Un regard sur le kit de découverte d’Historia
Un univers à animaux anthropomorphes, dans une ambiance teintée de Renaissance, voilà de quoi attirer mon attention, même si je suis piètre connaisseur de D&D5. En avant, donc, pour un premier regard sur Historia, au travers de son kit de découverte gracieusement mis à disposition par Mana Project Studio.
Rappel : attention, le kit de découverte de Historia n’existe pour le moment qu’en anglais. Toutefois, nous vous en parlons ici car le jeu bénéficiera d’une VF assurée par Arkhane Asylum.
C’est du D&D5, c’est marqué dessus !
Je me permets d’évacuer d’emblée ce point-là : c’est un supplément pour la 5e édition de D&D., il ne peut donc y avoir tromperie sur la marchandise. Les amateurs du système y trouveront leur compte (univers + règles), les autres y piocheront peut-être des éléments qu’ils adapteront à un système ayant leur préférence. Quoi qu’il en soit, la campagne de financement participatif comprend un paragraphe publicitaire très D&Desque, promettant aux souscripteurs et acheteurs 17 nouvelles races jouables, 10 nouvelles classes pensées pour coller à une ambiance Renaissance, de nouvelles sortes puissantes de magie, des règles pour les armes à feu et un équipement historiquement précis, un nouveau système de Factions et Carrières avec des Rangs et du Prestige (les majuscules sont dans le texte originel), des règles optionnelles pour tous vos jeux de la 5ème édition, et autres friandises pour les fans du système.
N’étant pas pratiquant, et encore moins connaisseur, de D&D5, je laisse ceux qui sont mieux placés que moi s’en faire leur propre idée.
Un monde au parfum de Renaissance et de fantasy sombre
Les créateurs d’Historia annoncent directement la couleur : c’est un univers de jeu « Dark Fantasy Renaissance ». L’aspect « Renaissance » saute aux yeux dès la galerie d’images déjà mises en ligne pour la campagne de financement participatif : pourpoint à crevés, corselet, mousquet à mèche, col de dentelle, schiavone, voilà quelques basiques. La magie qui imprègne ce monde de Vesteria et les « espèces » étranges qui le peuplent – dont les espèces anthropomorphiques – l’ancrent dans la fantasy. Quant au dark, il est dû aux sombres menaces (intrigues politiques, corruption, guerres et autres) qui rôdent tant aux frontières qu’au cœur de ce monde, et aux agissements des diverses puissances qui veulent mettre la main sur d’anciennes reliques récemment mises au jour.
Un univers fictionnel de plus
La quasi-totalité des JdR de fantasy comportent leur propre univers fictionnel, et Historia ne fait pas exception. Ici, il s’agit notamment du continent de Vesteria, qui a vu se développer au fil des âges un grand nombre d’espèces animales anthropomorphes, douées de raison, ouvertes à l’essence magique de ce monde et qui ont bâti leurs propres civilisations qui en sont arrivées à leur propre « Renaissance » dans les arts et les techniques (ce qui inclut la poudre à canon…).
Faisons le tour du propriétaire, en quelques mots. Vesteria, c’est la partie occidentale du monde, qu’une opportune chaîne de montagne sépare de l’empire oriental – et conquérant – du Khan. À Vesteria, on maîtrise des techniques avancées, on pratique la magie et l’alchimie, mais c’est la Foi (avec un F majuscule, là encore) qui sous-tend le destin de la plupart de ses habitants. Notamment ceux du Royaume Sacré, royaume sans roi, théocratie sous la coupe de l’Église des Os. Les deux autres nations de Vestaria apportent leur contrepoint : la Confédération des Cités Libres, sorte de Finistère occidental de Vesteria, dévoré de l’intérieur par des cités brillantes mais rivales ; et la Dépression Verte (traduction personnelle de Green Pit, sans préjuger de ce que sera la traduction officielle), contrée entourée de montagnes, couverte de forêts impénétrables, et riche en ressources minières qui attisent les convoitises des voisins de l’Ouest et de l’Est. Au cœur de la Dépression Verte, l’Ossarium, récemment découvert, endroit secret qui abrite des reliques puissantes et – peut-être – susceptibles de remettre en cause la Foi.
A première vue, j’ai de quoi y retrouver quelques-unes de mes marques « Renaissance » dans « notre » Histoire, entre une puissance un chouïa intégriste qui a du mal à bien asseoir un roi sur son trône (la France des Valois), une mosaïque de cités-États (l’Italie), un empire oriental expansionniste (la Sublime Porte ottomane). Et peut-être quelques textes interdits qui remettraient en cause le dogme vaticaniste. C’était déjà le cas avec l’univers des Secrets de la 7ème Mer, où je décelais sans difficulté ce qui s’inspirait de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Empire germanique, de la Russie, etc. Mais (ce n’est pas une surprise), je n’arrive que très rarement à être convaincu par ces univers à la fois trop proches et trop lointains, et quand cela se produit, c’est plutôt en littérature qu’en JdR. Cela étant, d’autres ont des goûts largement différents des miens, et sauront tirer le meilleur parti d’un univers inspiré du nôtre sans que les références historiques leur soient contraignantes.
Des personnages à poil ou à plume
L’un des éléments clés d’Historia est de faire des PJ des animaux anthropomorphes. Choix audacieux, parce que les JdR qui se sont engagés dans cette voie ont rarement été des succès en termes de pratique (même si certains ont pu trouver un public d’acheteurs, ce qui ouvre sur un autre débat !). Je ne vois, dans les animaux anthropomorphes, rien d’autre que des archétypes dont il est facile de se faire une idée d’emblée : le chien fidèle, le renard rusé, le taureau fondeur, etc. Des Fables d’Esope à la saga de BD d’Usagi Yojimbo, les exemples ne manquent pas. Dans le monde d’Historia, les PJ incarnent donc de tels personnages, relevant d’Ordres inspirés des mammifères (les Theris, en VO) et des oiseaux (les Avians), au sein desquels une cinquantaine d’Espèces, regroupées en Familles, sont jouables. À vous le costume de taureau, de vautour, de porc-épic, de loup, d’ours ou encore de grue. J’attends quand même de voir ce que peut donner un PJ rouge-gorge… Surtout qu’à Vesteria, la Famille la plus répandue est celle des Félidés.
Historia propose aux PJ d’endosser des professions plutôt classiques, dont les noms parlent d’eux-mêmes, en majorité, et comportant des variations ou des spécialisations. La liste provisoire, dans le kit de découverte, touche aux domaines des arts magiques (alchimiste, mage), de la religion (pénitent, prêtre), du combat (sapeur, guerrier) et des affaires, au sens très large (commerçant, malandrin, aventurier) ! [Les appellations sont là encore, des traductions qui n’engagent que moi]. Cinq de ces professions (mage, commerçant, pénitent, aventurier et guerrier) sont présentées en plus grand détail dans le kit. Enfin, pour personnaliser la création, les règles proposent un cadre, la Ventura, qui pose les traits majeurs du personnage, comme une capacité dans laquelle il brille, un équipement spécifique, un idéal, un lien avec une personne en particulier, un défaut capital.
De quoi constituer un de ces groupes hétéroclites de PJ qui ont tant de succès autour des tables de JdR. Fort heureusement, un système de Factions – chacune suivant ses propres objectifs – et de Réputation contribuera éventuellement à donner une colonne vertébrale commune au groupe des PJ.
Outre les ambitions collectives de la Faction, chaque PJ suit son propre chemin, au sein de sa Carrière ; une notion qui ne surprendra pas les amateurs de Warhammer, autre jeu « Renaissance fantastique ». L’évolution dans la Carrière se fait au gré de l’acquisition de Réputation dans son domaine professionnel.
Un scénario de découverte
Le kit de découverte comporte un scénario d’introduction à l’univers d’Historia, en une dizaine de pages et trois actes. Destiné à 5 PJ de niveau 1, et intitulé « Perilous Deliveries » (« Livraisons dangereuses »), il immerge les PJ dans le commerce apparemment anodin d’œuvres d’art, avant de glisser dans les complications. Sans en dévoiler les rouages, disons qu’il offre d’entrevoir – sans y noyer PJ et joueurs – certains aspects de ce monde, comme les enjeux religieux et les manigances politiques, tout en conservant une place non négligeable aux scènes d’action.
Les figurines, pour l’ambiance visuelle
La campagne de financement participatif prévoit la réalisation de figurines spécifiques pour le jeu. Pour ce que l’on en voit sur la page Kickstarter, elles sont en harmonie avec le ton donné par les illustrations, au moins quand elles sont passées entre les mains d’un peintre de talent. Ce sera toujours mieux, quoi qu’il arrive, que les « machins » qui avaient été produits pour l’édition française du JdR des Légendes de la Garde (on aurait dit des distributeurs de bonbons Pez, les bonbons en moins).
Jouer en attendant le jeu
Avec le kit de découverte d’Historia, MJ et joueurs disposent d’assez de matière pour se faire une première idée de l’univers du jeu. Les concepts ne m’en semblent pas révolutionnaires, mais, après tout, Warhammer a construit son succès sur des concepts pas beaucoup plus transcendants. Le point le plus clivant d’Historia est, assurément, celui des animaux anthropomorphes : ça passe ou ça casse. Pourtant, je parierais ma solde de mercenaire de Vesteria que parmi les réfractaires aux animaux anthropomorphes, certains n’hésitent pas à incarner des vampires torturés, des elfes millénaires, ou des gros-bills bien D&Desques qui, chacun à leur manière, ne sont ni plus ni moins que des archétypes frôlant la caricature.
Comme le kit de découverte est accessible gracieusement, et qu’il contient des PJ presque prêts à l’emploi (il reste à choisir leur Espèce, notamment) et un scénario de bonne facture, c’est une occasion de tenter l’expérience sans prendre grand risque. Surmontez vos doutes, et lancez-vous : voilà deux statuettes à livrer à un notable du Royaume Sacré, de la part du Podestat de la cité de Salso Nero, et nous vous l’assurons, c’est une mission qui roulera comme sur du velours… ou presque !
Pour découvrir le jeu
– La page du financement participatif
– La page Facebook
– Le kit de découverte
– La bande-annonce
– L’interview vidéo en italien (avant que vous ne lisiez, prochainement, l’interview en français pour le Fix !)
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