Un interview qui ne ruine rien !

Au Fix, on constate que le printemps est précoce puisqu’on a assisté en cette période encore hivernale à une floraison de jeux portés par des auteurs dont c’est le premier projet. Parmi eux, Ruines, un jeu médiéval apocalyptique. Dans cet esprit printanier, on a décidé de briser la glace et de rencontrer un peu Ruines à travers l’interview d’un de ses deux auteurs, Clément Drolez.

Le Fix : Salut Clément, nous, on est Le Fix, on est des joueurs, un peu quadra / quinqua sur les bords, on fait du jdr et on tient aussi un site où on publie des actu, des critiques et des interviews. Et toi, t’es qui ?

Clément Drolez (CD) : Je suis également un quadra, peut-être même en crise de la quarantaine car j’ai jamais fait autant de JdR qu’en ce moment ! Je suis graphiste de profession et rôliste depuis toujours. J’aime aussi les jeux de plateau et les jeux vidéos, bref un geek en puissance. J’adore créer et l’illustration est ma seconde passion, du coup je me suis lancé dans la production de mon propre jeu.

Image de l'écran de Ruines

Le Fix : Ruines est ton premier jeu. Avant que tu ne nous le présentes, est-ce que tu peux dire un peu quel est ton parcours de rôliste et en particulier parler de ton club (puisque tu le mentionnes dans ta bio sur le grog).

CD : Ah malheureusement les clubs n’ont pas duré, mais j’ai gardé contact avec mon groupe de joueurs ! J’ai d’abord commencé vers 10 ans avec les livres dont vous êtes le héros. Un jour mon frère m’a donné la boîte rouge de donjons et dragons, j’ai tout de suite accroché. Vers 15 ans j’ai intégré mon premier club. Mais avec les études supérieures tous mes amis se sont éparpillés. On a continué à jouer ensemble grâce aux tables virtuelles et ça fait plus de 10 ans que ça dure, sur du D&D, du Star Wars, du Shadowrun, etc… Aujourd’hui je n’ai jamais autant joué car pour la création de mon jeu je suis sorti du cercle d’amis. J’ai rejoins des forums et des discords pour jouer à de nombreux jeux différents. J’ai découvert de nouvelles notions comme la narration partagée, l’émergence, l’agentivité. Et j’essaye maintenant de combiner tout ça dans Ruines.

Le Fix : Tu peux nous présenter un peu Ruines et nous dire où tu en es en terme de production ?

CD : Ruines est un jeu de rôle médiéval apocalyptique. Imaginez le moyen age en plus sombre, avec de la sorcellerie, et surtout un Titan antique qui se libère de sa prison pour se venger de l’humanité. Le monde a été ravagé par des tremblements de terre, des raz-de-marée et des volcans. Et les ruines du monde sont hantées par des monstres contre-nature.

Le système Prédiction motorise tout ça. C’est un ensemble de règles simples et de sous-systèmes qui se combinent (Voyage, Combat, Sorcellerie, Alchimie et Artisanat). Tout se fait avec un dé à 12 faces, et toute action a des conséquences, il n’y a pas de temps morts.

Les joueurs créent leur refuge qui sera le point de départ de leurs voyages. Ils découvrent une carte à cases hexagonales, sur terre et sur mer. Explorent des ruines antiques et affrontent des monstres sortis des légendes. Le tout pour trouver les ressources nécessaires pour améliorer leur refuge et leur équipement.

Comme tout jeu apocalyptique c’est un jeu de gestion de ressources, matérielle, physique et mentale. Avec une part de narration partagée en voyage, des factions à rencontrer sur le chemin et un dénouement final qui reste dans les mains des joueurs.

En termes de production, les règles du joueur sont affinées et la campagne proposée dans le livre du meneur est en playtest. Il reste encore beaucoup à faire, surtout les illustrations. Le livre du meneur ne sera pas une encyclopédie, mais plutôt du matériel de jeu clé en main. Avec des plans, des accroches, des factions, des monstres, des énigmes et des puzzles. Le financement n’est pas une pré-commande, mais l’opportunité de soutenir un nouvel acteur qui vise un haut niveau de qualité de production.

Le kit de découverte disponible ici est une bonne vitrine de notre objectif.

Le Fix : Sur le plan de la conception, est-ce que Ruines appartient à cette catégorie de jeux qui ont un gros parcours amateur ou en club avant d’être commercialisé ou est-ce que tu as tout de suite voulu te tourner vers le public ?

CD : Avec Jean Corfa, le co-auteur, on travaille sur le projet depuis plus de 2 ans. À la base ce n’était qu’une nouvelle campagne comme une autre. Mais j’ai décidé de me lancer dans l’illustration et je me suis servi de ce projet pour pratiquer. On a également créé un système car on ne trouvait rien qui nous convenait et qui mêlait réalisme, stratégie et fun. Avec un univers, un système et des illustrations, il ne nous restait plus qu’à tenter de le publier !

Le Fix : Ruines est un jeu qui se singularise par son système, peut-être plus que par son univers qui reste du med-fan. On a tort ?

CD : Pour un premier jeu, on n’est pas partis dans un univers trop particulier afin de séduire le plus grand nombre. Le med-fan parle à tout le monde et comme c’est en pleine apocalypse, tout est à reconstruire, un vrai bac à sable pour les MJ. Ça nous permet de donner une base solide à notre système.

Comme on est des vieux joueurs, on pense que le système est important, qu’il amène à la fois un cadre de possibilités pour les joueurs et un guide pour l’histoire du meneur. Le système est accueillant pour les nouveaux joueurs et les aide à tuer des monstres mais aussi à raconter des histoires mettant en scène leur famille, leurs alliés et leurs rivaux.

On envisage tout de même des variations pour l’adapter à de la science fiction ou autre…

Image des règles de Ruine illustrant les singularités du système
Le Fix : Tu as choisi le foulancement alors que d’autres possibilités d’édition existent. Avoue tu t’es fait jeter par les éditeurs classiques ?

CD : Nous n’avons pas contacté les éditeurs. Ils sont déjà noyés sous les demandes d’auteurs et on voulait garder la main sur notre « bébé ». On s’est fixé un objectif d’auto-édition qui nous a poussé à produire le jeu pour avoir quelque chose à montrer au public. Se fixer des objectifs nous pousse à avancer et ne pas travailler 10 ans sur un projet obscur que personne ne voit. Avec le foulancement c’est une première étape pour nous faire connaître, c’est autant un moyen de financement qu’une opportunité de visibilité.

Mais si un éditeur veut nous accompagner et aider notre projet, nous sommes ouverts à toute proposition.

Le Fix : A titre personnel, et c’est une question qui peut intéresser d’autres créateurs, pourquoi game-on et pas d’autres plateformes comme Kickstarter ou Ulule ?

CD : Ce sont surtout les services annexes qui nous ont décidés. Le marketing, la production et la logistique sont les domaines sur lesquels nous avons le plus à apprendre et Game On offre des solutions sur ces domaines, notamment avec la boutique Game On qui nous évitera de devoir gérer les stocks et les envois.

Le Fix : Est-ce que quelqu’un de la plateforme t’aide et si oui, comment ?

CD : Je suis en contact avec une admin qui m’a conseillé sur la communication, les objectifs et les contreparties à proposer. Ils sont de bon conseil mais ils ne font pas la campagne à votre place. Il faut savoir écrire pour mettre en avant son projet et produire tous les supports graphiques pour agrémenter la page du financement.

Le Fix : Ce n’est bien sûr pas ce qu’on te souhaite, mais si jamais la souscription ne réussit pas, quel est l’avenir de Ruines ?

CD : Rome ne s’est pas faite en un jour. Nous sommes nouveaux sur le marché, et en plus d’apprendre les ficelles du métier nous devons nous faire connaître du grand public. Si le financement n’aboutit pas, le projet se fera tout de même, mais moins vite. Quoiqu’il en soit, ce financement et la campagne marketing associée nous offre de la visibilité et les joueurs sauront qui nous sommes lorsque le jeu sortira 😉

Lien :

La page de la souscription