Un jeu qui se fait Dies Irae

C’est en pleine Guerre de Cent Ans que Black Book Editions a décidé de planter le drapeau de sa nouvelle gamme (on l’espère !) : Dies Irae. Et pour ce faire, l’éditeur a réunit sa dream team d’auteurs estampillés 5E (Dingue. Même les auteurs sont 5E maintenant) pour combler un manque dans le panorama rôlistique français. Pour en savoir un peu plus sur le jeu, dont la souscription débute le mardi 29 avril, nous avons été interroger Thomas Iier, Julien VI et Laurent XIV+2.

Le Fix : Bonjour, nous c’est le Fix. On espère aussi durer cent ans. Et vous, vous êtes qui ?

Thom’ : Thomas Robert, j’ai contribué à des jeux comme Héros & Dragons et Chroniques Oubliées, dont Chroniques Oubliées Galactiques sorti l’an dernier. Et depuis septembre dernier, je peux me présenter comme auteur canadien, puisque je suis devenu citoyen du Canada l’automne dernier.

Julien : Julien Dutel. J’ai travaillé avec Thomas et Laurent sur Héros & Dragons, mais aussi sur le jeu de rôle Rôle’n Play et l’émission éponyme. Et aussi comédien ayant eu le plaisir d’apparaître régulièrement dans la série Kaamelott.

Laurent : J’ai débuté ma carrière avec Chroniques Oubliées Fantasy, règles du jeu et de multiples campagnes et je l’ai poursuivie avec ses différentes déclinaisons (Chroniques Oubliées Contemporain) ou licences (Monstres, Les Légendaires en version Chroniques Oubliées Mini, etc.). J’ai aussi participé à Héros & Dragons avec Julien et Thom’ et même un scénario pour Rôle’n Play !

Le Fix : Bah ! Laurent, qu’est-ce que tu fais dans un jeu motorisé 5E. Tu t’es trompé de porte ou quoi ?!?

Laurent : Non pas du tout, la porte par laquelle je suis entré au départ, c’est bien Donj’. 😊 Et Dies Irae c’est quand même une 5E bien amendée, alors comme j’adore bidouiller les systèmes de jeu, je suis pile au bon endroit.

Le Fix : Dies Irae était le nom du court métrage à l’origine de Kaamelott. Un hommage symboliquement porte- bonheur ou c’est la boulette ?

Laurent : Vraiment ? Yes je cautionne et même j’adore. Bon faudra pas le dire aux joueurs, sinon c’est mort pour l’ambiance de sainte terreur !

Julien : Je nierai toute responsabilité dans la décision d’adopter ce nom. Mais avouons que l’involontaire référence m’a fait sourire.

BBE : Aïe… c’est aussi le nom d’une organisation catholique fondamentaliste bordelaise, d’un groupe de death metal polonais et d’un obscur manga aux goûts esthétiques et historiques franchement honteux et qu’on n’est pas allés creuser. On a vraiment bien mis le pied dedans… mais attendez les gars, c’est ça votre porte-bonheur ?! En tout cas ça va se passer ici, on invite tout le monde à se préinscrire, et à ne pas louper le live de lancement le 29 avril à 19h !

Thom’ : Aah, Kaamelott, la série qui m’a fait jeter aux oubliettes une campagne Pendragon… Mais Dies Irae, c’est aussi le « Jour de la colère » dans la langue de Cicéron, et un poème liturgique apocalyptique qu’on retrouve à la fin de la messe du Requiem. Donc relativement adapté aux thèmes que peut aborder le jeu. Pas autant que le groupe de death metal polonais, j’avoue…

Le Fix : Le jeu semble tendre vers l’historique, mais le système me fait croire à de la fantasy. Où se positionne le curseur entre ces deux éléments ?

Thom’ : Là où le MJ le souhaitera, car il pourra positionner le curseur selon ses préférences, et le système l’aidera à faire ce choix en proposant un concept de « niveau de fantastique ». Cependant, pour être bien clair, il ne s’agit pas de fantasy telle que la 5E la pratique d’habitude. Toutes les créatures, tous les mythes proposés plongent dans les croyances et superstitions de l’époque : vous ne trouverez pas un vampire à la Bram Stoker ou Ann Rice par exemple, mais un manducator, un esprit mâcheur qui dévore son linceul dans la tombe. Quelque chose qui était assez réel pour les gens de l’époque pour qu’on enterre parfois des individus avec une brique ou une pierre dans la bouche… Et qui fait partie de la multitude de notions qui se sont ensuite agrégées dans le mythe moderne du vampire.

Julien : Pour compléter les propos de Thom, le système propose d’ailleurs aussi une mécanique pour simuler magie/sorcellerie, alchimie et miracles. Ce système lui-même, très loin de la magie habituelle de la 5E, permettra lui aussi de placer le curseur en proposant des effets et habillages plus ou moins voyants ou subtils. Ainsi, même cette mécanique peut s’insérer dans une campagne dont le fantastique reste légèrement en arrière-plan sans jamais vraiment se dévoiler totalement.

Laurent : Le système fait la part belle au fantastique, pas à la fantasy, ce n’est pas l’impression que j’en ai… et à cette époque, le fantastique est omniprésent dans l’imaginaire collectif.

Le Fix : Pouvez-vous en dire plus sur l’univers ? Quelle période et quel territoire géographique couvrira le livre de base ?

Thom’ : Les personnages pourront venir de toute l’Europe, mais une plus grande emphase est mise sur les trois grands acteurs de la guerre de Cent Ans : Angleterre, Bourgogne et France. Et le livre de base propose un contexte par défaut situé au cœur des grands événements de la période, le Barrois et la Lorraine. On y trouve des villes de l’Empire romain germanique, d’autres fidèles au roi de France, d’autres à la couronne anglaise, bref, c’est un creuset de tous les conflits de l’époque.

Le Fix : Le contexte de la guerre de cent ans m’inspire de la politique et des batailles à grande échelle ! Quelle sera la place et le rôle des personnages dans tout ça ?

Thom’ : Le jeu permet plusieurs approches et le choix d’un type de groupe lors de la création des persos va très certainement aider les MJ à « cadrer » leurs aventures. Mais oui, l’approche par défaut, qui permettra sans contexte le plus de flexibilité, est celui de mercenaires ou de membres d’une noblesse de basse extraction qui se retrouvent mêlés à des événements de grande envergure. Et concernant les batailles de grande ampleur, il y aura de quoi faire avec des règles spécifiques pour les batailles rangées, qui mettent en avant les actions héroïques des personnages au milieu d’une mêlée.

Laurent : Je pense que Dies Irae se prête aussi parfaitement à un jeu plus intimiste, au-delà des grands enjeux politiques sous-jacents à l’époque, ce ne sont pas les conflits entre nobles du cru, les soldats devenus brigands et autre faits locaux de sorcellerie qui manquent.

 

Le Fix : Qui s’occupera des illustrations pour donner vie au monde du jeu ?

BBE : Nicolas Galkowski, qui est graphiste et illustrateur, avait notamment fait de très belles choses autour de Rôle’n Play, et va se charger des couvertures et du design intérieur. Maéna Paillet à qui on doit déjà un écran qui va tout tuer va aussi s’occuper d’illustrations intérieures, comme Mathilde Marlot qui a pas mal illustré dans Casus Belli ; toutes deux ont bossé avec Bragelonne, et on devrait avoir une troisième illustratrice, Alexia Cadou, également pour les illustrations intérieures ! On a voulu une identité visuelle forte : on sera sur des croquis réalistes, en crayonné noir et blanc rehaussés de doré pour rappeler des enluminures médiévales. De beaux grimoires modernes, en somme !

Le visuel de l’écran par Maéna Paillet

Le Fix : Est-ce qu’une campagne est prévue ?

Thom’ : Le livre de base proposera un contexte bac à sable et un gros scénario en plusieurs épisodes écrit par Julien. Les lieux et PNJ sont aussi parfois liés à d’autres scénarios d’un supplément intitulé Bellatores, Ceux qui combattent. Les MJ pourront donc piocher ce qui les intéresse et construire leur propre campagne. On a aussi des idées et envies pour une campagne de grande ampleur, mais ça dépendra du succès du jeu.

Julien : Ce scénario du livre de base, sorte de mini-campagne, a été pensé pour jouer avec un niveau de fantastique bas ou intermédiaire. J’ai essayé d’exploiter les spécificités du jeu et de l’univers tout en offrant un scénario qui allait permettre aux personnages de jouer en parallèle de la « grande Histoire » et d’en découvrir certaines vérités (fantastiques) cachées. Au programme : une sombre enquête qui va mener les PJ à rencontrer deux personnages historiques majeurs. Je n’en dis pas plus, pour ne pas spoiler, évidemment !

Le Fix : On peut difficilement parler de Dies Irae sans évoquer Joan of Arc. Tant l’époque choisie et le système sont proches. Comment le jeu se positionne par rapport ce dernier ?

BBE : Dies Irae a pour cadre l’Europe médiévale autour de la période de la Guerre de cent ans, et son système est inspiré de la 5E, ce qui fait que ses joueurs (et les joueurs de Rôle’n Play !) seront en terrain familier. C’est un univers médiéval et fantastique au sens strict, sans tomber véritablement dans la fantasy, même si, comme évoqué plus haut, divers niveaux de fantastique seront possibles, en jouant soit de manière très réaliste, soit d’une manière où le surnaturel et le divin sont présents.

Thom’ : On ne le positionnera tout simplement pas. Le JdR Joan of Arc est un jeu qui n’a pas réellement vécu, à cause d’éléments hors de notre contrôle. C’est triste, c’est rageant, mais ce sont des choses qui arrivent.

Le Fix : Justement, après « l’OGL Gate » de 2023, est-ce que ce n’est pas risqué de sortir encore un jeu compatible 5E ?

BBE : Bonne question ! Notre réponse est que nous sommes vigilants, que pour d’autres gammes nous nous sommes éloignés de l’OGL, mais que nous n’arrêtons pas pour autant nos productions et localisations 5E, surtout avec la gamme Rôle’n Play qui continue de se développer. À ce stade, les choses semblent s’être calmées, même si le mal est fait. Cela étant, quoi qu’il arrive, Dies Irae est un jeu standalone, qui ne nécessite pas nécessairement d’autres livres de règles.

Le Fix : J’ai déjà joué à des jeu low fantasy motorisé en D&D5… Et ça ne marche pas. Comment Dies Irae va faire mieux ?

Thom’ : En enlevant la magie. En retravaillant les origines et historiques pour coller au contexte. En réécrivant complètement les classes de personnage pour en proposer uniquement 4 basées sur l’orientation principale du personnage (Débrouillard, Homme d’armes, Intrigant, Sage). Enfin, encore une fois, en ne cherchant pas à faire de la low fantasy, mais réellement du fantastique médiéval.

Laurent : On a de bons indices qui nous font penser que cette fois, ça marche. Ça a été testé.

Le Fix : Toujours par rapport à Joan of Arc, les auteurs de Dies Irae ont également travaillé sur un supplément déjà écrit, édité par Mythic, mais jamais sorti. Est-ce que ce matériel pourra être adapté et réutilisé ?

BBE : On ne peut pas s’exprimer à la place de Mythic Games sur ce qui concerne leurs projets. Ce qu’on peut dire, c’est que Dies Irae va proposer, au-delà du livre de base, un supplément qui s’intitulera Bellatores, « ceux qui combattent », qui proposera du lore, des règles et des scénarios autour du thème de la noblesse. Il abordera notamment l’héraldique, les joutes de chevaliers et le dressage des animaux, et plus encore. Eh oui ! Et si le succès est au rendez-vous, on a d’autres idées au-delà de Bellatores…

 

Le Fix : Est-ce qu’on peut s’attendre à un actual play mené par Julien ?

BBE : Hm… vous êtes bons au Fix, vous avez vos sources. 😊 Eh oui, on prévoit en partenariat avec la chaîne Rôle’n Play la diffusion d’un épisode one-shot en 3 parties, qui seront diffusées le 22 avril (une semaine avant le financement), le 29 (le soir du lancement, dans la foulée du live de lancement sur la chaîne Youtube de BBE, et tout début mai, pendant le financement qui durera 8 jours !

Julien : D’ailleurs l’aventure sera assez représentative du jeu et de son ambiance, notamment pour les parties avec un niveau de fantastique bas. Elle permettra de voir le genre d’ambiance dans laquelle on peut se permettre de jouer. Si vous êtes curieux, c’est clairement un actual play à voir !

Le Fix : En dehors de Dies Irae, quelle est votre actualité respective ?

Thom’ : S’occuper d’un petit gars de 3 ans, ça compte ? Pas d’actu proche de mon côté, mais du travail de fond sur la suite de Chroniques Oubliées Galactiques et, si le succès est au rendez-vous, de Dies Irae. Et surtout récupérer toutes les nuits de sommeil perdues ces trois dernières années, accessoirement.

Julien : Toujours Rôle’n Play, l’émission… on continue dans une ambiance assez éloignée de ce Dies Irae puisque notre nouvelle campagne (qui entame son second arc narratif) est une sorte de bac à sable urbain dans lequel les personnages sont des justiciers jonglant entre les ennuis qu’ils tentent de régler et leur vie quotidienne. Et sinon je développe tranquillement ma chaine personnelle Twitch, sur laquelle on joue, on parle de JdR, et d’autres choses. C’est déjà pas mal. Quant au reste de mes potentielles actualités, il est bien trop tôt pour en parler. Mais je me suis relancé en écriture sur le jeu de rôle Rôle’n Play. Plus d’infos sur tout ça plus tard !

Laurent : J’ai rendu les textes de Chroniques Oubliées Fantasy 2e édition (à venir cet été), mais on peaufine encore l’organisation des deux ouvrages de règles et des deux tomes de la campagne (Calice, le crépuscule des déesses). Le travail sur la suite a débuté, mais il est trop tôt pour en parler, la priorité c’est de terminer ce qui est commencé !

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