Demandons-leur la lune !

Depuis jeudi soir dernier, le nouveau de Antre Monde est en foulancement. Comme vous le savez sans doute déjà, il s’agit de l’adaptation en JdR de l’univers littéraire de Emmanuel Chastellière, Célestopol. Celui-ci propose un univers typé steampunk/Jules Verne se déroulant principalement dans la colonie lunaire de l’Empire russe qui lui donne son nom. Sur cette base, Antre Monde propose un jeu de rôle doté de son propre système de jeu et dont la partie univers a été confiée à… Emmanuel Chastellière lui-même. Il suffisait d’y penser. Devant autant d’ingéniosité éditoriale, le Fix se devait d’aller prendre la leçon auprès des principaux intéressés, Emmanuel (donc) et Julien Arnaud, les deux auteurs principaux du jeu.

 

1. Alors, Célestopol, c’était un décor de de JdR maison avant de devenir des nouvelles et roman ou pas du tout ?

Emmanuel : Non, pas du tout, même si c’est un cas récurrent chez les autrices ou auteurs d’Imaginaire, ce n’était pas le mien. Célestopol est avant tout une création littéraire, née à l’occasion d’une anthologie sur le steampunk à laquelle on m’avait proposé de participer. Comme quoi, il n’y avait rien de calculé dans ma démarche, c’est un décor qui a surgi de lui-même !

2 : Emmanuel, tu es la caution pour faire genre c’est officiel ou bien tu as vraiment mis les mains dans le cambouis ?

Emmanuel : Je suis chargé de rédiger tout ce qui concerne l’univers, je propose une nouvelle inédite, et je valide tout ce qui concerne les scénarios par exemple, pour que les histoires proposées collent bien à l’ambiance de Célestopol. Donc, je dirais que oui, je suis très impliqué.

La seule chose où j’ai simplement expliqué comment je voyais les choses sans m’impliquer car ce n’est pas mon domaine d’expertise, c’est donc le système de jeu : je n’imaginais pas un système très lourd, très porté sur les combats.

3 : En tout cas, bien joué : c’est une tentative pour attirer tous les visiteurs d’Elbakin vers le JdR, pas vrai ?

Emmanuel : Si seulement ! Déjà, je ne crois pas que tous les visiteurs d’Elbakin.net soient amateurs de JdR, et ce qui est certain, c’est que tous ne me lisent pas.

Maintenant, pour répondre plus sérieusement, en tant que site internet traitant de l’actualité de la fantasy, il me semble normal de mentionner le financement au détour d’une brève. Et que ce soit sur Elbakin.net ou ailleurs, j’ai eu la chance que 1922, le livre, soit plutôt très bien accueilli, y compris dans la presse d’ailleurs.

4 : À l’origine du projet, on lisait que vous vous étiez associés avec Les Humanoïdes Associés et là plus du tout. Pourquoi ça ?

Emmanuel : ce sont les éditions de L’Homme Sans Nom, qui ont publié Célestopol 1922, qui sont désormais associées avec les Humanos. Donc, par extension, ils gardent un œil sur notre projet de JdR et relaieront la campagne de financement, mais au quotidien, Julien et moi ne travaillons pas avec les Humanoïdes, non, ce ne sont pas des interlocuteurs directs.

5 : Célestopol, c’est du steampunk. Peut-être un peu tardif mais plutôt steampunk quand même. Or, on a l’impression que le genre n’a jamais pris en JdR francophone, si ? Ce n’est pas un pari un peu risqué ?

Emmanuel : en même temps, c’est l’essence de l’univers, que l’on pourrait qualifier plus exactement de Décopunk, pour varier un peu. Il y a les grandes composantes du steampunk, à savoir des avancées technologiques bien plus tôt qu’elles ne sont apparues dans le monde réel, mais ici elles ne sont pas dues à la vapeur, mais au sélénium, une source d’énergie découverte sur la lune. Cette petite différence n’a l’air de rien, mais elle fait toute la nuance. Et puis, ne pas prendre ce risque, ce serait renier la nature même de Célestopol. De façon plus générale, même en littérature, le steampunk occupe une niche. Et pourtant, Célestopol 1922 a su tirer son épingle du jeu, avec même un second “handicap”, celui du recueil de nouvelles. Donc pourquoi ne pas parvenir à briser les codes une fois encore ?

Et puis, de façon encore plus large si je puis dire, c’est un univers à la croisée de plein de genres, à commencer par la SF et la fantasy, donc on peut mettre plein de choses dedans !

6 : Les choix d’illustration des livres (on pense notamment au Libretto) étaient plutôt austères jusqu’à présent. Et là, vous avez procédé comment pour donner à voir les merveilles de Célestopol ?

Emmanuel : Je crois que la couverture du jeu par Bastien Jez, ou l’écran qui est signé Thomas Dambreville, donnent bien le ton ! Quand on pense steampunk et qu’on est un auteur francophone, on a malgré tout forcément Jules Verne en tête, mais effectivement, nous sommes en 1922 (même si c’est un 1922 uchronique, donc, où la Première Guerre Mondiale n’a jamais – pas encore ? – eu lieu), alors l’atmosphère et le cadre, bien que toujours rétro, sont tout de même largement plus “modernes” que les technologies déployées dans De la Terre à la Lune. Cela se sent dans les tenues des personnages, dans les éléments architecturaux de la cité…

7 : Bon, et pour motoriser tout ça, on compte sur quoi ? Un bon petit 5E, non ?

Julien : Non point ! Je n’ai rien contre la 5E de DD mais dans la mesure où nous envisageons un JdR tourné vers l’enquête et le roleplay, disons que la 5E ne remplit pas le cahier des charges ! Ce à quoi s’ajoute la volonté d’Antre Monde Éditions de proposer des systèmes originaux, taillés sur mesure pour servir au mieux l’univers visé.

Dans Célestopol 1922, le jeu de rôle, le système Anomalie repose sur 2d8. L’idée est d’avoir un système fluide et léger qui fait la part belle à la narration. C’est un système asymétrique, donc seuls les joueurs lancent les dés. Le MJ peut ainsi se focaliser sur la narration, l’improvisation et l’interprétation.

Le choix du d8 n’est pas anodin car il rappelle les huit phases de la lune. Le chiffre 8 se retrouve ainsi dans bien des aspects du jeu, depuis le nombre de pouvoirs disponibles, en passant par le nombre de factions en lice, pour aller jusqu’au niveau max des compétences, etc.

8 : Une campagne, dans un univers littéraire, c’est toujours un peu casse-gueule. Les PJ vont-ils vraiment avoir leur mot à dire ou bien tout est-il plié d’avance ?

Julien : C’est vrai que le défi est bien présent ! Mais chez Antre Monde Éditions nous tenons à ce que les PJ soient les héros de l’histoire. Dans Célestopol 1922, le jeu de rôle, cela prend une nouvelle dimension avec le principe de “hors-fiction”. Touchés par le spleen, les personnages perdent de leur superbe et peuvent passer de protagonistes majeurs à simples figurants. En d’autres termes, le challenge pour les PJ n’est pas tant d’échapper à la mort mais surtout de ne pas devenir des personnages insignifiants de l’histoire en cours.

Au-delà de cet enjeu “individuel”, dans la campagne que nous proposons lors du financement participatif, l’idée est de revenir sur des évènements antérieurs à 1922 justement. La marge de manœuvre est donc serrée, mais nous avons tout prévu pour qu’elle laisse la part belle au récit créé par les joueurs et leur MJ autour des nombreuses tables qui accueilleront le jeu !

9 : Il y a de nombreux accessoires au programme du le foulancement. Genre quoi ? Un tarot peut-être ?

Julien : En effet, et en premier lieu, un dé spécial nommé le dé de la lune. Celui-ci a plusieurs usages comme de “teinter” les réussites ou les échecs des tests à la manière des “oui, mais…”, “oui, et…”, “non, mais…”, “non, et…”, etc. que l’on connaît bien. Ce dé, sur lequel figurent les huit différentes phases de la lune, fait également office de dé de la chance, pratique pour déterminer aléatoirement certains éléments secondaires de l’histoire.

Et il y a bel et bien à tarot en effet ! Sa conception a démarré il y a fort longtemps, avant même la finalisation du recueil Célestopol 1922. Donc bien avant que l’idée de l’adaptation en jeu de rôle. Ce tarot a plusieurs usages dans Célestopol 1922, le jeu de rôle. Tout d’abord, il sert à générer “sur le pouce” des amorces de scénario en fournissant aux MJ une piste de départ sur laquelle broder. Ensuite, il sert de “barrage sélène”, une sorte d’horloge de l’apocalypse dont le but est d’apporter des rebondissements spectaculaires. Enfin, un des pouvoirs disponibles étant “tarot divinatoire”, les joueurs en disposant auront l’opportunité de se servir de cartes afin d’influer sur la narration.

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