La Dame nous a quittés [Hommage à Anne Vétillard]
Le décès d’Anne Vétillard survenu le 1er avril nous a mis un sacré coup. Après Isabelle Perrier, c’est Anne Vétillard qui nous a quittés.
Aujourd’hui, on pense à Anne et à ce qu’elle nous a apportés. Et on pense aussi à ceux qui l’ont côtoyé, cette génération qui a, en grande partie, porté le JdR en France pendant des années, cette équipe de Casus Belli dont elle a fait partie, ces clubs et ces forums qu’elle a fréquentés. On pense aussi à vous Didier, Tristan, Jean-Philippe, Laetitia. Et tous les autres. Et on vous dédie ce texte car nos peines sont semblables.
Anne, ma sœur Anne, on ne te verra plus venir. On n’entendra plus ta voix lors d’un call discord sur le canal de la Cour d’Obéron. On ne discutera plus avec toi, de la pluie, du beau temps et de JdR, mais aussi de tisanes et d’escrime. Mais il nous restera de toi, une voix, une image, un sourire. Car tous ceux qui t’ont croisé en convention ou ailleurs te décrivent ainsi : ouverte, accueillante, souriante. Nous, on dirait solaire, radieuse et éternellement riante.
Anne, ma sœur Anne, ton souvenir nous portera. On n’a pas tous connu l’Astrolabe, le club de l’ENS, l’œuf cube et Jussieu. Au cœur de cette scène parisienne si active des années 80, tu faisais tes 25 à 30 heures de JdR hebdomadaires. On peut imaginer l’atmosphère enfumée des parties, les cafés où l’on échoue au petit matin après une nuit à jouer et le soleil de juin quand Paris se réveille. On se demande si rentrant chez toi au petit matin, tu t’arrêtais près des murs du Jardin des Plantes pour écouter les animaux, si tu arpentais les rues en pente du vieux Lutèce, des Arènes aux quais de Seine. On te cherchera toujours un peu dans cette géographie nostalgique. Car, si Jussieu est toujours en chantier, si les boutiques vont et viennent, ton ombre dominera toujours celle des tours de la faculté.
Anne, ma sœur Anne, on se souviendra de tes jeux. De cet exploit d’avoir créé un jeu arthurien qui, dans mon club, vint concurrencer AD&D ! Certains prenaient Légendes de la Table Ronde, un peu de haut. Voyons ce n’est pas Pendragon ! On peut y jouer autre chose que des chevaliers ? Quoi ? Il y a une liste de sorts ! L’anathème n’était pas loin car les puristes, déjà, cultivaient leurs passions tristes. Mais, parce qu’elles étaient belles avec ce bleu étrange, parce qu’elles faisaient rêver, parce qu’elles étaient simples et bien expliquées, tes légendes ont défini notre Moyen-Age et en ont fixé l’esprit : à jamais aventureux, merveilleux, féodal et surtout … ludique.
Anne, ma sœur Anne, tes passions continueront à nous mener. Car si l’on te connaissait auteure, te savait-on également traductrice ? De Torg au Lankhmar façon Savage World, c’était ta plume qui fit passer ces œuvres de notre côté de l’Atlantique, leur permettant de toucher un peuple ludique francophone. Te savait-on co-auteure au milieu de tes complices ? Laelith, Guildes, Torg, souvent en bande, tu as participé à la création d’univers mémorables que des joueurs découvrent encore aujourd’hui. On se souviendra aussi de ta passion pour le GN et l’escrime médiévale, bien avant que celle-ci ne se popularise. Ces deux passions te définissent bien : le goût de l’histoire, la volonté de la faire exister et de la partager avec d’autres.
Anne ma sœur Anne, on te regrettera. Nous voilà tous un peu orphelins, les dés seront tristes pendant quelques temps jusqu’à ce que le jeu et la vie reprennent leurs droits. Et c’est sûrement ce que tu aurais souhaité.
Superbe éloge, pleine de s’affection et de sincérité. Pour moi, son nom, parmi d’autres, reste attaché au magasine Casus Belli, que je passais de longues heures à dévorer pendant mon adolescence.
J’avais alors beaucoup de mal à me concentrer sur la lecture de mes cours, alors que mon esprit s’envolait littéralement, à la découverte de l’imaginaire, porté par la plume des auteurs de Casus.
Je ne la connaissais pas personnellement, et pourtant, à l’heure de son départ j’éprouve un pincement teinté de nostalgie.
Je lui souhaite un voyage serein vers las cavernes de Mandos ou l’ile d’Avalon, tout en sachant qu’elle à laissé son empreinte sur notre imaginaire.
Amitiés pour ce beau et courageux témoignage d’amitié
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