Role’n Play, l’interview en mode avancé

C’est ce mardi 30 mai que débutera la souscription pour les règles avancées de Rôle’n Play, l’adaptation de l‘actual play éponyme en version 5E saupoudrée de french touch. Une souscription qui ne durera que 4 jours, vous voilà prévenu. C’est pourquoi nous avons été interviewer une partie de l’équipe derrière ce projet, pour – on l’espère – vous donner toutes les clés qui vous permettront d’aborder au mieux ce foulancement en mode speedrun.

Illustration de couverture signée Simon Labrousse

Le Fix : Bonjour, nous c’est le Fix. Nous n’avons jamais atteint le niveau 20. Et vous, vous êtes qui ?

Julien : Voilà, ça c’est la question la plus compliquée de toute l’interview ! Oui oui ! Bon, je suis donc Julien Dutel, comédien avant tout, auteur de JdR à mes heures perdues, MJ et auteur sur l’émission YouTube Rôle’n Play (si tu ne la connais pas file donc regarder !). Et surtout auteur sur le JdR Rôle’n Play. Et pas que, j’ai même les titres ronflants de responsable de gamme et de directeur artistique sur le JdR, en collaboration avec Marc Sautriot.

Marc : Voilà, c’est ça ! En tant que responsable d’édition “création française” chez BBE, j’ai donc le plaisir de travailler avec Julien à la création de la gamme Rôle’n Play, le jeu de rôle.

Tony : Je suis en charge de la comm et de l’événementiel chez Black Book Editions, et à ce titre j’ai aussi bossé sur celle de Rôle’n Play !

Le Fix : Rôle’n Play, c’est avant tout un actual play sur Youtube. Est-ce que le jeu de rôle prend son indépendance vis à vis du show, ou sont-ils toujours liés ?

Julien : C’est une question un peu compliquée parce que l’histoire des deux est tout de même intimement liée. Mais la décision a été prise, effectivement, de séparer le financement des livres du JdR et le financement de l’émission. Il n’en reste pas moins que l’émission se joue toujours en Rôle’n Play (le JdR) et qu’étant auteur de pas mal d’éléments techniques, notamment sur ce livre je me permets aussi d’en tester certains au cœur de l’émission (notamment, cette saison, avec les origines et les archétypes de classe de nos diverses invitées).

Il est cependant certain que le jeu n’est pas totalement lié à l’émission et à son univers. On trouve quelques passages sur Pangée dans le Livre du Joueur, et on en trouvera dans le Livre du Joueur Avancé, mais, par exemple, les spécificités techniques de l’univers de Pangée, de l’émission, ne sont que des options présentes dans le Livre de la Meneuse.

En cela, on peut dire que les deux projets sont parallèles, mais pas intimement liés.

Marc : C’est tout à fait ça : Rôle’n Play est le jeu qui sert de support à l’émission, et l’univers que développe Julien, Pangée, est intimement associé au jeu. On y fait référence, parallèlement à notre autre univers qu’est Alarian, dans les livres de base, et surtout, une “collection” de Rôle’n Play JdR est spécifiquement consacrée à Pangée, avec pour l’instant deux ouvrages que sont Les Plaies ouvertes 1 et 2. Le troisième tome ne va pas tarder à les rejoindre, et avec Julien, nous avons bien entendu des idées pour d’autres ouvrages dont nous aurons l’occasion de reparler à l’avenir.
Ceci dit, le jeu de rôle Rôle’n Play se veut généraliste pour ne pas dire générique, et propose des suppléments de fantasy utilisables dans tout univers “classique” avec les règles 5E (par exemple, nos Codex des monstres), et est utilisable pour jouer des campagnes comme Vers le Ragnarök ou L’Ascension des drows, et même Kingmaker dans sa version 5E.

Le Fix : L’émission a également permis de faire participer la communauté, via les gazettes. Comment s’est passé cette expérience participative. Est-ce que c’est quelque-chose que vous pensez réitérer ?

Julien : Ça a été enrichissant, intéressant, mais compliqué. Les gazettes étaient à la base des suppléments cadeaux mais il me tenait à cœur de faire jouer une aventure palpitante et complète. Ça a permis des interactions intéressantes, des orientations parfois inattendues (j’attends toujours de clore, à l’heure actuelle, le sondage qui finit la dernière gazette de la living campaign, et les conséquences sur l’univers risquent de pas mal changer la donne pour les saisons prochaines). Mais c’était une charge de travail folle pour moi, en plus de tout ce que j’avais à écrire et à créer. Personnellement je ne m’interdis pas de reprendre un concept dans ce genre (le côté interactif) un jour. Mais pas tout de suite, et pas sous cette forme.

Le Fix : Parlons du jeu. Rôle’n Play, c’est avant tout un système ou un univers ?

Julien : C’est sans aucun doute un système de jeu avant tout. Le but du jeu est d’être le plus raccord possible avec l’équilibrage de base de la 5e édition. On a bien mis en place quelques éléments d’univers. Les origines (anciennement “races”) ont toutes trois niveaux de description : une description générale correspondant au type de créatures qu’elles représentent dans la fantasy, une description en Alarian (en hommage à feu le premier jeu 5E de chez BBE), et une description en Pangée. Mais ce sont les seuls éléments d’univers qu’on y trouvera. Tout le reste, c’est avant tout de la mécanique et des éléments pour créer son personnage et, dans le Livre de la Meneuse, de quoi moduler le système de jeu pour coller à son propre univers.

Marc : Pour compléter ce que dit Julien en chipotant un peu, Rôle’n Play, c’est en réalité une gamme complète de jeu de rôle, composée d’ouvrages de règles utilisables avec tout univers de fantasy, basées sur la fameuse 5E, mais aussi d’ouvrages liés à l’univers de Pangée, et pourquoi pas à d’autres univers par la suite. Nous avons parlé d’Alarian, qui est évoqué dans le chapitre de création du personnage du Livre du joueur de RNP. Et là encore, avec Julien, nous évoquons d’autres pistes.

Donc oui, la base du jeu, comme son modèle qu’est le grand ancien, mais aussi comme Chroniques Oubliées Fantasy, c’est un système ; mais à l’image de ces deux jeux, nous développons aussi en parallèle un univers, et il pourrait bien y en avoir d’autres par la suite.

La souscription sera également l’occasion de débloquer le troisième tome de la campagne

Le Fix : En dehors de la montée au niveau 20, que proposera le sommaire de ce supplément « avancé » ?

Julien : Tellement de choses. Le but c’est non seulement d’avoir le complément du livre du joueur, mais aussi d’avoir l’équivalent d’un véritable compagnon du joueur. On ne va pas se la jouer catalogue mais on trouvera son lot de nouvelles origines, de nouveaux archétypes de classes (dont un bon nombre inédits), de variantes d’historiques et de dons supplémentaires. On a essayé de créer un grand nombre d’options cools, qui donnent envie de créer de multiples personnages et d’essayer un peu toutes les classes et les origines. Et personnellement c’était ma première préoccupation : l’envie de provoquer de l’enthousiasme et de donner une grande diversité de possibilités.

Le Fix : Les adaptations de la 5eme édition du plus vieux des JdR sont légion, y compris en VF. Pour vous sur quels points principaux Rôle’n Play se démarque t’il des autres jeux utilisant l’OGL ?

Julien : S’il y a bien une chose, pour moi, qui constitue la force de notre jeu, c’est l’accessibilité. Toutes les capacités de classes et d’origines ont été réécrites et précisées, parfois fractionnées en plusieurs capacités différentes, avec le plus de précisions possibles pour éviter toutes les questions, ou en tout cas en éviter un maximum. Et des retours qu’on a eus, ça a été assez efficace et la clarification fonctionne bien. De même, la réécriture des sorts et la remise en forme des statblocks des créatures et des PNJ (présents en nombre, notamment dans le Compendium de PNJ, qui accompagne l’écran de la Meneuse) clarifie beaucoup les choses. J’ai clairement capitalisé sur plusieurs années d’expérience, et en jeu, et en écriture (depuis ma participation à Héros & Dragons en 2016) pour identifier ce qui me semblait problématique dans l’expression des éléments techniques, et j’en ai profité pour intégrer aussi les clarifications de règles faites par les auteurs du SRD au fil des ans (en tous cas celles qui me paraissaient importantes).

Maintenant, je crois que notre particularité aujourd’hui tient aussi à notre approche. De ce que je constate, outre quelques projets US récents (comme ceux de Kobold Press ou d’autres), l’immense majorité des créations 5E sont avant tout des cadres de campagne, des univers, des campagnes, des bestiaires… Mais pas vraiment des jeux. Et quand des jeux complets sortent, ils prennent souvent le parti de lier les règles à des univers forts. Rôle’n Play sépare les règles et les univers, et s’attache à fournir de multiples options pour créer sa 5E sur mesure (le plus possible, en tout cas), fournissant du matériel permettant de s’approprier au mieux le jeu et le faire sien. L’idée derrière Rôle’n Play, c’est de pouvoir faire son marché, en espérant que tout le monde y trouve son bonheur.

Le Fix : La première partie de cette gamme Rôle’n Play semblait avoir une idée fixe (uh, uh) d’accessibilité pour tous les publics, est ce que cette extension en « règles avancées » a nécessité des arbitrages particuliers pour garder cet axe initial ? Lesquels ?

Julien : Tous les arbitrages ayant été faits concernant l’expression des divers éléments techniques, l’écriture de ce livre avancé n’a finalement pas demandé autant de questionnements, bien au contraire. Toute la réflexion poussée sur le Livre du Joueur et le Livre de la Meneuse a permis de se libérer pleinement et de créer avec une grande liberté de nombreux éléments techniques pour les joueurs. Je pourrais dire qu’on a capitalisé sur tous les arbitrages qu’on avait décidé de faire sur les premiers livres de la gamme pour se concentrer sur la création à proprement parler.

Marc : Comme dit Julien, les arbitrages ont été réalisés au lancement du projet initial du jeu. Ce Livre du joueur avancé était prévu depuis le départ et a été conçu dans la lignée du Livre du joueur et du Livre de la meneuse, avec le même souci d’accessibilité, de clarté, de lisibilité.

Le Fix : Pouvez-vous nous parler un peu de la campagne L’Enfant Nuit ? Est-ce que ce sera une campagne de haut niveau ?

Marc : Absolument pas ! Enfin… oui, je peux vous parler un peu de la campagne, mais non, ce n’est pas une campagne de haut niveau. En revanche, ce n’est pas non plus une campagne pour PJ débutants. En fait, quand Thomas Le Goareguer, l’auteur de cette campagne, et moi avons discuté en vue de sa rédaction, nous avons immédiatement partagé un sentiment commun : il y a pléthore de campagnes faites pour commencer avec des persos de niveau 1, ce qui implique de commencer avec un perso fait pour l’occasion. En revanche, il est très rare de pouvoir lancer des personnages ayant déjà un peu d’expérience dans une aventure avec des enjeux déjà un peu conséquents.

C’est l’éternel problème des campagnes : pourquoi un roi confierait-il une mission importante à des troufions sans expérience ? Dans L’Enfant-nuit, un prince se tourne vers des personnages de niveau 5 pour porter une missive à l’un de ses vassaux et négocier en son nom. Dès lors, les persos vont tout de suite pouvoir être balancés dans un intrigue où ils vont être confrontés à une adversité intéressante. Ce n’est pas qu’il est inintéressant de commencer au niveau 1, mais à force, certains joueurs et MJ ont envie de sauter les niveaux d’apprentissage pour passer tout de suite au stade où les persos sont capables de faire des trucs sympas.

Nous nous sommes donc mis d’accord sur une petite campagne sans enjeu galactique, pour des persos de niveau 5. Là encore, on est parti du constat qu’une bonne majorité des tables apprécient particulièrement le jeu avec des persos de niveaux “moyens”, disons entre 4 et 8. L’Enfant-nuit n’a donc clairement pas pour objectif de faire des PJ des demi-dieux !

Le Fix : En plus de Rôle’n Play, Black Book éditions développe un second système maison : Chroniques Oubliées. Comment développez-vous la gamme sans vous marcher dessus ? Quel jeu s’adresse à qui ?

Marc : Effectivement, nous avons deux gammes phares en création, Rôle’n Play et Chroniques oubliées, en particulier Chroniques Oubliées Fantasy en l’occurrence, dont nous avons annoncé le financement participatif qui aura lieu fin août ici.

Très clairement, si ces deux gammes ont un ancêtre commun au niveau de la mécanique, elles ont suivi des chemins différents et proposent des expériences de jeu différentes. Les deux jeux ne s’opposent pas nécessairement, dans le sens où on peut très bien aimer jouer à RNP et à COF, et qu’on favorisera l’un ou l’autre selon ce qui est recherché à un moment donné. Là où RNP est un jeu relativement technique, qui propose une mécanique de jeu très détaillée notamment sur les combats, Chroniques oubliées propose un système dont le premier objectif était de permettre l’initiation et le jeu avec une prise en main quasi-immédiate. Les règles de COF tiennent en quelques pages et sont hyper faciles à comprendre pour quelqu’un qui n’a jamais fait de jeu de rôle. Avec les années, on s’est aussi rendu compte que ce système intéresse énormément de vétérans qui n’ont plus l’envie ou le temps de se consacrer à des jeux plus “velus”, et qui ont trouvé dans COF l’équilibre qui leur convient.

Il faut préciser que COF est certes simple et accessible, mais il est également très riche en règles optionnelles permettant à chacun de le personnaliser. C’est toute la force de COF : le jeu est basé sur une mécanique connue (le d20 plus des modificateurs contre une difficulté), et gère d’une manière unique, avec les “voies”, tout ce qui relève habituellement de différents sous-systèmes.

COF s’adresse donc à tous les joueurs, petits et grands, novices et expérimentés… Peu importe votre âge, votre genre, votre origine et votre expérience, si vous êtes tenté par l’idée de vivre une aventure dans la peau d’un personnage, COF est le jeu qu’il vous faut !

Rôle’n Play, de son côté, s’adresse à un public qui a envie de pousser la mécanique ludique un cran plus loin. Le jeu est fait pour être accessible, et peut tout à fait être pratiqué par des débutants, lui aussi. Toutefois, sa mécanique de jeu nécessite des joueurs impliqués, aimant s’approprier les règles du jeu et s’emparer des effets spécifiques qui les concerne.

En gros, lorsque vous sortez un nouveau jeu de société, si vos joueurs poussent des soupirs d’ennui à la lecture des règles, vous avez vos chances si vous leur proposez de jouer à COF. En revanche, s’ils commencent à essayer de comprendre les subtilités qui vont les faire gagner, Rôle’n Play peut aussi les intéresser…

Le Fix : Black Book Editions semble opter pour des souscriptions de plus en plus courtes. Pourquoi seulement 4 jours pour celle-ci ?

Tony :J’en profite pour faire de la retape, la préco participative pour les suppléments Rôle’n Play, ça se passera ici 🙂

À l’exception de celle-ci, toutes nos campagnes durent désormais huit jours, pas plus. La raison est simple : les faire durer plus longtemps est très énergivore et chronophage, on préfère donc faire des précos “fast and furious”. Pour s’assurer que personne ne loupe la fenêtre de tir, on fait en sorte de mener les financements à date fixe (tous les derniers mardi du mois), plus simple ainsi pour les backers de planifier leur participation. Mais aussi de communiquer un planning bien en amont (plusieurs mois à l’avance, vous avez déjà le programme jusqu’en octobre !). Et également d’inciter les gens à se préinscrire : non seulement ça vous assure de recevoir un mail quand un projet se lance, mais ça nous est aussi très utile pour estimer si un projet va bien marcher. Plus les gens sont nombreux à se préinscrire pour un projet qui leur plaît, plus ça nous envoie un signal positif sur l’intérêt du public pour telle ou telle gamme. Une solution permet de ne rien louper : s’abonner à notre newsletter, tout simplement !

Pourquoi celle-ci dure-t-elle seulement 4 jours ? À l’origine, nous n’étions pas certains d’avoir de quoi l’animer pendant 8 jours. Finalement, elle a pris un peu plus d’ampleur qu’envisagé initialement, sans pour autant être une “grosse” préco participative : 3 ouvrages, dont un offert, ça fait des pledges qui seront accessibles et s’il sera possible d’ajouter en option des produits existants, on ne proposera rien de révolutionnaire sur ce créneau. C’est donc un “super préco bundle” (nos formules de préco classiques qui associent PDF offert et préco physique d’un ouvrage) à durée limitée. On teste des trucs ! Et on verra au bout du compte si c’était une bonne idée – mais quoi qu’il arrive, les retardataires pourront toujours précommander ultérieurement via le Black Book Shop… mais sans le cadeau. 🙂

Quoi qu’il en soit, nos prochaines précos annoncées dureront bien 8 jours, pas d’inquiétude de ce côté-là !

Le Fix : Pour conclure, revenons à l’actual play ; prêt pour une onzième saison ?

Julien : La saison 10 n’est pas encore finie et j’ai encore pas mal de boulot avant qu’on arrive au bout, et de cette saison, et de cette campagne, dont on vient de tourner le final. Mais évidemment, je pense déjà à la prochaine campagne. On en dira plus en temps et en heure, notamment quand il sera temps de passer au financement de la suite. Et puis je vais me permettre une petite pause quand même avant de me remettre à travailler sur la suite. C’est bien ça qu’on fait en été, il parait.

Tony : Effectivement, on se concentre sur l’horizon de l’été, avec pas mal de belles choses à venir ces prochaines semaines et cet été : la conclusion de la saison 10, qui va être forte en émotions, celle de la campagne L’Héritage Greenberg, et une campagne Shadowrun, que j’ai eu la joie de mener avec l’équipe de l’émission, et qui s’inscrit dans le lore récent du jeu (notamment des suppléments qui viennent d’arriver comme Jeux de pouvoir et Seattle Cité d’émeraude !). Ça commence le 20 juin, soit une semaine avant le lancement de la prochaine préco participative pour Shadowrun, qui proposera la traduction d’un nouveau supplément VO (encore inédit même en anglais !) et deux suppléments de création française, Anarchistes (un supplément d’univers avec des règles pour Anarchy) de Mathieu Thivin et La France des Ombres (un supplément d’univers et de campagne présenté pour Shadowrun, Sixième édition mais jouable toutes éditions confondues), signé du collectif Ombres Portées 2.0. Et ça se passera par là.

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