En coloc avec soi-même

La vogue du jeu en solo est désormais incontestable. Longtemps confinée dans les méandres du jeu indé, regarder parfois avec méfiance par les rôlistes plus traditionnels, ceux qui aiment se raconter à eux-mêmes des histoires structurées à l’aide d’un jeu sont désormais l’objet de l’attention des éditeurs les plus installés.

Le jeu solo, c’est en effet le créneau de Colostle, le nouveau jeu en préco sur le site de Arkhane Asylum, ici : https://www.arkhane-asylum.fr/product/colostle/

Comme tous les jeux de ce genre, Colostle est en fait un jeu d’écriture créative, de « journaling » comme on dit dans un étrange va et vient franglais. Le jeu propose une situation de départ et celle-ci est ensuite explorée de façon aléatoire donnant l’inspiration au joueur qui décide des détails et les consigne dans son journal qui, une fois terminé, devient physiquement l’aventure jouée.

Pour présenter un intérêt, il est bon que le jeu solo se distingue par son univers. C’est le cas ici. Si, de prime abord, explorer un château pièce par pièce n’est pas follement original, cela le devient quand on comprend que la taille colossale du château en question lui permet d’abriter des fleuves, mers et montagnes  l’intérieur de ses corridors ou de ses pièces. En VO, l’univers s’appelle d’ailleurs Roomlands (la vache, explorer la mienne, de chambre, ne va pas être tâche facile en revanche…).

Pour se lancer dans cette aventure, le joueur se dote d’un personnage défini simplement par quelques choix ou tirages aléatoires : une vocation, une nature, une classe et une arme. La vocation est donc la raison pour laquelle un personnage joueur part à l’aventure et explore les Roomlands, sa nature est la façon dont il réagit habituellement au monde qui l’entoure, sa classe est la façon dont il explore le monde et la façon dont il se bat, et son arme est ce avec quoi il se bat le plus efficacement. Tout cela détermine le score d’exploration et le score de combat.

La suite se passe par un tirage de cartes à jouer (des cartes classiques) qui permettent de consulter de multiples tables aléatoires et de créer des scènes, des rencontres, etc.  Le score d’exploration du personnage détermine le nombre de cartes qu’il tire. Les cartes rouges indiquent une rencontre tandis que les cartes noires déterminent la présence d’objets et autres choses inanimées. Les quatre couleurs (trèfle, cœur, etc.) sont aussi utilisées pour déterminer l’entrée exacte de la table à consulter.

Le combat consiste lui aussi à tirer des cartes, dont le nombre est déterminé par le score de combat du personnage joueur et le type d’adversaire qu’il combat. Le joueur oppose ensuite les cartes de son personnage à celles de son adversaire pour tenter de le battre en se référant à la couleur de la carte pour indiquer le type d’attaque utilisé.  Lorsqu’un personnage joueur ne peut pas arrêter une attaque parce qu’il n’a pas une carte suffisamment haute, il subit une blessure qui réduit soit son score d’exploration, soit son score de combat.

Le jeu a été largement nommé dans la sélection des ENNIEs 2022 et a été récompensé pour ce système de jeu à base de cartes.

Les tables aléatoires du jeu peuvent aussi servir de source d’inspiration pour un JdR plus traditionnel mais celles-ci,s’avèreront sans doute trop peu nombreuses ou trop imprécises pour être concrètement utilisées au débotté ; il faudra plutôt travailler les propositions faites par le jeu très en amont pour en faire un véritable cadre de JdR à faire explorer par vos amis.

Le jeu est assez petit (56 pages) et très mignon. AAP n’a pas pu s’empêcher de proposer une version bundle, certes sans peluche mais avec un carnet vierge (mais avec des entrées formatées quand même pour savoir quoi noter et où) pour écrire vos aventures et un deck de cartes (classiques mais illustrées pour le jeu) pour les déterminer.

 

Tout ceci sera disponible dès la fin juin 2023.