Aquaboulevard

Comme vous le savez, Studio Deadcrows finance en ce moment même l’adaptation en JdR de la BD Aquablue. Et, comme le titre le laisse supposer, après un début un peu lent, le foulancement a devant lui un véritable boulevard pour faire naître cette gamme surprise, basée sur une licence finalement peu connue aujourd’hui. Pour avoir des éclaircissements quant au cheminement des auteurs (dont un certain Batronoban, bien connu de nos services…), nous leur avons posé quelques petites questions. Voici leurs réponses.

1. Oulah, Aquablue ?! Mais c’est une vieille BD de quand j’étais gamin, ça, non ?

Batro : Aquablue est un jeu de science-fiction écologique qui se déroule sur une planète océanique, dans le futur. Nul besoin d’avoir lu la BD pour y jouer, on a fait attention. En fait, il y a même beaucoup plus d’explications dans le jeu que dans les BD.

Les PJ incarnent les membres d’une fondation dédiée à la protection de ce monde incroyable. Mais les corporations terriennes et les pirates, en plus d’une colonisation civile qui menace de dériver en guerre ouverte, donneront du fil à retordre aux héros ! Si tu connais le film Avatar, c’est tout à fait cette ambiance, mais avec de l’eau !

Vincent Morin : Aquablue est un joli trentenaire c’est vrai, mais un trentenaire qui a su se réinventer à chaque changement d’ équipe scénariste/dessinateur pour rester à la pointe. Je ne sais pas si tu as pu feuilleter les derniers tomes (à partir du 12) par Régis Hautière et Reno mais niveau graphique tu prends une grosse claque. Les vues sous-marines sont à couper le souffle. Plus besoin de voyager, ouvre-s-en une et tu verras des paysages dignes des plus belles îles du Pacifique. Ça fourmille de détails et on en sait quelque chose vu les heures qu’on a passé à étudier minutieusement chaque planche pour réaliser la bible de l’univers. Côté scénario c’est du haut niveau aussi. La nouvelle équipe a repris la série de manière super fluide. Elle brode toujours sur les thèmes d’origine, à savoir la défense de l’environnement, une critique du colonialisme, l’influence délétère du capitalisme… et y introduit des thèmes d’actualité comme le terrorisme, les migrations ou la relation des humains avec des robots devenus omniprésents dans ce monde futuriste. Saupoudre ça avec des rebondissements, un personnage principal vraiment héroïque, des relations père/fils compliquées et de l’humour et tu as vraiment une série passionnante. Si la BD a réussi à garder son public sur trois décennies, tu imagines bien qu’il y a de bonnes raisons 🙂

2. Ah bon ? Bah, du coup, j’ai raté des trucs ou pas ?

Vincent : Je ne sais pas où tu t’es arrêté mais sûrement des tonnes de choses oui. Le dernier cycle introduit des tons de gris dans une histoire qui était peut-être un peu tranchée, avec des gens mal intentionnés de tous les côtés. C’est dans ce sens là que nous avons développé le contexte du jeu. Les tribus d’Aquablue ne sont pas pacifiques, loin de là, et dans tous les camps n’importe qui peut-être corrompu, trahir ou avoir des méthodes aussi condamnables que les agresseurs officiels. Même les gens bien intentionnés peuvent faire de grosses bêtises et desservir la cause de ceux qu’ils défendent (ah oui ça marche aussi avec les PJ). En somme on est pas dans Avatar avec les gentils indigènes et les méchants humains c’est plus riche que ça.

3. Bon, votre JdR là, vous êtes bien gentils mais moi, j’ai mon bon vieux Simulacres et l’adaptation parue dans le Casus Belli #55 (de 1990 !) alors hein, vous voyez…

Vincent : Cette adaptation a sûrement beaucoup de mérite mais on ne peut pas comparer quelques pages dans un magazine (on parle de deux pages de contexte et un scénario de trois pages là) et un bouquin de base plus écran et son livret bourrés à craquer de background et de scenarii.

4. Mouais, admettons mais je vais vous avoir quand même : en plus, i am totally bilingue et j’ai tout Blue Planet chez moi alors, hein, qu’est-ce que vous en dîtes cette fois-ci ?

Batro : Blue Planet est un vieux jeu au contexte similaire que connaissent les spécialistes. Il n’a jamais été traduit, il est lourd en termes de règles et offre une approche pseudo-scientifique. Aquablue propose un cadre d’aventures héroïques grand public, aux règles accessibles à tous, qui est plus diversifié (par exemple en terme de cadres : il y a deux planètes à découvrir, Aquablue et la Terre cyberpunk, ou encore en terme de personnages jouables, on peut jouer des indigènes, des robots, etc.).

En fait, je dirais que Aquablue est tout simplement fun ! Aquablue ne s’attarde pas sur la composition en oxygène du poisson arcturus-bidulus. Il se demande : en quoi ce poisson est-il une accroche d’aventure ? Aquablue, en 5mn tu as décrit le contexte et les règles à de nouveaux joueurs, et tu peux jouer direct. Ensuite, la profondeur de cet univers, de ses factions, de son histoire, des tensions politiques se révèlent petit à petit..

5. Vous parlez d’un système, je cite, « simple et accessible ». Un truc genre « pile ou face », quoi ?

Trickytophe : Aquablue offre un système de jeu simple mais pas simpliste. Le jeu se joue avec des D6. Trois caractéristiques définissent un personnage : Physique, Social et Mental. Elles sont graduées de 1 à 5. Un test s’effectue avec 3D6. Chaque résultat obtenu égal ou inférieur à la caractéristique offre un succès. Plus l’action est difficile plus il faut de succès. A cette base simple s’ajoute diverses subtilités qui font tout le sel du jeu : avantages et désavantages, dés de couleur liés aux éléments et servant à simuler le chamanisme, compétences appelées maîtrises débloquant des capacités utiles, points d’énergie simulant à la fois la vitalité et l’essence spirituelle…

Notre but est de proposer une mécanique agréable tant pour des joueurs confirmés que novices. Alors, non, le système n’est pas qu’un simple pile ou face. Il est élégant et constitué un réel soutien à la narration.

6. Un livre de base d’environ 250 pages et un écran du MJ, c’est pas énorme comme foulancement : y a que ça à dire sur cet univers ? Pas de supplément, pas de campagne, rien ?

Vincent : Cet univers est sans limite, sur une planète aussi grosse que la Terre parsemée de milliers d’îles, il y a beaucoup de choses à dire. Le contexte de la Terre pourrait aussi être largement développé et puis c’est sans compter qu’avec Aquablue nous avons également affaire à un space opéra donc il y a d’autres planètes et d’autres races. On en voit un certain nombre dans la BD. On a dû couper pour que le reste rentre dans le nombre de pages imparties. Il y a de quoi faire et ce ne sont pas les idées qui manquent. Le marché étant ce qu’il est, et tu le connais bien, il faut d’abord si le jeu rencontre son public et nous serons enchantés de poursuivre la gamme, pour continuer à faire jouer et rêver les joueurs.

Les règles et la création de personnage ne prennent pas trop de place, donc a pu se faire plaisir niveau contexte et pareil pour les aventures. Je ne connais pas énormément de bouquin de base qui contiennent déjà trois scenarii dont un qui est quasiment une mini-campagne (et peut-être un autre à venir qui sait… si le financement continue sur sa lancée). Le point commun avec l’adaptation de Casus Belli c’est que les PJ vont être des employés de la Fondation Aquablue, une fondation qui protège la planète.

Nous ne nous sommes pas contenté de reprendre la BD et nous avons tout inventé sur la Fondation qui va envoyer les PJ aux quatre coins d’Aquablue et d’ailleurs. Nous avons fait tout cela sous le regard stricte mais bien veillant de Régis et Reno (les auteurs de la BD) bien sûr. Ils ont validé tous nos développements.

7. Eh, entre nous, un jeu basé sur une licence BD, c’est la belle occasion de bourrer le foulancement ras-la-gueule de goodies jolis et qui ne servent à rien, pas vrai ?

Batro : Comme d’habitude chez les Deadcrows, nous proposons du matériel utile : par exemple une carte inédite de la planète océanique, qui nous a demandé énormément de travail avec les auteurs de la BD, ou de nouveaux scénarios !

https://www.gameontabletop.com/cf290/aquablue-le-jeu-d-aventures.html?fbclid=IwAR1IeUsi4A4tE6Jjo6oblPyD_s2Z1RSNKFIzxBSGOO1kJxR-fL4CvdOVMzQ

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