rédiger l’ensemble des deux ouvrages prévus lors de cette souscription (et plus largement pour la gamme Sapa Inca). Mais pour autant, nous ne recommandons pas aux meneurs et aux joueurs de faire l’acquisition de toutes ces œuvres. Ils pourront juste s’intéresser aux romans et aux quelques films que nous listons pour voir l’univers en situation, et ainsi donner des idées de scénarios. Tout comme nos nouvelles qui sont parsemées au fil des ouvrages.

Le Fix : L’adversité ne sera que contre les méchants Espagnols ou y aura-t-il d’autres menaces ou conflits ?

Odonata Editions : Les Amachaq, les agents spéciaux du Sapa Inca, défendent le Tahuantinsuyu (l’Empire Inca) de tous les dangers. Qu’ils soient internes avec des rébellions de peuples indigènes soumis aux incas, ou plus externes comme le maintien des frontières ou la “guerre secrète” contre les Espagnols malgré la signature d’une paix précaire et de façade. Mais les Amachaq devront aussi aller en quête de savoirs ou d’artéfacts légendaires de civilisations perdues. Ils vivront aussi des aventures plus ésotériques lors de luttes contre des divinités occultes, souvent de l’inframonde, qui corrompent l’Empire inca.

Le Fix : Est-ce que dans le jeu on devra faire des sacrifices ? (tout en respectant les gestes barrières, bien sûr)

Odonata Editions : À l’inverse des peuples de Mésoamérique comme les Aztèques et les Mayas, le sacrifice humain est moins ancré dans la culture inca. Les sacrifices, que les personnages peuvent accomplir régulièrement, tiennent plus lieu d’offrandes. On y offre aux Dieux et à la Nature un peu de nourriture, des animaux (cuy – de gros cochons d’Inde d’élevage – ou lama), de petits objets, de beaux vêtements. Lors de circonstances exceptionnelles, comme l’avènement d’un nouveau souverain ou pour mettre fin à des catastrophes naturelles, une qhapaq hucha (“dette du roi” ou “grand don”) est décidée. Des offrandes et des enfants sont amenés à la capitale Qosqo puis sacrifiés aux dieux dans les plus hauts sommets des Andes. Les personnages pourront participer à la qhapaq hucha, en convoyant les offrandes et les enfants, et en s’assurant que chaque participant est bien volontaire à l’honneur qui lui est fait de servir les Dieux et de protéger les vivants aux côtés des Dieux.

Le Fix : Insectopia et Omega, les précédents jeux édités par Odonata Editions, se jouent sans dés, mais avec des billes plates. Ce sera pareil pour Sapa Inca ?

Odonata Editions : Nous avons choisi dès le départ de ne pas utiliser le système de jeu d’Insectopia et d’Omega, pour coller véritablement à la mythologie inca. Ainsi, le système de jeu est du type caractéristique + compétence, avec des caractéristiques nommées d’après les animaux principalement révérés par les Incas, comme le Condor. Des d8 sont utilisés, les réussites étant les 3, 4 et 7 (respectivement la croix andine, les quatre provinces, l’arc-en-ciel et les cités cachées). Chaque groupe de joueurs dispose de points d’Inti pour mieux favoriser leur destin particulier. Eventuellement, ces points peuvent être matérialisées par les blattes et les diodes d’Insectopia et d’Omega.

Le Fix : Ah ? Et du coup, que nous réservez-vous pour la souscription ? Il y aura des goodies quand même, pas vrai ?

Odonata Editions : La souscription privilégie le jeu en lui-même et donc du contenu ainsi que des scénarios et un écran qui sont proposés en base mais qui pourront aussi être enrichis en débloquant des paliers. Bien sûr des goodies permettront d’agrémenter vos parties et l’immersion en jeu de vos joueurs autour de la table avec: des d8 customisés, bien que l’on puisse jouer avec des d8 normaux, une piste de dés, des illustrations en posters ou encore une belle grande carte de l’Empire Inca.

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