Un Singe vous fait faire le tour de Babel

Chez le Fix, on met un point d’honneur à notre indépendance et on essaye d’avoir une certaine déontologie. Mais parfois, cette dernière valeur est mise à mal. Tenez par exemple, aujourd’hui débute la souscription de Babel, un jeu, édité par les XII Singes, et écrit par Julien Clément. Oui, le Narbeuh qui officie ici, dans les pages du Fix. Doit-on parler du jeu quand même sans avoir de parti-pris ? Faut-il faire l’impasse sur le jeu et vous maintenir dans l’ignorance de ce foulancement ? Finalement, nous avons décidé d’interviewer son éditeur, Jérôme Barthas, membre des XII Singes, pour en apprendre plus sur le jeu. Parce que, quand même, il a l’air bien ce jeu, hein.

Le Fix : Bonjour Jérôme. Tu confirmes que Julien est loin et qu’on peut parler tranquilles ?

Jérôme : Bonjour Le Fix ! Oui, Julien est enfermé dans un monde de livres, pour finir de rédiger le jeu, on est tranquilles !

Le Fix : L’univers, ou plutôt les univers, du jeu se basent sur des œuvres de fiction que les PJ vont explorer. Ce n’est pas un peu de la fainéantise de la part de Julien, une excuse pour ne pas écrire des suppléments et s’appuyer sur le travail des autres ?

Jérôme : On s’est dit la même chose. Et ensuite on a vu tout un tas de textes superbement écrits de la main de Julien, un vrai régal à découvrir.

Plus sérieusement, Julien a fait preuve de beaucoup d’inventivité pour jouer avec les tropes des différents styles de livres ou d’univers, ce qui donne beaucoup de richesse au jeu. Le tout forme un ensemble cohérent, une base solide pour ensuite explorer n’importe quelle œuvre de fiction.

Le Fix : Plus sérieusement, en effet : un roman possède des personnages et un univers forts, certes, mais c’est aussi une histoire très linéaire. Comment en faire une histoire jouable dans laquelle les PJ auront leur place ?

Jérôme : Tout dépend des scénarios ou des intrigues. Mais par exemple, il peut y avoir des personnages de livres qui se retrouvent dans notre monde. Ou, au contraire, des personnes qui s’égarent dans un monde de livre, ou qui y sont envoyés et ne parviennent plus à en partir. Ou bien certains livres majeurs, qui sont le socle de l’univers imaginaire qu’ils ont généré, sont en passe d’être détruits, mettant tout un univers fictif en danger. Comment le sauver ? Il y a une grande possibilité d’intrigues, et le supplément Fables donne plusieurs dizaines d’intrigues pour donner du grain à moudre aux MJ.

L’un de mes scénarios favoris voit un univers de livre se collisionner avec un autre, donnant des scènes à la fois apocalyptiques et très étonnantes !

Le Fix : Justement, parlons un peu de PJ. Le fait de jouer dans tous les univers littéraires possibles est le principal élément mis en avant. Mais concrètement, les joueurs jouent quoi ? Quel est leur objectif ?

Jérôme : Dans Babel, les joueurs interprètent des Biblionautes : des humains capables de se rendre physiquement dans les mondes des livres. Concrètement, ils essaient de préserver l’ordre dans les univers fictifs, éviter qu’ils ne débordent sur la réalité, ou qu’ils ne soient saccagés. Cependant, Julien propose dix archétypes jouables, très variés : il y a le Bibliomane, qui vénère les livres en tant qu’objets, mais aussi le Chasseur de livres (à la Neuvième Porte), ainsi que le Fanboy (qui adore un type de livres en particulier, ou une saga) ou encore le Béotien (lui, les livres, c’est pas trop son truc). De quoi jouer des personnages qui, mis à part leur capacité surnaturelle d’entrer dans les mondes des livres, n’ont pas grand-chose en commun, mais vont devoir se serrer les coudes pour réussir.

Réussir à quoi ? C’est aux joueurs de le déterminer, avec en début de campagne une création de groupe commune, durant laquelle les joueurs vont créer leur Cercle, c’est-à-dire l’organisme auquel ils appartiennent. Ils vont déterminer leurs objectifs, leur quartier général, et d’autres éléments pour personnaliser et rassembler ce groupe hétéroclite qui va œuvrer ensemble.

Le Fix : Avec Babel, vous ne venez pas de couper l’herbe sous le pied à toutes les adaptations rôlistiques d’œuvres littéraires (Dune, Le Trone de fer, Discworld ou encore Wastburg) ?

Jérôme : Pas vraiment, car chacune adaptation rôlistique propose un type de scénario spécifique, ou une certaine ambiance. Si l’on joue dans l’univers de Dune dans Babel, on ne va pas jouer à des luttes de pouvoirs pour devenir la maison noble la plus puissante : on va plutôt enquêter sur Arrakis, afin de comprendre pourquoi diable les Fremen sont-ils désormais pacifiques, et refusent de suivre Paul ? Si l’on joue dans Le Trône de Fer, on ne va pas nécessairement chercher à conquérir les Sept Couronnes, mais on va peut-être se demander comment se fait-il que le Roi de la nuit dispose maintenant d’armes à feu ?

Ainsi, globalement, on va plutôt être sur un jeu d’enquête, de déduction, tout en jouant avec les codes du genre littéraire dans lequel on joue.

Le Fix : En source d’inspiration, me viennent en tête L’affaire Jane Eyre (de Jasper Fforde), Crytpomancien (de Jim C. Hines). Peux-tu nous en citer d’autres ?

Jérôme : Il y a notamment Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, et sa suite De l’autre côté du miroir, titre qui est l’un des chapitres du livre de base de Babel. Mais aussi À la croisée des mondes de Philippe Pullman, avec des chocs entre univers et des personnages qui voyagent entre les mondes, et également Les Cités Obscures de Benoît Peters et François Schuiten, dont les images et le style ont beaucoup inspiré Julien Clément, l’auteur de Babel. D’ailleurs, Christophe Swal s’est inspiré de ce style d’illustrations pour ses dessins de Babel.

Le Fix : Les XII Singes semblent apprécier les systèmes légers au profit de la narration. On sait que Babel aura son propre système de jeu. Alors ? On reste dans la simplicité ou vous êtes passé en 5e ?

Jérôme : Le système de Babel est effectivement plutôt simple et axé sur la narration. Les personnages sont définis par des Traits (Un flingue, juste au cas où ; Forte et déterminée ; Une mallette pleine de billets ; Fan de Star Wars), qui permettront d’influencer les jets de dés. Le système sera détaillé sur la page du financement participatif, mais globalement c’est simple, tout en ayant des nuances qui le rendent intéressant et ludique.

Le Fix : La souscription va proposer un supplément avec des scénarios prêt à jouer. Sur quelles œuvres de fiction se basent-ils ?

Jérôme : Pour l’instant tout n’est pas encore fixé au niveau des scénarios que l’on va inclure dans la gamme. Il y a en tout cas déjà un scénario qui rend hommage au genre du polar noir, et Julien a notamment écrit un scénario lié à Sherlock Holmes, et un autre sur l’Histoire sans fin.

Le Fix : Tant qu’on en est à parler des jeux de Julien Clément, il y aura une suite pour Terra Incognita ?

Jérôme : Le livre de base est épuisé, du coup dans l’immédiat on réfléchit à proposer le livre de base de la première édition en impression à la demande, comme d’autres jeux épuisés (par exemple l’Affaire Deluze). Pour Terra Incognita, Julien est partant pour une réédition, mais lui comme moi préférons nous concentrer sur Babel, qui va être un beau projet de gamme fermée.

LIEN :

La page de la souscription

6 pensées sur “Un Singe vous fait faire le tour de Babel

  • 5 avril 2023 à 13:23
    Permalink

    C’est qui l’illustrateur ? C’est beau !

    • 5 avril 2023 à 14:22
      Permalink

      C’est Christophe Swal.

  • 8 avril 2023 à 08:58
    Permalink

    idée vraiment géniale …. je suis conquis

  • 11 avril 2023 à 19:34
    Permalink

    Sympa comme concept. Ça me fait penser à un anime appelé Read or Die.

    • 11 avril 2023 à 20:05
      Permalink

      Mais oui !
      ça me donne envie de le revoir tient… :-p

  • Ping : Babel, yo ! - Le Fix

Commentaires fermés.