Tolk qui ?

Au Fix, comme vous le savez, on aime tout le monde. On aime tellement tout le monde qu’on aime même les auteurs indés qui ne lancent pas des foulancements tous les quinze jours. Et on les aime encore plus quand ils sont pétris de talents, touchent à plein de formes de jeux et d’univers différents. Et notre cœur bat encore plus fort quand ces mêmes auteurs ont un vrai esprit communautaire et nous permettent de remplir nos Lundis c’est gratuit. Bref, pour toutes ces raisons, il était grand temps qu’on s’intéresse à Tolkraft, un auteur dont la production est aussi importante que diversifiée (et en plus, maintenant, il fait de la télé sur internet avec sa chaîne Youtube qui traite de sujets de design). Interview.

Le Fix : Bonjour monsieur Tolkraft, nous c’est le Fix et on aime tellement le JdR que, plutôt que de jouer, on pose des questions à des gens comme toi. Et toi t’es qui ?

Tolkraft : Bonjour le Fix. Moi c’est Jean-Marc « Tolkraft » CHOSEROT, et j’aime tellement le JdR que, plutôt que d’y jouer, j’en conçois et j’en écris ! Bon, j’avoue, je joue aussi un peu, mais moins souvent, à moins de trucs et avec moins de monde qu’avant que ce satané COVID nous tombe dessus.

J’ai une petite quarantaine, j’habite Lyon, et la création rôliste est mon hobby favori, au point d’accaparer mon temps libre : je suis scénariste, auteur, créateur de jeux, maquettiste et éditeur indépendant. Et ça ne fait pas 10 ans que je fais du JdR. Dans le genre passion dévorante, ça se pose là !

Le Fix : Comme tu es un joueur relativement récent par rapport aux cacochymes du Fix, tu peux nous expliquer un peu ton parcours de rôliste. Si j’ai bien compris ta bio du grog, tu as d’abord développé une culture des mondes imaginaires et c’est sur cette base que tu es venu ensuite au JdR ?

Tolkraft : Oui, tout commence par la littérature : Jules Verne vers l’âge de 10 ans, Tolkien vers 11 ans, puis Lovecraft vers 12 ans. En parallèle, je découvre l’univers des jeux avec les Livres dont vous êtes le héros, au CDI du collège. La couverture du « Labyrinthe de la mort » me fascine, mais les livres-jeux en eux-mêmes un peu moins.

Le Labyrinthe de la mort, le livre qui a amené Tolkraft au jeu de rôles

Vers 13-14 ans, en colonie de vacances, j’ai l’occasion de faire ma première partie de JdR, du Cyberpunk 2020. Une heure de création de perso, 15 minutes de jeu : premier combat contre un gang dans la rue, mon perso se mange une balle dans la tête. Bam, mort ! J’ai regardé les autres jouer durant le reste de l’après-midi.

Malgré ce premier contact plutôt abrupt, je sens que y’a un truc avec le JdR. Je me fais offrir Warhammer V1 et un set de dés dans la foulée, puis je me laisse un peu plus tard tenter par la double couverture simili-cuir d’INS-MV (3e édition, je crois). Je les lis à en user les pages, je commence à ébaucher une première trame de scénario pour Warhammer, mais je ne joue jamais vraiment avec. Mes rares tentatives avec mes deux jeunes frangins et un pote ne prennent guère. On est tous novices, cela ne doit pas aider…

On découvre Magic peu après, et ce jeu tout illustré, plus court, plus immédiatement accessible fait que je laisse de côté le JdR… pendant 15 ans.

Flash-forward en 2010, où je débarque sur Lyon sans y connaitre personne d’autre que ma copine. Je me remets à Magic, histoire de me trouver des potes. Je tape le carton tous les week-ends pendant 3 ans, mais le groupe finit par exploser.

Je me dis que c’est l’occasion de me lancer « pour de vrai » dans le jeu de rôle. Fin août 2013, je m’inscris sur le forum Lyon-Jdr. J’accroche tout de suite à l’ambiance de l’Appel de Cthulhu, puis je prends de vraies claques qui me retournent la tête lorsque j’ai la chance de jouer un scénario écrit et maitrisé par Cyril « Poutcho » PUIG. J’ai l’impression de vivre un thriller horrifique de l’intérieur. Je me dis « Waouh, on peut faire ressentir ça, avec du JdR ?! »

En octobre 2013, je m’inscris sur le forum Casus NO, histoire de découvrir d’autres gens, d’autres jeux, et je mets le pied dans la porte lorsque je vois qu’une tablée lyonnaise organise des parties régulièrement. Coup de bol, ils jouent à 100 mètres de chez moi ! Voilà comment j’intègre un groupe régulier, qui lit ou teste plein de jeux, dans plein de styles différents ! Ça m’a fait une sorte de « formation accélérée » au JdR, et m’a permis de découvrir toute une variété des systèmes, de styles de jeu, de thèmes et d’univers.

À partir de là, c’est l’engrenage, la spirale, qui n’a toujours pas fini de m’avaler…

Le Fix : Certaines de tes productions s’ornent d’un label OSR. Comment expliquer qu’un joueur relativement récent comme toi préfère les trucs moches et poussiéreux de la vieille école aux jeux jeunes, cool et sexy qui existent désormais ?

Tolkraft : Vu mes débuts (Tolkien, Warhammer, je me souviens aussi avoir lu « L’éperon de wyverne » et acheté Eye of the Beholder 3 sur PC vers 1994), tu te doutes que j’aime la fantasy et les monstres. Je n’ai jamais connu les débuts de D&D, donc ce qui m’attire dans l’OSR, ce n’est ni la nostalgie ni l’esthétique, mais l’intention : rulings, not rules (des décisions, pas des règles). Faire vivre un monde Med-Fan sans avoir besoin d’ingurgiter 500 pages, mais où juste un peu de logique suffit.

Je n’ai jamais été fan des pavés de règles et de background, et l’OSR est pour moi une façon simple de jouer dans des univers de jeu qui me plaisent. Et dès que tu commences à lire quelques jeux « OSR », tu te rends compte que c’est un terme assez vaste, où chaque auteur fait un peu sa petite tambouille, pour obtenir un résultat qui lui plait. Alors je me suis dit que je pourrais faire pareil…

Le Fix : À la Rédac’ on s’est décidé à te contacter parce qu’on est intéressés et intrigués par Hardi, ton projet de JdR. Tu peux nous présenter un peu Hardi et nous dire comment il se singularise dans la production OSR ?

Une illu d'enchanteresse pour Hardi le jdr

Tolkraft : Et bien Hardi, c’est ma popote OSR à moi. J’aime le présenter avec la phrase « Old school, idées neuves ». Je voulais un jeu qui soit compatible avec tout le contenu « OSR » existant, mais qui corrige tout ce qui me gêne dans bon nombre de jeux Med-Fan, anciens ou récents :

  • les limitations arbitraires (de races, de classes, sur le matériel, sur les sorts accessibles…),
  • le système économique complètement pété, où tu te trimballes avec des milliers de pièces d’or qui ne servent jamais à rien,
  • le « super-héroïsme » latent, qui fait qu’à haut niveau, tu peux poutrer 30 gobelins sans jamais craindre pour ta vie, et où 4 gugusses peuvent terrasser à eux seuls des monstres qui font 20 fois leur taille,
  • la temporalité trop rapide du jeu, qui te fait passer en l’espace de deux mois de milicien de ton village à pourfendeur de dragons et sauveur du monde,
  • et le manque de réalisme ou de pragmatisme dans plein d’autres aspects du jeu.

Je voulais faire un jeu qui puisse être assimilé rapidement par les rôlistes rodés (qui vont se contenter du résumé des règles, de la note d’intention du jeu et du mot d’ordre « rulings not rules »), mais qui prenne aussi par la main les débutants. Bref, la liberté de l’OSR et le didactisme de la 5e.

Enfin, Hardi a une structure très modulaire, pour que chacun puisse faire à son tour sa recette à sa table en mélangeant ses systèmes favoris. Si tu veux, tu peux n’utiliser que le système de magie libre, ou de voyage narratif, ou de combats verbaux, ou encore le système économique, ou de train de vie, qui rend l’argent enfin utile…

Si vous voulez en savoir plus sur ces divers aspects, j’ai commencé à faire des vidéos YouTube (@DendrobatProd) qui détaillent le game design de Hardi.

Le Fix : Au Fix on t’aime bien aussi parce que, régulièrement, tu nous permets de boucler notre « Lundi c’est gratuit ». Envisages-tu la commercialisation et/ou la publication de Hardi ? Si oui, comment ?

Un scénario pour HardiTolkraft : Le texte de Hardi est déjà disponible gratuitement sur www.dendrobat.fr, et le restera. Je veux que tout le monde puisse y jouer, même sans avoir les moyens de l’acheter.

Évidemment, j’aimerais aussi en proposer une version imprimée, illustrée, tout en couleur : on a tous plaisir à lire un beau livre, son auteur le premier. Et puis j’ai passé cinq ans à me former à faire de la mise en page et à éditer un bouquin, il faut désormais que je mette ces compétences à profit.

Maintenant, à la question « comment le publier ? », je n’ai pas encore la réponse. Si je n’avais pas besoin d’illustrations, je pourrais le publier moi-même, dès que je l’estimerai fini. Mais on sait tous que le premier critère de coup de cœur sur un JdR, c’est le visuel.

Tu peux écrire un excellent jeu, si c’est 200 pages de texte Word, personne n’y jettera un œil. Au contraire, tu peux pondre 200 pages d’un système lourdingue, d’un univers bateau et de thématiques pas inspirées, si c’est joliment et largement illustré, ce sera un carton sur Kickstarter (on a tous quelques exemples en tête …).

Moi, j’ambitionne d’écrire un bon jeu, qui soit aussi bien illustré. Et pour cela, j’ai besoin de sous. Si je n’ai pas besoin de tirer un revenu de mon activité créatrice (j’ai un métier qui paye les factures), les illustrateurs eux, ils doivent vivre de leur métier, et donc être payés suffisamment. À mon échelle, faire illustrer un livre de 200-300 pages, c’est un budget avec un zéro de plus que ce que je peux raisonnablement me permettre.

Bref, autoédition, foulancement, co-édition, gros éditeur… je ne sais pas encore trop comment financer le jeu. Et puis je ne suis pas pressé. Le jeu est fini depuis plusieurs mois, mais je le peaufine au fil des playtests.

En attendant, et bien je publie des scénarios Med-Fan à prix libre (j’en ai un cinquième dans les tuyaux, un truc assez original, qui se joue après un TPK), un bestiaire OSR (pour me faire la main sur l’autoédition), et tout l’argent gagné est réinvesti dans des illustrations, car, quel que soit le moyen de publication que je choisirai, j’ai besoin de quelques visuels pour soutenir le jeu et le faire découvrir.

Le Fix : Comment passe-t-on de Hardi, un jeu qui sent la sueur et la suie des torches à Canuts !, un jeu qui sent la sueur et l’oppression capitaliste ; jeu qu’on peut trouver gratuitement sur ton itch.io ?

Tolkraft : C’est la faute à Melville et au défi 3 Fois Forgé, m’sieur le juge !

En 2017, je suis aux Utopiales, à Nantes. J’ai gagné les deux années précédentes le prix du meilleur scénar de JdR au concours qui y est organisé (voir la question suivante), donc là, je me suis décidé à traverser la France pour y être, au cas où (comme de juste, je termine second au concours cette année-là ^^). Durant les Uto, je participe à l’atelier de « création d’un JdR en une page », de l’amie Melville, et je trouve ça super intéressant de créer des jeux courts, mais complets ! De cet atelier naitra FRAK !, un jeu en une page avec des Cylons (et du sexe) dans l’univers de BattleStar Galactica.

Ayant envie de concevoir des jeux, en 2018, je participe au « 3 Fois Forgé », un défi de création de JdR en 3*15 jours, où l’on crée au final un jeu sur les bases posées successivement par deux autres participants. En 3e forge, j’écope d’un bon jeu, avec un thème fort. Je développe le tout, je double le signage, je fais une « jolie » maquette (bon, c’est plein d’erreurs de débutants, mais c’est ma première ^^), et à ma grande surprise, Planétès finit premier au classement !

J’ai à nouveau participé chaque année au 3FF, tant c’est un moyen formidable d’apprendre à créer des jeux complets sans devoir (ni pouvoir) y passer des années.Couverture de Canuts! un jdr de Tolkraft

CANUTS !, c’est le jeu crée lors du 3FF 2022. La première forge écrite par Dak, contenait en 3 pages l’essence et le thème du jeu. Pour la 2e forge, MugMax a créé en 6 pages un jeu qui gardait l’idée de révolte sociale, mais plus du tout le contexte. Et pour la 3e et dernière forge, celle qui doit être un jeu fini et jouable, j’ai décidé de retourner à l’origine du projet. Après tout, j’habite Lyon, mais je connaissais assez peu de détails sur ces fameux canuts. J’ai donc passé les 15 jours suivants à me replonger dans l’histoire de cette révolution ouvrière de 1831, et à croiser de nombreuses sources pour en reconstituer une chronologie au jour le jour.

Au final, je ne suis pas sûr d’avoir créé un très bon jeu de rôle, parce que l’équilibre entre liberté ludique et dirigisme historique est très délicat à trouver (surtout en si peu de temps ^^). Mais je reste content d’avoir réussi en 15 jours à créer un livre de 26 pages qui ait de la gueule, et qui mette en lumière un pan de l’histoire de France qui a eu d’énormes répercussions sur toutes les luttes sociales qui suivront.

Le Fix : Ta bio sur le Grog montre que pas mal de tes scénarios ont reçu des prix divers et variés. Je t’avoue qu’au début je me suis dit « oh la grosse tête » et après je me suis dit que c’était une bonne occasion pour t’interroger sur la question de la reconnaissance. Donc, j’ai envie de te demander à quel point ces prix ont été importants pour te lancer et quelle forme de reconnaissance tu cherches ?

Tolkraft : Oh, ne m’en parle pas, c’est à la fois ma croix et ma bannière. Je porte les deux, hautes et lourdes, sur mes épaules.

Un peu de contexte : fin 2013, je débute le JdR et je n’ai joué que des parties un peu classiques de Med-Fan ou de l’Appel de Cthulhu. Et puis je découvre les scénarios qu’écrit et fait jouer l’ami Poutcho, et qui m’ouvrent les yeux sur ce qu’il est possible de faire en JdR : te choper par l’échine et te plonger dans un polar fantastique et poisseux. Tu te souviens de la claque True Detective, début 2014 ? Ben là c’est pareil, sauf que c’est ton perso qui est broyé par l’ambiance et les événements.

Moi aussi, j’ai envie d’écrire ce genre d’histoire, celle qui prend aux tripes et entache la mémoire ! Septembre 2015, j’ai fini d’écrire Un Prophète, et je le fais playtester avec succès. La tablée propose quelques améliorations, et Poutcho me suggère de le présenter au concours de scénario des Utopiales (qu’il connait bien pour l’avoir remporté en 2011 et 2013). Et là, paf, premier prix du concours ! Je suis un peu surpris, un peu sceptique, un peu content. Un coup de bol sans doute. Je décide de retenter le coup en 2016, avec un scénario, Un été en hiver, co-écrit avec Poutcho. Rebelote, premier prix !

Un peu par jeu (comme le mec de la blague, qui glissant 1€ dans le distributeur de boissons s’exclame « tant que je gagne, je joue ! »), un peu par défi, un peu pour me challenger (ça me donne une deadline à tenir, parce qu’en règle générale, j’écris très lentement) et un peu pour me prouver quelque chose, je participerai six années de suite, et remporterai le trophée cinq fois, avec souvent des scénarii écrits à quatre mains (avec Poutcho, Selpoivre (deux fois), et Tristan Verot), parce que j’ai découvert que j’aimais ça, et que deux cerveaux ont de meilleures idées qu’un seul.

Bref, ces victoires, c’est ma bannière, celle du mec dont on rigole gentiment, car il a « cassé le game » et qui a arrêté de participer au concours de scénar des Uto, car ça en devenait ridicule.

Mais c’est ma croix également, celle que je ne peux m’empêcher de brandir parce qu’au fond, je souffre d’un cruel manque de confiance en moi. Ces trophées, ces titres que je ne peux m’empêcher de mettre en avant, ce n’est pas pour me vanter ; c’est juste pour essayer de prouver à moi-même et aux autres que ce que j’écris n’est peut-être pas si mauvais que je le crois. Et comme je suis quelqu’un de très cartésien, qui juge sur pièce et pas sur du blabla, ces médailles et trophées que j’arbore sans cesse, c’est juste une tentative de me rassurer aux yeux du monde, en disant « regardez, je vaux quand même un peu quelque chose, non ? ».

Donc oui, je pense que ces petits succès ont été déterminants dans mon envie de continuer à créer. Sans eux, je serai sans doute encore à me morfondre sur mon deuxième scénario, en le réécrivant pour la trentième fois…

Quant à la reconnaissance, c’est une question compliquée. J’ai envie de te répondre que je ne la recherche pas, que je suis un timide qui veut juste continuer à jouer et s’amuser à créer dans son coin ; mais à y réfléchir pendant que j’écris ce texte, je me rends compte que c’est aussi l’un de mes moteurs, toujours dans le but de me rassurer.
Alors je vais te répondre que la reconnaissance, Tolkraft la recherche alors qu’il s’en moque, et que Jean-Marc la fuit, mais en a désespérément besoin.

Voilà, ici se conclut cette interview pour Psychologies magazine, passons à des sujets un peu plus légers.

Le Fix : Un autre aspect de ton apport au JdR c’est ton rôle de maquettiste. Je t’avoue que je connais mal ce métier. Est-ce que tu peux nous dire un peu en quoi ça consiste et comment tu travailles avec le ou les auteurs des jeux que tu mets en maquette ?

Tolkraft : Alors, « apport » est un bien grand mot pour un mec qui s’est dit : « tiens, si j’essayai de rendre Un Prophète plus attrayant et lisible en bossant sa présentation ? ». Donc tu te prends la tête avec Word pour ton premier projet, mais bon, tu vois vite que ce n’est pas un outil très adapté.

Après j’ai essayé Scribus, qui est open source et qui fait le taf, mais qui à l’époque ne gérait pas les tableaux.

Mais vu que ça me plaisait de faire de la maquette, je me suis décidé à me former sur InDesign, l’outil utilisé par les professionnels.

Faut savoir que si faire une maquette, c’est assez simple (le succès de Affinity Designer dans le milieu des auteurs indés en atteste), faire une bonne maquette (pas dans le sens « jolie », mais « juste »), c’est compliqué. C’est un métier qui demande une très grande rigueur et une attention aux détails de tout instant : groupement des paragraphes, espacement des mots et des lettres, règles orthotypographiques… Et quand tu commences à avoir l’œil pour ce genre de choses, tu repères vite les bourdes et erreurs qui sont faites, même dans des jeux au tirage respectable.

Vu le manque de moyens dans le JdR, je suppose que les maquettes doivent assez souvent être faites par le Graphic Designer (l’artiste qui crée l’identité visuelle du jeu) ; or, ce sont deux jobs fort différents : y’en a un où tu dois être créatif et laisser parler ta sensibilité ; l’autre où il faut scrupuleusement respecter les règles et les usages. Bref, maquettiste, ce n’est pas une tâche qui conviendra à tout le monde.

Moi, il se trouve que j’aime ça : j’éprouve de la satisfaction à construire un livre, paragraphe par paragraphe, en plaçant harmonieusement texte et images.

De manière assez drôle, si j’ai une fiche dans le Grog, c’est parce que j’ai filé un coup de main à l’ami Léonard pour son jeu Dime Legends, où j’ai fait la fiche de personnage (mais pas la maquette !).

À cause de mon syndrome de l’imposteur, je commence seulement (au bout de 5 ans d’auto-formation et une bonne vingtaine de maquettes faites pour mes propres créations) à oser proposer mes services aux autres, maintenant que j’estime avoir le niveau.

Le Fix : Est-ce qu’il y a des jeux qui t’inspirent et que tu trouves vraiment réussis au niveau de leur maquette ?

Tolkraft : J’achète peu de jeux, vu que je n’ai pas vraiment le temps d’y jouer, donc il y a plein de titres que j’ai loupés ou jamais vus.

Parmi les jeux récents dont l’aspect (donc le design graphique + la maquette) m’ont plus, il y a :

  • Mork Borg évidemment, qui a été tellement marquant qu’il a été repompé partout.
  • Dans un genre proche, mais moins punk, j’aime beaucoup l’esthétique des Knock !
  • Mothership a une approche intéressante, sur sa feuille de personnage notamment.
  • Et enfin, je salue le boulot impressionnant de Nicolas Foliot sur Pendant ce temps, dans le métro, jeu de Côme Martin.

Une page d'en attendant dans le métro, le jdr de Côme Martin qui a inspiré Tolkraft pour son travail de maquétiste.

Le Fix : Pour finir, est-ce que tu peux un peu nous dire ton actu ? À quoi doit-on s’attendre dans les prochains mois ou années ?

Tolkraft : Vous m’avez trouvé bavard jusqu’à présent ? Accrochez-vous, car j’ai plein de projets en cours, et je profite de cette tribune pour en dévoiler certains.

  • Honneur à celui qui traine dans les cartons depuis le plus longtemps, et qui va bientôt aboutir, le label RED Co-créé avec Julien « Selpoivre » ROTHWILLER, il a pour but de :
      • Publier une nouvelle version de son jeu gratuit, World of Lies. Un système simple, léger et élégant pour motoriser de l’enquête, plus ou moins fantastique, plus ou moins cthulhuienne, du moyen-âge jusqu’au cyber-âge.
      • Publier tous les scénarii primés aux Utopiales (et d’autres) qui dorment sur nos disques durs. Y’en a des vraiment flippants, des vraiment originaux (des scénarios double-table qui poussent les interactions à des niveaux rarement vus), et d’autres dont on est vraiment fiers (parce qu’on a eu plusieurs fois des retours du genre : « c’était la meilleure partie de ma vie !»). Et puis plus tard, on fera aussi des appels à texte. Le but, c’est de proposer des scénarios sympas, souvent dans des cadres originaux, avec tout le nécessaire pour les faire jouer facilement (portraits, cartes relationnelles, aides de jeu, handouts…)
      • On a un scénario de découverte gratuit en PDF (Frozen Arrow, qui se passe au Groenland en 1968), et un premier scénario (Un été en hiver, qui en est la suite, 20 ans après, en PDF et POD) déjà prêt. On a hâte de vous faire découvrir tout ça, c’est sur redacted.fr.

Deux images pour illustrer la nouvelle édition de World of Lies de Selpoivre

  • De mon côté, je m’associe avec le talentueux Gogots pour vous proposer une version enrichie de ma campagne Med-fan bas niveau, « Il est temps de devenir adulte». Elle est déjà publiée sur Rolis.net, et bien que je soutienne l’excellente initiative de Rolis, j’avais été un peu frustré de devoir couper plus de la moitié de mon texte pour que ça rentre dans le signage autorisé.
    J’ai là l’occasion de proposer la campagne en version « extended director’s cut », compatible 5e et OSR, en impression à la demande, entièrement illustrée, avec une dizaine de battlemaps et support VTT ! Ce sera en foulancement plus tard dans l’année, une fois que le projet sera presque terminé. Je ne résiste pas à l’envie de vous dévoiler la superbe couverture (non-finale) dessinée par Gogots :
    J’en ai parlé, j’ai un 5e scénario Med-Fan gratuit dans les tuyaux, une petite aventure rigolote qui se joue après un TPK malencontreux, histoire de pouvoir rattraper le coup. Il est conçu et testé, il me reste à l’écrire et le publier. En attendant, vous pouvez retrouver mes autres scénarii gratuits par ici.
  • J’ai un projet de publication d’un excellent module OSR, reconnu par les reviewers spécialisés pour sa qualité. La traduction (qui n’est pas de moi) avance à son rythme, donc je n’en dis pas plus pour l’instant.
  • Et enfin, concernant Hardi, j’en suis à la phase « faisons connaitre le jeu ».
  • J’espérais pouvoir vous montrer la couverture, mais elle n’est pas encore terminée. À la place, j’ai une petite illustration de personnage, et une image qui synthétise les points d’intérêts du jeu.
  • Pour détailler ces points et expliquer le game design de Hardi par rapport à des jeux plus classiques, j’ai commencé à faire quelques Lives YT, et je propose une version « résumé en 30 minutes » des plus longues. Ça a de l’intérêt même pour les joueurs et les MJ, donc n’hésitez pas à aller y jeter un œil : https://www.youtube.com/@dendrobatprod
  • Et je termine en faisant appel à vous, ami·es rôlistes : j’ai besoin de votre relais pour faire connaitre mes créations. Tout le temps que je passe à essayer de faire découvrir mes jeux, je ne le passe pas à les créer. Donc que ce soit un simple like, un abo, un sub, un partage, une mention sur un forum, une invitation pour une interview (merci le Fix !), un soutien via Patreon, un achat de mes jeux… tout cela m’aide énormément à faire découvrir mes jeux, et à concrétiser mes projets. Merci pour votre aide !

Voilà, si vous avez des questions, chers lecteurs, n’hésitez pas à me contacter, je me ferai un plaisir d’y répondre.

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