Coriolis-moi cet aperçu [foulancement VO de The Great Dark]

Encore du Coriolis ? oui … et non en fait !

Coriolis, voilà un nom qui ne manque jamais de faire réagir sur les réseaux rôlistes. Voici en effet un jeu de rôle portant la marque du très à la mode éditeur Free League Publishing, l’une de leurs premières créations notables d’ailleurs, et qui a eu ensuite une destin inégal en VF sous la houlette de AKA Games. Entre les soucis de solidité des ouvrages et la traduction incomplète de la campagne phare du jeu nommée Wrath of the Icons, ce jeu de rôle Coriolis, le Troisième Horizon cultive les sentiments contradictoires. Et pourtant, malgré son application d’une toute première version du Year Zero Engine pouvant sembler encore tâtonnante, ce jeu de rôle garde sa réputation de qualité s’appuyant sur un univers spécifique et riche.

C’est dans ce contexte que Free League Publishing a lancé le financement d’une toute nouvelle proposition ludique nommée Coriolis : The Great Dark. Ce nouveau jeu de rôle est clairement annoncé comme n’ayant aucun lien direct avec son prédécesseur, même s’il se déroule à l’évidence dans le même univers. Le lien entre les deux jeux est donc volontairement flou et non documenté pour le moment, certains semblent penser que Coriolis : The Great Dark pourrait se dérouler 200 ans après Troisième Horizon … mais soyons clairs, cela n’a aucune importance car ce nouveau jeu est totalement indépendant.

Nous voilà donc face à une offre nouvelle, appliquant une version moderne du Year Zero Engine et déployant des thèmes particulièrement spécifiques : l’exploration de sombres lieux oubliés dans le noir de l’espace, la lutte contre le désespoir et la perte d’humanité. Bref, un menu qui ne sent pas l’optimisme mais qui est évidemment porteur de promesses ludiques fortes. A l’heure où j’écris ces lignes, le financement de Coriolis : The Great Dark est déjà un énorme succès avec plus de 4400 contributeurs et l’éditeur vient de fournir un solide Quickstart de 88 pages pour son jeu. Nous pouvons donc lever un peu le voile sur ce que Free League Publishing nous propose, histoire de voir si nous aurions tout intérêt à caresser l’espoir d’une prochaine VF.

J’ai choisi de vous présenter ici ce que j’arrive à voir de l’offre ludique du futur jeu, plutôt que de vous faire une description par le menu du contenu de ce Quickstart. L’idée pour moi ici est vraiment de vous aider à saisir ce que ce jeu pourrait nous proposer dans sa version complète.

Une identité visuelle pas si sombre, un pragmatisme aux exceptions étranges

L’un des intérêts majeurs d’un PDF de Quickstart est de nous permettre de voir l’application de la charte graphique décidée par l’éditeur pour son jeu. Ce document pour Coriolis : The Great Dark remplit parfaitement son rôle, nous mettant sous les yeux la très belle mise en forme qui sera appliquée pour le jeu. Et cette dernière est assez étonnante, méritant qu’on s’y attarde un peu car elle va avoir un impact sur l’expérience de jeu de ses utilisateurs.

Au premier abord, lorsqu’on se lance dans la lecture du Quickstart, il est possible d’avoir l’impression que le document va être très sombre … en écho aux thèmes de l’univers proposé. Cette impression vient des ouvertures de chapitre, magnifiques d’ailleurs, qui viennent poser leur esthétique noire comme un avertissement étrangement mystique (ce qui peut rappeler certains thèmes aussi de Troisième Horizon).

Mais cette impression est trompeuse, car il est vite évident que les corps de texte principaux vont être systématiquement proposés dans une esthétique bien plus claire … dans les deux sens du terme. En effet, le document déploie principalement une police de caractère très lisible sur deux colonnes, le tout sur un fond beige uniforme. Pour moi ce choix est une excellent nouvelle, assurant un confort de lecture à l’utilisateur qui aurait été largement remis en question par les textes jaune sur fond noir des chapitres d’introduction.

Je vais cependant mettre un bémol à ces choix que je trouve pertinents, sur un sujet extrêmement pragmatique : la feuille de personnage et les aides de jeu. En effet, pour ces supports de jeu si importants, le choix a été fait de partir sur la mise en forme sombre et esthétique des ouvertures de chapitres. Cela donne bien sûr un cachet très fort aux documents transmis aux joueurs, mais ce sera sûrement au prix de la survie de la cartouche d’imprimante noire des meneurs.

Enfin, attardons nous aussi un petit moment sur les illustrations de ce Coriolis : The Great Dark. Les choix faits sur ce sujet sont en effet intéressants, car nous sommes loin ici des dessins très précis et techniques que l’on voit souvent en SF. Clairement la volonté ici est de proposer une ambiance plus qu’une description, ce qui explique cette esthétique moins figurative et privilégiant les silhouettes et le flou des contours.

 

Univers et proposition ludique : s’enfoncer dans les profondeurs

Bon alors, quelle est la promesse que nous fait Coriolis : The Great Dark en termes de possibilités de jeu ? La communication de l’éditeur et le contenu du Quickstart laissent peu de doutes à ce sujet : l’idée va être de mettre en avant l’exploration, et en particulier l’exploration de ruines anciennes et autres épaves à travers un espace inconnu qu’il va falloir défricher.

L’univers de Coriolis : The Great Dark nous place en effet dans un cadre où l’Humanité survit comme elle le peut sur un astéroïde sur lequel elle a agrégé une multitude de constructions et de restes de vaisseaux. Nommé Ship City, ce foyer est le berceau où se structure une société organisée en Guides assurant la logistique, la technique et le ravitaillement de tout l’habitat. Mais il y a aussi l’enjeu de l’exploration de l’espace proche, et ça c’est le domaine de la Guilde des Explorateurs dont vos joueurs seront membres.

Tout le propos du jeu va être de mettre en musique plusieurs types de défis auxquels les joueurs devront faire face pour ces explorations : la gestion des ressources (nommées Supply), du voyage spatial (peu abordé dans le Quickstart) et des menaces potentielles (les affrontements bien sûr, mais aussi un mal étrange nommé Blight qui fait perdre leur humanité aux personnes touchées).

Il faut noter aussi un thème central autour de l’espoir (Hope), qui sera une ressource à gérer et à sauvegarder face aux choses rencontrées.

Fondamentalement, le jeu ne semble pas vouloir trop s’appuyer sur Ship City comme lieu d’intrigue ou de conflits entre les Guildes (mais cela reste à vérifier). L’idée majeure est que les joueurs se structurent en équipes d’exploration, avec la gestion de leur moyen de transport, de leurs ressources mais aussi de leurs découvertes. Et les lieux d’exploration au centre du jeu sont clairement des espèces de “donjons”, dans lesquels il va falloir descendre en effectuant d’abord une phase de préparation avant d’en gérer les coûts et les dangers.

Petit point particulier venant donner une couleur spéciale à cet univers de SF : les Birds. Ce sont des petits automates volants découverts dans des ruines et qui permettent de limiter l’impact du Blight (Fléau). Ce seront donc des compagnons et outils de reconnaissance pour les équipes d’explorateurs.

 

Système de jeu : le Year Zero Engine en mode gestion des ressources

Concernant le système de règles, nous n’en avons bien sûr qu’une partie, mais ce qui est expliqué dans ce Quickstart ne manque pas de charme. Tous ceux familiers avec le système de règles maison de Free League Publishing ne seront bien sûr pas dépaysés.

Les personnages sont principalement définis par Attributs notés de 2 à 6 :

Ce score indique les nombre de D6 que vous allez pouvoir lancer pour réaliser une action, chaque 6 étant au final un succès. Le nombre de succès ayant ensuite bien sûr des effets potentiels.

A ce pool de D6 va pouvoir venir s’ajouter des D6 supplémentaires venant de Talents particuliers, de l’équipement, ou même du profil d’explorateur choisi par le joueur.

Les explorateurs sont ensuite définis par trois jauges majeures : Health (Santé) pour encaisser les blessures, Hope (Espoir) pour encaisser les points de désespoir, Heart (Coeur) pour encaisser les points de Blight (Fléau).

A noter que l’équipement et l’encombrement sont des éléments fortement pris en compte, ce qui se comprend étant donné le thème central du jeu. Pour autant l’idée ne sera pas de compter ses cartouches pour chaque arme, le Year Zero Engine garde son habitude de gérer plutôt de façon schématique ces éléments (ce qui rend cela plus direct et léger).

Je ne vais pas aller trop loin dans l’étude du système car nous n’avons à ce jour qu’un Quickstart, et que trop de choses nous manquent à ce jour pour évaluer correctement ce système. Mais je peux tout de même relever certains points majeurs évidents :

  • Nous sommes face à un système basé sur l’attrition. En parfait exemple de cela, nous avons cette mécanique permettant de “pousser” un jet qui n’est pas satisfaisant (raté ou pas assez de succès). L’idée est que le joueur peut relancer tous les dés qui n’ont pas fait 6 (succès) ou 1 (prix à payer). Après la relance tous les 6 finalement obtenus sont comptés pour le résultat, mais pour chaque 1 dans ce jet il faudra dépenser 1 point de Hope. De même, les équipements (pour lequel on lance des D6 spécifiques) seront abîmés en cas de 1 sur leur D6 en fin de jet. Globalement les joueurs devront donc prendre garde à gérer leurs ressources (le matériel mais aussi leurs diverses jauges).

  • Nous sommes aussi face à un système se voulant rude, rentrant dans la catégorie des mécaniques Gritty. Cela s’incarne déjà dans plusieurs aspects des règles de combat : une initiative tirée au sort par des cartes allant de 1 à 10 (aléatoire total), un système de dégâts punitif (chaque succès augmente les dégâts et il y a un système de dégâts critiques avec tables d’effets) et une efficacité limitée des actions de défense (si on se défend on perd son action, et ces actions ne marchent pas contre les créatures en plus). En dehors des dégâts physiques, il y a aussi des tables d’effets pour les pertes de Hope et de Heart, montrant toutes les facettes des choses terribles pouvant tomber sur les joueurs.

De façon générale, j’ai trouvé cette mécanique très élégante et elle a surtout le mérite de ne pas manquer de profondeur (sachant que nous n’en avons en plus qu’une partie). Les personnages pré-créés et le scénario d’introduction permettent ainsi de voir que les Talents que les joueurs pourront choisir pour leurs explorateurs sont significatifs. Ces derniers semblent permettre de différencier fortement les personnages entre eux.

 

Conclusion : une offre claire et assumée, mais avec quoi derrière ?

La lecture de ce Quickstart donne vraiment la sensation que l’univers proposé par Coriolis : The Great Dark est pleinement assumé et mis en avant par l’offre ludique du jeu. Le système de règles multiplie les mécaniques liées à la survie, la gestion des ressources et la dureté des dangers venant de l’inconnu à explorer.

Ce qui en ressort c’est cette idée centrale d’explorations de ruines enfouies à la recherche d’artefacts, de ressources ou d’informations sur les constructeurs inconnus de ces lieux abandonnés. Tout cela ouvre bien sûr la porte vers des possibilités de jeu plutôt sympathiques, mais j’avoue pour le moment avoir peur que l’offre du jeu ne se limite trop à cela.

Encore une fois il faut être prudent, nous n’avons pas le jeu complet sous la main, mais la lecture de ces 88 pages me laisser craindre pour le moment que l’univers en lui même de Coriolis : The Great Dark ne soit qu’une cadre à peine effleuré et laissé à la charge des meneurs. J’espère avoir tort et que la version complète nous détaillera non seulement les intrigues entre les factions de Ship City, mais aussi les différentes civilisations oubliées dont nos explorateurs pourront trouver des traces dans leurs fouilles. J’espère qu’il y a des idées et des informations derrière ce nouvel horizon sombre de mystérieux, avec soyons fou, une grande Histoire à faire découvrir aux joueurs en chemin. L’existence dans le financement actuel d’une grande campagne nommée The Flowers of Algorab, annoncée comme porteuse de révélations, me donne un espoir sur ces sujets … à voir si ce sombre univers sera finalement bien vide ou empli de secrets prêts à être révélés.

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3 pensées sur “Coriolis-moi cet aperçu [foulancement VO de The Great Dark]

  • 27 mars 2024 à 08:07
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    On espère surtout que ce sera AAP qui le fera en VF!!!

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    • 27 mars 2024 à 17:05
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      Si j’ai bien compris l’offre de la campagne, les révélations qu’elle apporterait concernent la disparition du Nadir, le vaisseau qui, dans le lore de Coriolis (3ème Horizon), a disparu pendant le voyage des colons depuis la Terre, laissant seul la seconde de arche ((le Zénith) qui sera transformée en la station Coriolis.
      Ainsi, le lien serait quand même relativement important entre les deux itérations du jeu.

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      • 27 mars 2024 à 19:52
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        J’ai préféré ne pas m’avancer sur quoique ce soit à ce niveau, car je n’ai pas vu d’infos assez claires et complètes sur ce sujet 🙂

        Mais j’espère bien que nous en saurons plus rapidement 🙂

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