Dans le dedans de Within

Comme on vous l’a annoncé, le foulancement pour Légendes Urbaines et Fondation(s), une série de suppléments pour Within, bat son plein sur Game On. On en a profité pour prendre contact avec les trois porteurs de projets, Benoît Attinost, Fabien Fernandez et Jérémy « Jemrys » Rueff. On les remercie tous les trois de s’être prêtés au jeu. Vu que certaines réponses pourraient paraître un peu salées au lecteur, on se sent toutefois obligé de préciser que l’interview a été réalisée par mail, sans rebond de notre part sur certaines réponses – même celles qui mettent en cause notre compétence ou notre santé mentale. On est comme ça au Fix, on n’a pas d’égo déplacé et on laisse la parole aux porteurs de projets. Vous jugerez.

 

Le Fix: Salut, nous c’est le Fix, on aime les jeux d’horreur quand il y a des clowns dedans. Et vous, t’es qui ?

BENOÎT : Un des auteurs des suppléments, Benoît. Rôliste depuis la boîte rouge, j’ai participé à quelques jeux depuis deux décennies, mais Within est un peu mon bébé perso (système par Brand), tout comme Plagues. En ce moment, je continue sur Rouge Delaware (histoires de flics à la The Wire + du surnaturel avec un peu de tentacules). Sur ce projet, je laisse des auteurs apporter leur version de Within (et c’est cool).

JEMRYS : Bah ça tombe bien alors. Cela dit on a laissé Mumia à la maison, avoir un clown démoniaque c’est une chose, mais quand il cherche à boulotter ou démembrer tout ce qui bouge, ça devient vite un peu gênant, et je parle même pas de la corvée de nettoyage derrière…

Bon sinon moi c’est Jemrys, le bonhomme à tout faire derrière l’entité éditoriale SYCKO, qui a pris la suite de feu les Écuries d’Augias. Déjà à l’époque j’officiais en tant que directeur éditorial sur la gamme Within.

Le Fix: On est super content de voir Within et on frétille depuis qu’on a vu une pub en février dans un certain magazine. Et puis après on s’est dit. Merde cinq ans déjà depuis la dernière souscription ! Il s’est passé quoi depuis l’annulation de Kath ?

JEMRYS : Il s’est passé qu’il fallait repenser le projet, qu’il y en avait d’autres sur le feu, et que d’autres encore devaient sortir. Puis une certaine pandémie aussi. Donc il a fallu revoir des priorités, faire des choix, mettre des choses en retrait, assumer des erreurs de parcours et revenir un peu mieux préparé.

Livres du jeu Within Le Fix: Within est surtout un jeu à secrets. Ce qui le rend difficile à expliquer et encore plus à vendre. Comment décrirez vous le jeu et son univers ?

BENOÎT : En premier lieu, c’est un jeu sans dé. Le MJ indique par ses descriptions si une action semble simple ou difficile (il ne donne jamais le seuil de difficulté chiffré que lui seul connaît, mais oriente les joueurs pour qu’ils comprennent si les PJ doivent faire des efforts ou pas). Ensuite, on compare les efforts au seuil et le MJ choisit sur une table à base de « oui et », « non mais », « oui, mais ». Donc ne pas estimer et atteindre le seuil ne signifie pas un échec. Cela peut être une réussite, mais avec un effet secondaire déplaisant.

Ensuite, oui, il y a un univers à secrets (qui sont tous donnés dans le LdB), mais le jeu a été pensé comme une boîte à outils ou plus précisément une boîte de Lego. Vous avez les briques colorées, un plan de montage à suivre, mais au final vous construisez et modifiez en fonction de vos goûts. Within, c’est pareil. Tout se tient, mais le MJ doit piocher dans les différents dossiers pour prendre ce qui lui plaît et oublier le reste. Utiliser l’ensemble de l’univers est possible, mais pas en même temps (les pauvres joueurs ne sauraient pas où donner de la tête). Une grande partie des thèmes de l’horreur contemporaine sont couverts (avec une prédilection pour les ambiances à la Hellraiser ou la série télévisée Millennium), mais comme le genre évolue tout le temps, il y a toujours des nouveaux thèmes à exploiter (l’horreur coréenne étant le premier exemple qui me vient).

Enfin, ce qui distingue le jeu des autres, c’est son traitement de la folie. Elle n’est pas interprétée par les joueurs (j’ai raté un jet et maintenant j’ai peur des caniches), mais par le MJ (ce caniche, sur les genoux de la dame, te fixe depuis tout à l’heure avec ses yeux noir métallique. Il est à deux doigts de grogner, tu peux le sentir. Tu te demandes ce qu’il attend pour attaquer). Comme on ne sait pas si on est fou, comment faire la part du réel et du délire ? Tout le jeu est basé sur ce principe.

JEMRYS : « Surtout un jeu à secrets », peut-être bien oui, mais ce n’est surtout pas que ça. Within c’est une boîte à outils de l’horreur, d’abord parce que ça permet de s’amuser à émuler à peu près tout ce que l’on peut trouver dans le genre. Si tu as vu le film la Cabane dans les Bois (2011), tu saisiras tout de suite ce que je veux dire par là. Donc c’est un jeu d’horreur qui te permet d’explorer ce dont tu as envie.

Ensuite, et c’est là que ça devient intéressant, c’est si tu creuses un peu. En effet, il y a un univers derrière. On a observé une augmentation des phénomènes surnaturels un peu partout. Il y a une raison à cela. Que les PJ vont devoir découvrir. Ainsi que leur rôle là-dedans. Parce que oui, ils ont un rôle, mais ça c’est réservé au ou à la MJ.

Enfin, et c’est l’un des sels du jeu, c’est un système sans dés (mais pas sans hasard non plus), qui favorise l’interprétation et l’immersion autour de la table, pendant le jeu. Mais aussi d’un point de vue meta. En effet certains aspects du système sont directement liés aux secrets de l’univers, et les joueuses ou joueurs n’en prendront conscience, ou des effets induits, que plus tard. Bref, en apprenant des choses sur l’univers de Within, vous apprendrez aussi comment mieux tirer parti de votre personnage.

Le Fix: Benoît, on se dit que tu dois être sacrément content de voir relancer Within. A moins que tu ne sois contraint de le faire, comme ces groupes de rock qui doivent fournir un énième album à leur maison de disque avant de se débarrasser d’une œuvre qui leur colle trop à la peau. Tu te situes comment par rapport à ce nouveau foulancement ?

BENOÎT : Drôle de question. Si j’avais voulu arrêter Within, on serait pas là à discuter. Bien sûr que je suis content de cette reprise et bien sûr que je suis content que d’autres développent le jeu avec leur vision. Ça a toujours été l’idée. Certains auteurs sont très jaloux de leur jeu, moi c’est l’inverse. Vient qui veut (et peut, parce que c’est tout de même un gros travail). Et puis c’est motivant de voir que ça bouge. Les idées apportées en génèrent d’autres. C’est mécanique.

Le Fix: Fabien, on a vu que tu as bossé sur le supplément sur Detroit. Nous ça nous a botté. D’autant plus qu’on avait aussi apprécié D3, le jeu de Sébastien Delfino et Cédric Ferrand paru dans Casus Belli il y a quelques années. Quelles ont été tes inspi pour bosser sur cette ville à l’histoire et au destin très singuliers ?

Illustration du livre Detroit du supplément Légendes Urbaines et Fondation

FABIEN : Si je ne me trompe pas, le D3 de Casus était plus dans le genre polar de David Simon (The Wire). Donc, aucun rapport avec notre sujet actuel, à part que je suis fan de l’œuvre de David Simon 🙂 Pour ce Detroit là, ça m’a été inspiré après avoir écrit mon roman noir éponyme (Detroit / Gulf Stream édition). Là on n’est pas dans du genre noir et ce qui est amusant, c’est qu’à l’origine, c’est un supplément de Promethean : The Created, qui m’a poussé à m’intéresser à la ville. J’ai donc potassé mon sujet durant plusieurs mois, avec plusieurs sources, dont un livre de témoignages de citadins récoltés par un journaliste. Cela m’a donné une âme à Detroit. Et je n’ai pas pu m’en détacher après l’écriture du roman, du coup, j’ai prolongé avec d’autres idées. Et cette ville au passé morcelé, qui a aussi inspiré tant de films et de fictions, m’a semblée toute trouvée pour aborder le thème des légendes urbaines. Rien que de savoir qu’il y a des mines de sel sous la ville, qu’il reste des usines en friche, des zones désertées avec des maisons abandonnées, ça donne un cadre tout trouvé. Un cadre qui n’avait pas été utilisé par exemple pour Vampire : The Masquerade ou ses petits frères horrifiques. J’ai donc foncé ! Et voilà un « terrain de jeu » pour différentes factions qui s’intéressent à l’étrange, l’occulte, ou même des gens lambda qui se posent des questions suite à un fait étrange ou la disparition d’un proche. Detroit a en plus une histoire forte avec l’industrie automobile ou encore la musique… quoi de mieux pour des décors et des ambiances dans le genre que traite Within ? Citer mes inspis, c’est à dire mes références étudiées prendrait pas mal de place et de temps, alors je vous laisse imaginer déjà avec cette réponse. Ce qu’il faut en retenir est donc le cadre urbain frôlant avec l’urbex, l’horreur, et les légendes urbaines vraies, ou fausses…

Le Fix: Jemrys, on a cherché ton nom sur les suppléments et on n’a rien vu. Quel a été ton rôle sur ce projet ?

JEMRYS : Alors de base, il peut être intéressant de préciser une chose, c’est que je considère que mon travail d’éditeur, c’est de mettre en avant celui de mes auteurs. Je pense que je suis déjà pas mal visible par ailleurs pour en plus ne pas venir revendiquer une place qui n’est pas la mienne.

Ensuite, si tu n’as rien vu c’est que tu n’as vraisemblablement pas bien regardé, parce qu’il est partout. Alors c’est vrai qu’entre Jemrys et SYCKO il y a quelques lettres de différence, je te l’accorde, mais c’est une seule et même personne derrière ces deux noms. Juste l’un est mon pseudo perso, l’autre le nom de la structure morale avec laquelle je mène et publie des projets depuis bientôt 10 ans. Accessoirement, c’est un peu de notoriété publique depuis ben… euh, le début quoi.

Maintenant, si tu veux rentrer dans le technique, au-delà d’avoir la volonté de garder la gamme vivante et de publier des bouquins, mon rôle c’est de repasser sur les textes pour être sûr qu’ils ne se contredisent pas avec d’autres ouvrages de la gamme, de faire des suggestions si besoin sur la structure ou le contenu, d’ajouter parfois des éléments comme des encadrés sur des points de règles par exemple. M’assurer aussi quand on publie quelque chose qui a un lien externe particulier (je pense par exemple à la partie sur la Fondation SCP dans Urban Legends : Detroit, ou la description géographique de lieux existants dans Kath), que ce soit possible, dans quelles conditions, et sur comment bien le faire dès lors qu’il s’agira de produire du contenu et/ou des aides de jeu. C’est aussi moi qui m’occupe de faire les briefs pour les illustrations et de m’assurer que leur réalisation colle avec l’effet ou l’ambiance recherchée. Je fais la maquette des ouvrages et je complète avec des petits trucs graphiques divers, et je fais les cartes. Et puis du coup ensuite j’essaie de donner envie à des gens sur internet ou ailleurs de s’intéresser à ces projets et de faire vivre le jeu.

Le Fix: Il nous semble que vous utilisez cette souscription pour relancer la gamme avec un mélange d’éléments originaux et des choses déjà publiées (mais introuvables). Du coup, cette nouvelle souscription, si c’était un sort de clerc de D&D, ça serait quoi ? un Raise Dead, une Reincarnation ou un Heal ? On voudrait par exemple savoir si la réédition du livre de base sera à l’identique ou si vous avez changé des trucs.

JEMRYS : Sérieusement ? D&D ? Il n’y avait pas mieux comme ref à trouver pour parler de Within ? Genre un petit Kult ou AdC, au hasard ? Je vais pas aller dans le crunch pour répondre donc je vais rester sur les noms des sorts, mais de base Within n’est pas une gamme morte, en léthargie si tu veux, mais ça fait quand même un sacré bout de temps que je communique sur les suppléments qui sont dans les tuyaux, et même si on peut me reprocher (légitimement) de ne pas le faire assez ou assez bien, il y a quand même des signes de vie assez régulièrement pour qu’on ne l’enterre pas trop vite. Réincarnation je ne vois pas pourquoi, on n’est pas en train de parler de nouvelle édition mais de suite de la gamme. Pour le soin, je sais pas, j’espère bien sûr que ça va revivifier un peu le jeu et la communauté autour donc pourquoi pas disons ça.

Par contre t’as pas bien fait tes devoirs, j’ai jamais parlé (mais alors à aucun endroit hein) de réédition du livre base, vu qu’il n’y en a pas et que le premier tirage n’est pas encore épuisé. Donc on n’en est pas encore là. Mais si on devait exploser les scores et épuiser le tirage, il y aurait des chances pour qu’un tel livre voit son prix augmenter avec un nouveau tirage, parce qu’il s’est passé 2, 3 choses au niveau de l’industrie ces dernières années.

Le Fix: Si vous deviez convaincre des gens qui connaissent déjà un peu le jeu de souscrire (mais sans en révéler trop pour ceux qui comptent en faire cadeau à leurs MJ et sans balise spolier), vous diriez quoi ?

JEMRYS : Qu’il y en a pour tous les goûts. Chaque supplément est assez différent dans ce qu’il propose. Avec Kath on a un seul gros scénario bien imbriqué dans l’univers du jeu pour lequel il faudra quand même compter 3 bonnes séances voire plus si vous ne rushez pas trop.

Sur la Fondation Mercurius, on est sur une série de 3 one-shots indépendants qui peuvent se jouer chacun sur une séance sans problème, avec une partie de contexte et ce qui peut servir de modèle à des MJ créatifs qui voudraient inclurent leurs propres organisations dans leur vision de Within.

Enfin, avec Urban Legends : Detroit, on est sur un supplément de cadre, à savoir la ville de Detroit, avec ses particularités historiques, ses quartiers notables, et plein d’idées d’antagonistes ou de scénarios à travers les notes de légendes urbaines qui parcourent l’ouvrage. On a aussi bien sûr quelques secrets qui relient la ville directement à l’univers de Within ainsi que 2 scénarios courts.

Le Fix: On a vu que le diable du New Hampshire avait un remplaçant avec Bain de Sang. Qu’est-ce qui fait que ce dernier est un meilleur scénario d’initiation que son prédécesseur ?

BENOÎT : Bain de Sang n’est pas vraiment prévu pour l’initiation. Il a été rédigé à l’époque avec une vision très pessimiste de l’avenir de la France. Certains diront que malheureusement j’avais vu juste. J’avais dans l’esprit une ambiance crasse à la Brussolo, avec de la corruption, l’extrême droite au pouvoir, la violence latente partout, le pays entre scandales, people et répressions. Donc, en fait, heu… peut-être pas idéal pour débuter sauf si les joueurs sont fans de Frontier(s) (2007). D’un autre côté, ça peut être un cadre de jeu assez sympa à développer une fois le scénario conclu. Le Diable, lui, est plutôt une enquête classique au cœur de la Nouvelle Angleterre, avec une montée lente de la violence et, peut-être, du surnaturel.

Illustration du scénario Bain de Sang - ce scénario qui est conçu pour l'initiation (ou pas)

JEMRYS : Encore de la spéculation (je vous ai connu plus scrupuleux dans vos recherches le Fix, tu faiblis – ( NDLR : on a peut-être mal compris « Ce petit scénario peut servir de First Contact à une équipe travaillant pour une agence gouvernementale comme le FBI, la gendarmerie, etc. » sur la page de foulancement), il n’a jamais été dit que Bain de Sang venait remplacer le Diable du New Hampshire. Bain de Sang est un scénario qui avait été offert exclusivement en version imprimée aux souscripteurs de Within à sa sortie. Depuis on l’a rendu disponible en PDF, et là on ne fait que le ressortir en version imprimée. Mais il n’a jamais été question qu’il fasse office de scénario d’initiation, nulle part. D’ailleurs, par rapport au reste de la gamme c’est même presque plus un exercice de style qu’autre chose vu qu’il ne se passe pas aux États-Unis.

De mon point de vue les scénarios que je considère les plus efficaces pour de l’initiation ou la découverte de Within sont le Syndrome de Pinocchio (disponible dans le Kit du meneur), le Diable du New Hampshire et l’Ombre d’un doute (tous deux réunis dans le supplément Fondation Mercurius).

Le Fix: Il existe pas mal de bons jeux d’horreurs. Si Within n’existait pas et si personne n’avait l’idée géniale de l’inventer, vous proposeriez quel jeu pour rester dans cette ambiance ?

BENOÎT : Kult, sans hésiter. Chill ensuite. Le supplément Hall of the Arcanum pour Mage. Exterminateur pour certains aspects et l’AdC (juste parce que c’est mon jeu préféré). Delta Green, me semble aussi assez proche dans l’idée des organisations occultes.

JEMRYS : Kult de façon générale, Delta Green pour le côté enquête et organisations, et je dirais aussi d’une certaine façon Don’t Rest Your Head qui, bien que beaucoup plus spécifique, peut avoir pas mal de parallèles avec Within. Et si l’on met de côté l’univers et ses secrets, Sombre de Johan Scipion est le jeu qui me paraît le plus indiqué (et le plus fun) pour faire du scénario pop-corn (ouais parce que Cocorico un peu aussi).

Le Fix: Bon, parlons des sujets qui fâchent. J’en parle d’autant plus tranquillement que je suis un des souscripteurs de Designers et Dragons très déçu du traitement de cette souscription par Sycko. Et je pense que pas mal de gens s’inquiètent de voir cet éditeur qui a accumulé les retards se mêler de ce projet. Qu’avez-vous à leur dire ?

La gamme prévue Designers et Dragons à paraître un jour

JEMRYS : Que je les comprends, que la frustration ou l’inquiétude sont légitimes, mais aussi que malgré ce qu’on peut me reprocher, je suis toujours là pour y faire face et assumer. Qu’en ce qui concerne Designers & Dragons, le projet n’est pas abandonné, et qu’au-delà de ça j’ai mené d’autres campagnes et sorti d’autres ouvrages entre-temps (s’il fallait démontrer que je suis pas là pour partir avec la caisse).

Ensuite, je te dirais bien que je me mêle un peu des projets que je veux, surtout quand ça fait plus de 10 ans que je bosse sur la gamme. Accessoirement c’est moi qui l’aie faite sortir et lui ai donnée cette forme (largement saluée) à l’époque. Donc s’il y en pour s’inquiéter que je touche à « leur » jeu, faut peut-être qu’ils prennent conscience qu’au-delà du travail exceptionnel de Benoît et Brand, si je n’avais pas été là, ils ne l’auraient probablement pas eu, « leur » jeu.

Maintenant, je te dirais bien aussi que je lis parfois des remarques assez cocasses où l’on compare SYCKO, qui est une boîte unipersonnelle, à d’autres éditeurs qui ont, ou ont eu par le passé, des retards conséquents, autres éditeurs qui pour la plupart sont des sociétés avec pas mal de collaborateurs ou même de salariés. Donc bon, il y a un moment, même si j’ai tendance à être plutôt à l’écoute de la critique, j’ai aussi appris à relativiser et à laisser les rageux s’étouffer avec leur bile.

Le Fix : Autre point d’interrogation qu’on a à la rédac c’est le fait d’utiliser le foulancement pour le développement d’une gamme à secrets aussi dense que Within. Imaginons le pire, c’est à dire un foulancement qui n’atteint pas ses objectifs ou les atteint de justesse, est-ce que cela signifiera que la gamme sera finie ou vous avez un plan B avec d’autres possibilités de publication parce que ce serait dommage de perdre le matériel que vous avez en tete ?

JEMRYS : La rédac a été prise en otage ? C’est un appel à l’aide ? Faut prévenir les secours ? Nan mais parce que là, si au Fix vous en êtes encore à vous poser la question de la pertinence ou de l’utilité d’un foulancement, soit c’est qu’il y a une faille temporelle qui vous a ramené 10 ans en arrière, soit c’est qu’il y a quelqu’un qui est un peu déconnecté de la réalité et de l’actualité du marché qui a pris le contrôle. Enfin, je veux dire c’est un sujet intéressant hein, mais en after de convention avec les potes, pas comme question sur un site où il y a littéralement un onglet sur le sujet.

Bref, au-delà de ça, Within n’est pas une gamme à secrets, mais un jeu à secrets. Tous les secrets sont dans le livre de base, il pourrait bien n’y avoir que celui-ci de sorti qu’on connaîtrait quand même les tenants et aboutissants de ce qui arrive dans l’univers de Within. Alors certes nous on a bien envie d’explorer différentes manières d’y arriver, et on a diverses choses à raconter aussi, mais on ne pourra pas nous accuser d’avoir teasé un univers qu’on ne terminerait jamais. Non non. Là vous avez déjà tout.

Maintenant je te dirais bien que l’objet de cette interview répond de base à ta question. On a présenté Kath une première fois en 2018. Ça n’a pas fonctionné comme on voulait. Ben c’est dommage mais t’as vu, on a revu notre copie, on est revenu, et pas tous seuls, et en une journée on a démonté le score qu’on a mis un mois à atteindre à l’époque.

D’autre part, chez SYCKO, le foulancement détermine si le projet qu’il porte va sortir, pas si la gamme aura un avenir ou pas. Ce qui détermine si la gamme à un avenir, c’est si on a des choses à dire avec. Et on a encore des choses à dire avec Within. Enfin, tu l’auras peut-être compris avec mon parcours ou cette interview, je suis pas du genre à abandonner facilement.

Le Fix : Enfin, avant de nous quitter, on voudrait bien savoir si vous avez des projets ultérieurs en JdR, hors de Within ?

BENOÎT : Comme je le disais plus haut, je continue sur Rouge Delaware pour les XII Singes et j’ai fait une proposition malhonnête à un éditeur pour un autre jeu (donc je ne peux pas en parler). Sinon, je ralentis un peu en ce moment pour des raisons perso et j’en profite pour lire tout ce qui me tombe sous la main (jeux, livres…).

JEMRYS : Au-delà de Designers & Dragons au bout desquels je veux aller, il y en a oui, qu’il s’agisse de faire vivre mes gammes phares ou les projets qui sont dans votre planning ou dont j’ai pu confirmer certaines rumeurs, j’ai de quoi faire. Maintenant, comme j’ai pas envie de refaire certaines erreurs du passé, je vais éviter de trop parler de ce qui arrive après et me concentrer sur ce que j’ai à faire sortir en ce moment.

LIENS

La page de foulancement

La page de Sycko

2 pensées sur “Dans le dedans de Within

  • 4 juillet 2023 à 12:34
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    Je suis content que Jemrys ait été questionné au sujet de designers & dragons et dans la réponse je retrouve le côté quelque peu condescendant envers les souscripteurs. Il a mis presque 7 ans avant d’admettre que les livres ne sortiront pas et avec un remboursement non total pour les souscripteurs.

    Et je viens d’apprendre que la livraison physique d’un autre de ses projets, Dungeons & Dragons et Philosophie, ne devrait se faire que fin juillet/début août 2023 après une promesse de livraison en mai ! Et pour mieux comprendre la frustration des souscripteurs précisons que ce foulancement c’est terminé en mars 2021 avec à l’époque une livraison en septembre 2021. Avec d’ailleurs cette précision tirée du foulancement : « À l’heure actuelle, le projet est déjà bien avancé. Il est intégralement traduit, maquetté et est en cours de relecture. Nous attendons le fichier définitif de la couverture pour pouvoir vous le dévoiler. L’envoi en impression est prévu courant avril pour une livraison début juin, ce qui nous permettrait de vous livrer l’ouvrage juste avant la période estivale.
    Nous avons cependant indiqué une livraison en septembre dans les contreparties, dans le cas où un incident viendrait légérement retarder ce calendrier (étant donné les incertitudes dues à la situation sanitaire, nous préférons être prudents). » Donc l’incident à durée presque 2 ans et encore on est pas livré. Et je ne parle pas des habituelles excuses que je connais déjà avec celles de designers and dragons.
    Et que Jemrys arrête de se victimiser car je ne fais que montrer des faits et ne donne que mon ressenti sur le sérieux de son travail. Si il a choisi de travailler seul c’est sa décision et qu’il arrête de prendre cette excuse même si d’autres sociétés plus importante on aussi eu leurs déboires que je suis le premier à constater et critiquer.

  • 1 août 2023 à 11:13
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    « j’ai aussi appris à relativiser et à laisser les rageux s’étouffer avec leur bile. »
    On a les rageux qu’on mérite… et dans le cas présent, ce sont des personnes qui ont fait confiance à Jemrys et qui ont du subir mensonges et foutage de gueule condescendant pendant plus de 7 ans.
    Les faits sont là et il est facile de démontrer qu’au delà « des erreurs de parcours », il y a surtout un mépris pour les clients.
    Donc la victimisation à deux balles pour justifier son incompétence, c’est un peu lourd.
    en attendant, Jemrys s’est empoché 50 balles par souscription « remboursée » (à minima) et n’a rien livré de plus que des maquettes alphas torchées en 2017.
    A bon entendeur pour les prochains projets.

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