Alors, fumée blanche pour Torg ?

C’est la question qui se pose aujourd’hui : la gamme Torg va-t-elle continuer en VF chez Black Book Editions ?

Pourtant, la gamme a l’air des plus vivaces puisque les ouvrages physiques du précédent foulancement, consacré au cosm Aysle, viennent tout juste d’être livrés et que BBE enchaîne directement, sans aucune attente, avec une nouvelle PP, cette fois-ci, cocorico !, consacrée au cosm de la Cyberpapauté.  Oui, cocorico car, parmi les cosms de l’univers foutraque de Torg , celui de la Cyberpapauté se situe en France où règne désormais le terrible Cyberpape Jean Malraux (tel que) et les sbires de son Inquisition. (…) Tiens, je viens de me rappeler en une phrase pourquoi je ne jouais pas à Torg, moi, pratique.

Bref, tout semble aller bien pour le jeu multiversel puisque le foulancement en question a déjà atteint pratiquement 550 % de son objectif au moment où j’écris ces lignes, le tout avec des paliers assez élevés et une PP très courte qui s’achève d’ailleurs là tout de suite dans quelques heures : soyez vigilants !

Et pourtant. On n’est pas pour autant assurés d’avoir une fumée blanche qui nous dise : OK, on va ensuite traduire les trois cosms qui restent derrière. En effet, BBE, juste après L’Oeil Noir, nous refait le coup du chantage affectif. Il faut donc que les fans de Torg en VF lui déclarent leur amour sous forme d’espèces sonnantes et trébuchantes puisque si le palier des 600 % n’est pas atteint, pouf, cela en sera fini de la gamme Torg chez BBE. Carrément.

Et pour que la gigantesque cagnotte monte suffisamment vite, BBE a pensé à tout : on ne peut prendre que la totale. Pas de formule avec juste le livre principal sur la Cyberpapauté, pas d’accessoires sur lesquels hésiter, non, il faut faire tapis et avancer donc près de 180 euros juste pour ce qui, techniquement, reste un supplément. Wow, ce monde devient fou.

https://www.gameontabletop.com/contenu/partners/steve/Torg%20Cyberpapaut%C3%A9/contrepartie_vendredi.jpg

Ah, il faut dire que ces vagues de supplément sont particulièrement riches, c’est vrai et que, malgré tout, le souscripteur en aura pour son argent : on a donc le sourcebook d’environ 144 pages qui pré »sent le cosm en question, la campagne dédiée nommée Données Saints-Cibles (uh, uh) dans son propre livre de 118 pages, un recueil de scénarios se déroulant dans ce cosm dans la série des Missions de Delphes, les inévitables cartes à jouer utilisées dans les scènes d’action de Torg, un écran du MJ spécifique à ce cosm (comment pourrait-on même envisager de faire sans ?, des plans et aides de jeu tirés à part et bien sûr un étui pour ranger cette tonne de matos.

Cela dit, on le reconnaîtra tous aisément : tout ça multiplié par le nombre de cosms dans l’univers de Torg, cela fait quand même beaucoup. Sans doute trop même, non ? Qui à part (à la rigueur…) le plus grand fan de Torg de l’univers a-t-il besoin de tant de matériel à jouer, même pour son jeu préféré ?

Or, ce qui est cocasse, c’est que BBE justifie cette curieuse course à l’échalote par le fait qu’un grand nombre de livres et d’accessoires liés aux cosms de Torg lui restent ensuite sur les bras, les rôlistes, comme c’est curieux !, se contentant des sourcebooks et des campagnes, n’ayant finalement pas d’appétence particulière pour avoir huit écrans pour le même jeu (soupir). On voit donc toute l’absurdité de la situation : on produit des tonnes de goodies et d’accessoires plus ou moins utiles pour faire monter les scores des foulancements mais, ensuite, cela ne s’écoule pas en dehors du CF alors il faut inciter les souscripteurs à prendre d’autorité tous ces accessoires… qu’on aurait pu tout aussi bien s’abstenir de produire dans une démarche plus sobre, responsable et, disons-le, plus sensée. Le serpent qui se mord la queue, en somme.

Sur ce cas précis, on imagine (espère) que BBE est coincé par le contrat de traduction et ne peut donc pas redéfinir le contenu des foulancements qu’il propose aux rôlistes francophones. Ce qui nous permet de comprendre encore mieux pourquoi l’éditeur lyonnais se dirige de plus en plus vers de la création maison : Chroniques Oubliées dans toutes ses déclinaisons, Terres d’Arran, Dies Irae, etc.

7 pensées sur “Alors, fumée blanche pour Torg ?

  • 15 janvier 2024 à 17:53
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    Salut le Fix !
    Déjà, merci pour ce coup de projo sur le chouette cosm qu’est la Cyberpapauté.
    Le ton est piquant, c’est pour ça qu’on vous aime et c’est de bonne guerre.
    Une précision toutefois : si le côté « des invendus nous restent sur les bras » concernait les goodies, on prendrait volontiers la critique. Mais la réalité est que c’est loin de ne concerner que la boite ou les écrans : c’est aussi vrai des campagnes, des recueils de missions et et des cartes d’action…
    Partant, si nous ne proposions que les livres de lore… quid des fans de la première heure qui nous suivent fidèlement ?
    Pas évident !

  • 16 janvier 2024 à 00:30
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    En vérité sur les goodies (autre que livre du cosm, campagne/scenario), soyez honnêtes: vous vous faites de la marge ou vous perdez de l’argent? Parce que si vous perdez de l’argent, arrêtez et réduisez le coût de la PP de base (et taxez à mort l’option pour les collectionneurs en assurant que le surcoût est couvert). Si vous vous faites de la marge, arrêtez de pleurer qu’il en reste sur les bras. Normalement sur un foulancement vous savez exactement ce qui va être écoulé.

  • 16 janvier 2024 à 01:41
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    J’avais déjà pas spécialement apprécié le chantage fait dans le foulancement des Royaumes ennemis pour l’Oeil Noir mais si cela devient une pratique habituelle de BBE cela risque de se retourner contre eux dans le futur. Si il y a des gammes peu ou pas rentables que BBE les abandonne et laisse la licence à d’autres boites.
    Certes un éditeur doit faire des bénéfices mais il ne faut pas que cela devienne la priorité absolu surtout en passant par les foulancements avec un système de chantage du genre vous casqué ou on abandonne le jeu.

  • 17 janvier 2024 à 00:40
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    Année 2024! L’Actualité jdr prend son envol ou du moins connaît un essor qui semble remonter d’une vague descendante.
    Pas très clair? Alors reprenons depuis le début.
    J’ai douze ans, nous sommes dans les prémices des années 9O.
    Mes parents invitent mon instit à manger. Peu importe le prétexte…il vient avec son fils.
    Pendant que les adultes mangent, boivent et discutent, je me retrouve à quelques mètres de la table des festivités avec un ado de 2 à 3 ans plus âgé que moi.
    Plusieurs choix se présentent :
    – Champs Elysés! : samedi soir, Drucker est à la télé et … franchement c’est l’ennui
    – la console dans la cuisine : oui chez moi la console était branchée sur la télé de la cuisine et le samedi soir c’était interdit
    – du coup … troisième option … proposé par ce jeune homme : une histoire dont je serai le héros!
    « T’as des dés ? » m’a-t-il dit.
    « oui, du monopoly! » lui réponds-y je… et c’était parti!
    Une feuille de perso écrite à la vite, un voyage rapide dans des tunnels bondés de créatures fantastiques…et hop! La mayonnaise avait prise! Me voilà addict, accro et fan d’un mode de jeu totalement inédit.
    A quelques mètres de la table familiale, je venais de découvrir un plaisir inédit et indéfinissable.
    Les jours s’enchainent et je garde ce plaisir ludique pour moi. Un peu d’une manière coupable. Autour de moi personne ne semble avoir vécu cette expérience. Alors je garde tout ça pour moi. Internet n’existe pas encore.
    Je commence par quelques livres de l’Oeil Noir. Mon premier JDR! On n’oublie pas son premier JDR! Mais cela reste très personnel et peu partagé.
    S’en suit une expérience de livres dont vous êtes le héros. Un véritable exutoire. Enfin je vis ma vie de rôliste…enfin de rôliste solo, seul à la maison.
    Puis vient le collège et les premiers émois. Là je trouve quelques joueurs, prêts à découvrir une nouvelle expérience de jeu. Je ne sais pourqouoi, D&D s’impose dans notre relation. Peu importe le système, le plaisir est là.
    Après le collège, vient plusieurs années de disettes. Le jdr est oublié, mis de côté.
    Puis vient la fin des années 90, le but de cette chronique!
    Il se trouve que durant cette période un groupe se forme. Tout d’abord on se frotte à du warhammer, puis vient quelques sessions avec du StarWars D6. Ces années d’expériences nouvelles me permettent également de cotoyer du ShadowRun, du Thoan, du Ars Magica…
    Pendant toute cette période faste et jouissante, il était possible de lire un livre et de partir dans une boutique Descartes (rue des Ecoles, Paris pour ma part) et de découvrir la gamme complète associée. Parfois en anglais, parfois en français mais les rayons de cette boutique fleurissaient de livres d’extensions ou de règles de base.
    Ca c’était la fin des années 90 et début 2000.
    Aujourd’hui, en 2024, ou même quelques années plutôt, une gamme de jdr est conditionnée par un financement participatif.
    Et il paraît que nous sommes revenus à l’âge d’or du jdr!
    Amis éditeurs, cela va vous paraître dé-sué, financièrement pas rentable, mais pensez à ces personnes qui ont connu un émoi dans leur jeunesse avec un système, un univers, des règles de base, etc … Pensez à ces jeunes qui ont voulu approfondir leur univers de prédilection, le développer, à la recherche du prochain supplément, aussi anodin soit-il!
    Je lance un concept totalement pas financièrement rentable mais arrêtons de définir la durée de vie d’une gamme selon les retours d’un financement participatif.
    Monstres : financement participatif, règles de base et univers disponibles ==> pas de suppléments
    Conan : financement participatif, règles de base et univers disponibles ==> pas de suppléments
    Bitume : : financement participatif, règles de base et univers disponibles ==> pas de suppléments
    Mutants & Masterminds : financement participatif, règles de base et univers disponibles ==> pas de suppléments
    TroubleShooters : financement participatif, règles de base et univers disponibles ==> pas de suppléments
    etc (en français…car plus de ventes d’éditions anglaise en boutique)…
    Alors j’attends déjà vos remarques : « oui mais pour X il y a eu un recueil de scénarios ! » … ok mais aujourd’hui on en est où ?
    N’avez-vous pas l’impression que tous les mois, tous les trimestres, sort une nouvelle gamme et une autre gamme meurt ?
    Je ne veux pas cracher dans la soupe, je suis le premier à consommer du jdr depuis le retour des années fastes.
    Peut être qu’une approche plus courageuse et qualitative des éditeurs seraient bénéfiques…je dis ça…je dis rien.
    Je dis ça…je dis rien! Cela résume bien une frustration sur la quantité qui permet aujourd’hui de jouer mais une pauvreté sur la qualité de l’offre.
    Mais tout ça n’est que l’avis d’un rôliste à peine sorti de son coming out!
    Affectueusement et rôlistiquement vôtre
    Vince

  • 17 janvier 2024 à 10:39
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    Je plussoie les propos de Vincent. L’ère du foulancement a permis une renaissance du jeu de rôle en permettant à des créations originales françaises d’exister et à des traductions plus nombreuses.
    Le problème c’est que cela provoque aussi le développement de la collectionnite. Beaucoup d’acheteur achète et au mieux lise mais sans plus vraiment faire jouer. Et je suis un de ceux-là. Et sans parler de l’achat pour revendre plus tard avec bénéfice même si je pense que cela reste très marginal.
    Mais cette collectionnite ne vient-elle pas aussi que les jeux qui sortent sont souvent d’une très grande qualité au niveau de la forme, le fonds c’est une autre histoire, tant au niveau de la présentation matérielle, livre/boite de qualité qu’au niveau des illustrations. A voir aussi les versions de luxe qui pour moi m’interpellent. On en vient à se demander si on nous propose encore un jeu et pas seulement un bel objet ? Quand tu as un joli produit tu n’as pas vraiment envie de l’utiliser régulièrement au risque de l’abîmer mais plutôt de le laisser sous vitrine.
    On joue aussi sur le côté nostalgique avec la résurrection de grands anciens comme Rêve de Dragon qui reste inchangé sur le fonds mais superbe dans sa présentation physique.
    Et c’est aussi grâce pouvoir d’achat plus conséquent des « vieux » rôlistes que nombre de foulancements peuvent bien réussir. Mais est-ce que cela traduit une plus grande vivacité de notre loisir ?
    On en vient donc à une production importante de jeux qui malheureusement reste à l’état du livre de base. On a l’impression que grâce au foulancement chacun se permet de sortir sa création mais sans vraiment prévoir un suivi quand cela serait nécessaire. Et quand il s’agit de traductions souvent récupérées par les boites déjà installées voir crées ad-hoc on en vient à des suivis chaotiques car généralement le jeu de base marche plus ou moins bien mais c’est plus compliqué par la suite et on en vient à soit des abandons de gamme soit à du chantage à la continuation de la gamme. Et parfois à un suivi épisodique juste pour dire. Mais aussi il arrive que la lenteur d’une traduction fais que l’éditeur originel perde la licence comme pour Conan le jdr et donc le traducteur perd son accord de traduction.
    La réussite du foulancement des jeux n’est donc pas le marqueur à vraiment prendre pour voir si l’activité rôlistique est intense.
    Le jeu de rôle devient-il une sorte de produit artistique à admirer ou reste-t-il encore un jeu à pratiquer ?

  • 18 janvier 2024 à 00:38
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    La politique de BBE m’interpelle, quel commerçant peut garder sa clientelle en la frustrant et en la culpabilisant, les financement sont passés de besoin de liquidité pour créer à des précommandes, si le produit n’est pas rentable en 7 jours, on abandonne la gamme. Ne vous est il jamais arrivé d’acheter un jdr bien après sa sortie ? Parce que sa gamme s’étoffe ou que le sujet vous interpelle. Ici, non, c’est 7 jours et après basta, comme des kleenex, sitôt produit, sitôt jeté. Alors on va me dire, les stocks, certes mais comment font les autres ? Il passent par des boutiques, qui ne réassortissent plus certaines gammes. Mais qui en ont peut-être assez aussi de se faire piquer leurs clients par les foulancements qui sont devenus quotidien. Messieurs de BBE, la machine est malade, ça ne sent pas bon, je ne sait pas si tout celà tiendra bien longtemps.

    • 20 janvier 2024 à 17:24
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      Alors dans le cas de TORG selon les chiffres de BBE, y a quasiment aucune vente du jeux hors financement.
      la methode de financement fait chier, mais ça leur permet d’etre sur d’avoir tout le monde

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