Index Card, un jeu majeur ?

En fait, ami lecteur, tu ne trouveras pas (encore) la réponse à cette question essentielle dans cet article. Non, sinon, il serait balisé [chronique]. Et toc.

Pour tout vous dire, c’est un peu la fête aux sorties longtemps retardées par la crise du papier en ce moment dans le petit monde du JdR francophone et les livres à décortiquer, voire (soyons fous !) à tester puis chroniquer s’empilent méchamment à nos pieds. Alors, comme pour la gamme Runequest récemment, on va déjà vous proposer un petit coup d’œil façon inventaire photographique afin de documenter la sortie effective de ce jeu. Cela vous permettra d’y voir clair sur ce qui est dispo ou non et peut-être d’ores et déjà vous suffira à vous convaincre d’investir. Ou pas.

Alors, c’est parti pour l’indexation de la gamme Index Card en VF (Les XII Singes).

Pour rappel, il s’agit d’un jeu anglo-saxon de la mouvance indé. Il s’agit donc à la base surtout d’un système de règles qui se veut court et accessible, dépouillant les réflexes traditionnels des rôlistes pour se concentrer sur quelques règles essentielles érigées ici au statut de constante, en particulier le tout bête jet de dégâts, utilisés dans de nombreuses autres situations que le combat. On vous expliquera tout ça en détails dans notre future chronique. Pour le moment, voyons la tronche que cela a.

Pour moi, d’emblée, c’est la surprise. Je n’ai jamais vu que la VO sous forme d’un PDF et je n’avais donc jamais imaginé la forme physique que cela pourrait prendre autrement que sous celle d’un petit livret cheapos au format A5, couverture souple et petits dessins punkoïdes. De plus, cela reste assez lié dans mon imaginaire de vieux rôliste sur le retour aux débuts des XII Singes spécialisés à l’époque dans ces jeux petits formats.

Or, point du tout.

Par la magie des foulancements (dans lesquels les Singes excellent grâce à leur remarquable maîtrise des délais), Index Card VF est en fait un jeu à la forme assez classique, c’est-à-dire un grand format avec couvertures rigides et papier glacé. Bon, je reste un peu déstabilisé. On verra comment cela passe à la lecture. Au moins, c’est écrit gros. A mon âge, cela compte 😉

Bon, en revanche, contrairement à leurs habitudes, les Singes n’ont pas spécialement modifié la présentation ou la structure du jeu (comme pour Chronica Feudalis, au point de le faire renaître sous l’intitulé Medium Aevum). Là, on retrouve le ton direct de l’auteur, la mise en page un peu fanzine et, surtout, les multiples dessins noirs et blancs de Brandish Gilhelm, l’auteur derrière ce projet global.

Venons en au nom quand même. Nom tout pourri qui pourrait se traduire par Petite Fiche Bristol, le JdR mais qui a le mérite de dire beaucoup de choses sur l’esprit du jeu. En fait, le vrai sujet de Index Card RPG, c’est la préparation de la partie. L’auteur n’a pas voulu proposer un énième nouveau système de jeu si ce n’est sous l’angle de la volonté de simplifier encore plus ce que nous connaissons déjà. On est dans une logique OSR dépouillée, un peu comme dans Into the ODD qui avait déjà en son temps séduit les Singes pour une VF.

Le propos de Brandish Gilhelm est donc surtout de nous montrer et de nous permettre de nous approprier ses propres techniques de préparation express de parties qui tiennent la route. Cela repose beaucoup sur l’encadrement de l’improvisation et on retrouve donc tout particulièrement les listes pick up ou aléatoires sous toutes formes de sujet à faire pâlir d’envie le Grümph.

Et puis, donc, il y a *vraiment* ces cartes. Non, l’éditeur n’a pas poussé le vice jusqu’à produire des petites fiches bristol vierges siglées au logo du jeu. En revanche, il a prévu pas moins de 3 paquets de cartes illustrées dans le style caractéristique de l’auteur. Un gros paquet pour le medfan et deux plus petits pour les univers type Deadlands… oups… je voulais dire weird west et un dernier pour la SF.

Attention, c’est un peu déstabilisant : ces cartes ne comportent rien d’autre qu’un petit miquet de Brandish Gilhelm. Pas une phrase, rien. C’est supposé permettre la matérialisation de ces éléments de décor autour de la table pour fixer l’imaginaire des joueurs sur un équipement, un lieu, un PNJ… On suppose que dans ses vraies parties l’auteur se saisit régulièrement d’une fiche bristol, croque le truc en quelques coups de feutre et hop, le transmet aux joueurs. Sympa. Mais, là, avoir ça sous forme de luxueuses cartes glacées, ça rend le dispositif un peu disproportionné et, pour tout dire, je me demande bien quoi faire avec ça. Sans compter qu’il faut le temps de trouver le bon dessin (s'(il existe…) dans le paquet. A moins de préparer tout au poil de fesse. Mais alors, l’improvisation…

Tant qu’on est dans les accessoires qui accompagnement cette gamme déjà assez fournie, on peut parler de l’écran du MJ. Il vient dans un pack assez traditionnel avec un livret mystérieusement intitulé, Sang & Neige.

L’écran en lui-même est un trois volets paysage rigide. Il met en valeur le style de Brandish Gilhelm. On aime. Ou pas.

Le verso est assez surprenant car très aéré et reprenant surtout des diagrammes et des petites infographies qui synthétisent très bien le système de jeu. On est loin des pavasses qui essaient de coller sur trois pauvres panneaux illisibles l’intégralité des tables d’un jeu…

Le livret qui accompagne l’écran est consacré à un setting. En effet, toujours dans l’optique d’un accès rapide à des parties efficaces et bien préparées, Index Card RPG ne laisse pas le MJ se débrouiller sur le sujet et ne fournit pas non plus un cadre de jeu détaillé dans de grosses et luxueuses encyclopédies bavardes. Pile entre les deux, Index Card fournit donc des settings qui peuvent se résumer à une proposition de jeu classique et, surtout à des outils d’appropriation de celle-ci, notamment sous la forme des listes et tables évoquées plus haut.

Dans le livre de base, deux mondes sont esquissés (en… 8 pages chacun) : un classiquement medfan et un autre pas beaucoup moins classiquement SF. Ici, dans Sang & Neige, vous découvrirez en un peu plus de place (le livret fait 40 pages) un setting de low fantasy glaciaire. Oui, winter is bel et bien coming. L’univers vaguement préhistorique et peuplé de méga-faune inquiétante est succinctement présenté avant d’être décliné en règles spéciale, bestiaire de méga-faune (donc) et même une aventure au format particulier du jeu. Comme on le voit ci-dessus, cela se fait à travers des dizaines de tables.

Le principe est en fait le même pour le gros supplément qui, pour le moment, clôt la gamme : Mondes & Magie. Sous une couverture rigide et dans un format similaire à celui du livre de base, vous retrouverez ce type d’outils déclinés cette fois-ci pour trois settings : les deux précédemment esquissés dans le livre de base et un troisième, inédit, celui qui s’inspire de… euh… enfin, celui sur le weird west, quoi.

 

Toutefois, même s’il consacre une large partie de sa pagination, Mondes & Magie est aussi un supplément dans l’esprit d’un « compagnon » bien OSR. On y trouve donc des règles complémentaires sur la création de personnages plus guidés que ceux du livre de base. Surtout, la partie Magie est conçue comme un supplément dans le supplément (ce qu’elle était d’ailleurs dans la VO avant de se retrouver dans cette compile VF) et décline sur 120 pages environ de nombreuses précisions sur la magie, les sorts, les objets magiques, etc.

Bon, allez, il ne reste plus qu’à décortiquer tout cela mais on peut déjà se réjouir de voir que le dynamisme de nos éditeurs francophones et la magie du foulancement permettent depuis quelques années de voir arriver dans la langue de Guiserix la plupart des propositions de jeu remarquées de l’autre côté de l’Atlantique (ou de la Manche). Et ça, c’est bien.

 

2 pensées sur “Index Card, un jeu majeur ?

  • 17 mars 2022 à 07:42
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    Dommage en revanche que la deuxième édition débarque en vf alors que la troisième vient de sortir en vo.

  • 18 mars 2022 à 21:11
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    A propos du format A4, cela a décontenancé pas mal d’acheteurs. J’ai cru comprendre (sur le forum CasusNo) que les XII singes ont un peu péché par ignorance en faisant imprimer ce jeu en A4 : la VO était bien un petit format genre A5, et ils ne le savaient visiblement pas… Cela a fait grincer des dents (le mot est faible) quelques grognards qui voulaient une VF du jeu sous le format qu’ils connaissaient en VO.
    Comme quoi même un éditeur très sérieux peut se planter de temps en temps… C’est d’autant plus étrange que l’intérêt de ce jeu réside plutôt dans son côté léger, donc boulette éditoriale, quoi !

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